Egypte: le pouvoir tente de former un gouvernement de transition

  • Le nouveau Premier ministre égyptien, Hazem Beblawi (g), discute avec le président par intérim, Adly Mansour, le 9 juillet 2013 au Caire
    Le nouveau Premier ministre égyptien, Hazem Beblawi (g), discute avec le président par intérim, Adly Mansour, le 9 juillet 2013 au Caire Présidence égyptienne/AFP Photo - -
  • Des partisans des Frères musulmans manifestent en faveur de Mohamed Morsi, le 10 juillet 2013 au Caire
    Des partisans des Frères musulmans manifestent en faveur de Mohamed Morsi, le 10 juillet 2013 au Caire AFP - Mahmud Hams
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AFP

Le nouveau Premier ministre égyptien, Hazem Beblawi, va s'efforcer jeudi de former un gouvernement de transition, une tâche ardue dans le climat de défiance accrue chez les islamistes par le mandat d'arrêt lancé contre le Guide suprême des Frères musulmans.

La justice égyptienne a ordonné mercredi l'arrestation de Mohamed Badie, le Guide suprême de la confrérie, et d'autres hauts responsables de cette formation, pour incitation à la violence après les heurts qui ont fait 53 morts et 480 blessés lundi devant le siège de la Garde républicaine au Caire.

M. Badie était déjà sous le coup d'un autre mandat d'arrêt. Son arrestation ajoute à la tension prévalant depuis l'éviction il y a une semaine du président islamiste Mohamed Morsi, lequel se trouve "en lieu sûr" selon les autorités.

D'après des sources judiciaires, 200 personnes -parmi les 650 interrogées pour avoir voulu forcer l'entrée du site militaire- ont par ailleurs été inculpées mercredi, notamment pour "meurtre".

La présidence a indiqué mercredi que le Premier ministre Beblawi allait proposer "quelques postes" aux Frères musulmans, mais la confrérie a sèchement rejeté cette tentative de main tendue. "Nous ne pactisons pas avec des putschistes", a dit à l'AFP Tareq al-Morsi.

Dans la rue, les deux camps restaient fortement mobilisés. Mercredi soir, après la rupture du jeûne, au premier jour du ramadan, des milliers de personnes ont rejoint les pro-Morsi qui manifestent depuis 15 jours devant la mosquée Rabaa al-Adawiya du Caire, dans le quartier de Nasr City.

Morsi "en lieu sûr"

Ils ont prié pour les morts de lundi et ont promis de poursuivre le mouvement jusqu'au retour de leur "président", avant de prendre la direction du palais présidentiel Ittihadiya.

"J'ai voté pour lui et je veux savoir où il se trouve", a déclaré à l'AFP Mohammed, 47 ans.

Après plusieurs jours sans la moindre communication sur le sujet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a affirmé à des journalistes que Mohamed Morsi, arrêté dans la foulée de sa destitution, se trouvait "en lieu sûr, pour sa propre sécurité".

"Il est traité dignement" et ne fait "pour l'heure l'objet d'aucune poursuite", a-t-il ajouté.

Une centaine de personnes ont été tuées depuis que l'ex-chef de l’État a été déposé le 3 juillet par l'armée, après des manifestations massives.

Mercredi soir, un nouvel incident est intervenu dans la péninsule du Sinaï (nord-est), où le véhicule d'un haut responsable militaire a été prise pour cible par des hommes armés.

Ce haut gradé est sorti indemne, d'après des sources de sécurité, mais un échange de tirs "avec des éléments terroristes" a suivi, et une fille est décédée, a affirmé un porte-parole de l'armée.

Dans la nuit de mardi à mercredi, c'est une base de la police et deux points de contrôle qui avaient été visés, faisant deux morts.

Sur le terrain politique, le nouveau Premier ministre -dont la nomination mardi soir a été accompagnée de celle du prix Nobel Mohamed ElBaradei à un poste de vice-président- devait poursuivre jeudi ses consultations pour tenter de former dans les meilleurs délais un gouvernement intérimaire de transition.

Dans l'attente d'une élection présidentielle prévue d'ici six mois, M. Beblawi aura la lourde tâche d'oeuvrer à la réconciliation et de redresser une économie au bord de la faillite. Ses efforts seront encadrés par les directives du plan de transition constitutionnel présenté par le président par intérim Adly Mansour.

Ce cadre institutionnel provisoire prévoit, entre autres, l'adoption d'une nouvelle Constitution, la tenue de législatives d'ici début 2014, et la concentration du pouvoir législatif reste entre les mains du président par intérim.

Cependant, tant les islamistes pro-Morsi que les laïcs anti-Morsi ont d'ores et déjà exprimé leur rejet ou leurs réserves à propos de ce plan, notamment en raison du manque de consultation, laissant augurer une difficile mise en oeuvre.

Source : AFP

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