Syrie: Occidentaux et Russes étalent leurs divergences

  • Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem (d) rencontre le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, le 17 septembre 2013 à Damas
    Le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem (d) rencontre le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, le 17 septembre 2013 à Damas AFP - Anwar Amro
  • Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le 17 septembre 2013 à Moscou
    Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le 17 septembre 2013 à Moscou AFP - Alexander Nemenov
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AFP

Moscou et Washington ont affiché leurs divergences mardi à propos du dossier syrien, sur la question de la responsabilité du régime dans l'utilisation d'armes chimiques comme sur l'adoption d'une résolution contraignante pour Damas.

La Russie "nage à contre-courant de l'opinion publique internationale et, de manière plus significative encore, à contre-courant des faits" sur l'attaque du 21 août, a fustigé la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki, faisant écho aux déclarations en ce sens de la diplomatie française.

Trois jours après l'accord américano-russe sur le démantèlement de l'arsenal chimique syrien, les désaccords se cristallisent sur d'éventuelles représailles contre Damas en cas de non-respect du texte. Paris, Washington et Londres poussent à utiliser la menace de la force dans une résolution de l'ONU, la Russie s'y oppose.

Les ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil de sécurité --Etats-Unis, France, Russie, Chine, Royaume-Uni-- tenaient mardi après-midi de nouvelles consultations informelles autour d'un projet français de résolution.

"Les membres du Conseil de sécurité devraient faire preuve d'unité", a affirmé le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a annoncé qu'il rencontrerait la semaine prochaine à New York les chefs de la diplomatie des cinq pays.

Principal soutien du régime syrien, la Russie a indiqué poursuivre ses efforts diplomatiques. Elle a dépêché à Damas un vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, qui a rencontré mardi soir le chef de la diplomatie syrienne, Walid Mouallem.

L'opposition syrienne a donné de la voix en demandant au Conseil de sécurité d'interdire au régime de Damas d'utiliser l'aviation, les missiles, l'artillerie et les armes chimiques dans une résolution sous le "chapitre VII", le chapitre de la charte de l'ONU qui prévoit des sanctions et jusqu'au recours à la force.

La fin des "tueries des Syriens ne peut se faire qu'en stoppant la machine de guerre du régime", a estimé le chef de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Jarba.

Plus tôt dans la journée, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait affirmé devant son homologue russe, Sergueï Lavrov, que le rapport publié la veille par l'ONU ne laissait "aucun doute sur la responsabilité du régime de Damas".

"Nous avons les raisons les plus sérieuses de penser que c'était une provocation", a rétorqué Sergueï Lavrov.

M. Lavrov revient tout juste de Genève où il a scellé samedi avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, un accord sur la destruction à la mi-2014 de l'arsenal chimique syrien.

D'après la partie américaine, ce règlement de Genève contient aussi une référence à une future résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, sous le fameux Chapitre VII. "Nous voulons des mécanismes d’exécution les plus forts possibles" dans cette résolution, a réaffirmé Mme Psaki.

Mais la résolution "forte et contraignante" que Paris souhaite faire adopter d'ici la fin de la semaine au Conseil de sécurité de l'ONU se heurte à la position russe.

"La résolution qui devra approuver la décision de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques ne sera pas sous chapitre 7", a déclaré M. Lavrov.

"Nous l'avons dit clairement à Genève, et il n'y a rien de tel dans le document que nous avons adopté ", a-t-il ajouté. Ce n'est que dans un deuxième temps, si l'une ou l'autre des parties enfreint les engagements pris, que le Conseil de sécurité pourra envisager une action, a-t-il souligné.

Porte ouverte à une "discussion"

M. Fabius a de son côté laissé la porte ouverte à une "discussion" à ce sujet. "Qu'il y ait une résolution au Conseil de sécurité, M. Lavrov n'en disconvient pas. Après, quels sont les termes de cette résolution, il faut en discuter", a-t-il dit.

Présentant lundi le rapport des inspecteurs de l'ONU sur l'attaque à l'arme chimique qui a fait près de 1.500 morts selon Washington le 21 août près de Damas, Ban Ki-moon a décrit un document dont "la lecture donne le frisson", et a qualifié l'attaque de "crime de guerre".

Sans désigner explicitement les autorités syriennes, le texte dresse des "preuves flagrantes et convaincantes" sur le recours au gaz sarin.

D'après ce document, "des armes chimiques ont été utilisées à relativement grande échelle" au cours du conflit syrien "contre des civils, y compris des enfants".

Paris a par ailleurs annoncé une réunion internationale fin septembre à New York avec l'opposition syrienne, qui refuse l'initiative russo-américaine qui a écarté la menace de frappes.

Rien n'assure que Moscou prendra part à ce nouveau rendez-vous des "Amis de la Syrie", 11 pays soutenant l'opposition dans une guerre qui a fait 110.000 morts en deux ans et demi.

Entre-temps, la situation en Syrie ne cesse d'empirer, selon l'ONU.

Ainsi, près de sept millions de personnes touchées par le conflit en Syrie "ont besoin d'une aide humanitaire d'urgence", a affirmé mardi Valerie Amos, coordinatrice des opérations humanitaires de l'ONU, lors d'une conférence à Koweït, soulignant qu'il était nécessaire de rassembler 4,4 milliards de dollars à cet effet cette année.

Source : AFP

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