Aveyron : les transporteurs veulent une autre écotaxe

  • Le principe de l'écotaxe est bon, selon les transporteurs.
    Le principe de l'écotaxe est bon, selon les transporteurs. José A. Torres
Publié le , mis à jour
Pascal Laversenne

Satisfaits de l’annonce du report de l’écotaxe, les transporteurs du département attendent toutefois une nouvelle mouture revue et corrigée.

Parce qu’ils l’ont demandé depuis le début de l’année, les transporteurs sont satisfaits de l’annonce du report de l’écotaxe. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, ils ne sont pas opposés au principe d’une taxe kilométrique. La mesure, décidée lors du Grenelle 1 en 2008, avait d’ailleurs reçu un écho favorable dans la profession.

«C’était une manière de faire payer tout le monde, y compris les étrangers, puisque nous étions les seuls jusqu’alors, via la taxe à l’essieu, à participer au financement des infrastructures», explique ainsi Frédéric Domenge, secrétaire général de la Fédération des transporteurs aveyronnais. Le principe de l’utilisateur- payeur, sauf que l’arrivée de l’écotaxe n’a pas, comme ils le souhaitaient, supprimé pour autant cette taxe à l’essieu. Pour l’Aveyronnais, la mesure permettait de gommer une partie des distorsions de concurrence, «même s’il en restait d’autres, notamment sur le plan social».

Frais de gestion

Mais l’autre raison de l’opposition des transporteurs à l’écotaxe telle qu’elle devait être appliquée au 1er janvier repose sur des raisons techniques, et notamment sur le choix de l’opérateur Ecomouv (où l’on retrouve Thalès, la SNCF, SFR et un concessionnaire d’autoroute italien). «Lorsque vous utilisez un GPS en voiture, de 10 à 15 satellites sont en action. Or pour le système de l’écotaxe, seuls quatre étaient activés», explique le représentant des transporteurs.

D’où une imprécision supposée, susceptible d’intégrer, à tort, un véhicule dans une zone payante, sachant que les portiques ne sont que des organes de contrôles, «les gendarmes de l’écotaxe». Les transporteurs attendent ainsi que le gouvernement dénonce le marché passé avec Ecomouv et réunissent tous les acteurs autour d’une table. «Il faut savoir que le gouvernement a fixé à 1,2Md d’euros la recette de l’écotaxe, mais 25% soit 300 M tomberaient dans les caisses du prestataire en frais de gestion. C’est scandaleux!»

Spécificité aveyronnaise

Frédéric Domenge sourit quand il entend parler du lobbying des routiers. Qui voient d’un bon œil le principe de développer le transport fluvial quand c’est possible, ou le ferré, dès lors que les investissements nécessaires y seront réalisés, ce qui est loin d’être le cas, selon lui. «Nous sommes des prestataires de services, nous devons rallier un point A à un point B, et le mode de transport nous importe peu», explique-t-il.

À condition bien sûr que ce soit bien le chargeur qui règle l’addition. «Car nous, ce n’est plus possible. Dans notre profession, le transporteur polonais, ce n’est pas un mythe...» Toutefois, Frédéric Domenge reconnaît que l’Aveyron, une fois de plus, n’est pas logé à la même enseigne. Les modes de transport sur lesquel devait à l’origine se reporter l’écotaxe n’y sont pas adaptés. Le fluvial est impossible, le fer ne peut être qu’un pis-aller.

«Comme la Bretagne qui bénéficie d’une remise de 50%, Midi-Pyrénées bénéficie d’un rabais de 30% du fait de l’enclavement. Peut-être faut-il imaginer une remise de 50% dans la mesure où ici, les chargeurs n’ont pas d’autres alternatives que le camion.»

C’est en tout cas l’idée que défendront les transporteurs locaux. Dans la mesure où on leur prête une oreille...

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