Thaïlande: affrontements à Bangkok, la Première ministre refuse de démissionner

  • Infographie localisant les manifestations anti-gouvernementales à Bangkok
    Infographie localisant les manifestations anti-gouvernementales à Bangkok AFP
  • La Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra lors d'une conférence de presse, le 28 novembre 2013 à Bangkok
    La Première ministre thaïlandaise Yingluck Shinawatra lors d'une conférence de presse, le 28 novembre 2013 à Bangkok Gouvernement thaïlandais/AFP/Archives
  • Manifestation devant le siège du gouvernement, le 2 décembre 2013 à Bangkok, en Thaïlande
    Manifestation devant le siège du gouvernement, le 2 décembre 2013 à Bangkok, en Thaïlande AFP - Pornchai Kittiwongsakul
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AFP

Des milliers de manifestants affrontent lundi les forces de l'ordre protégeant le siège du gouvernement à Bangkok, où la tension est montée d'un cran, la Première ministre excluant de démissionner dans l'immédiat et de céder ainsi à l'ultimatum donné à son gouvernement.

"Je suis prête à tout faire pour que le peuple soit heureux. Mais en tant que Première ministre, ce que je fais doit être en adéquation avec la Constitution", a déclaré Yingluck Shinawatra, rejetant l'idée d'un "conseil du peuple" non issu d'élections réclamé par l'opposition.

Parlant depuis un endroit non spécifié, le siège du gouvernement étant entouré de blocs de béton et de barbelés, elle n'a certes pas annoncé sa démission lundi. Mais elle a laissé la porte ouverte à une éventuelle dissolution du Parlement voire à son départ ultérieur.

"Je ne m'accroche pas à ma position, une démission ou une dissolution du Parlement peuvent être envisagées si cela pouvait calmer les manifestants et restaurer le calme", a-t-elle dit, appelant pour la énième fois l'opposition à négocier.

De nouvelles échauffourées ont eu lieu lundi, avec jets de projectiles sur la police, qui a répliqué avec des canons à eau et un usage intensif de gaz lacrymogènes, ont rapporté des journalistes de l'AFP. Les alentours du quartier général de la police métropolitaine étaient également lundi le théâtre d'affrontements.

La police a confirmé l'usage de tirs de balles en caoutchouc également. Plusieurs personnes ont été blessées par les balles en caoutchouc et les gaz lacrymogènes.

"Descente vers le chaos", a titré en une le journal conservateur The Nation et le Bangkok Post a souligné "l'ultimatum de deux jours" lancé dimanche soir par l'opposition.

Lundi, plusieurs universités et écoles de Bangkok sont restées fermées, pour des raisons de sécurité, dont le Lycée français international de Bangkok, après les violences du week-end, qui ont fait plusieurs morts.

Au coeur de la colère des manifestants, alliance de bourgeois conservateurs proches du Parti démocrate et de groupuscules ultra-royalistes: une haine profonde du frère de la Première ministre Yingluck Shinawatra, le milliardaire Thaksin Shinawatra.

Les manifestants accusent l'ex-Premier ministre Thaksin, renversé par un coup d'État en 2006, d'être toujours celui qui décide en coulisses de la politique du gouvernement.

Jusqu'ici, la Première ministre a fait le pari de l'essoufflement du mouvement, laissant les manifestants occuper des bâtiments officiels sans intervention des forces de l'ordre.

Le pari semblait lundi en partie gagné avec, selon la police, 70.000 manifestants dimanche, bien en deçà des quelque 180.000 du dimanche précédent.

Mais avec une frange de manifestants de plus en plus agressive et des meneurs qui refusent toute discussion, le gouvernement va peut-être devoir changer de tactique.

Anniversaire du roi jeudi

D'autant que le temps presse, outre l'ultimatum de l'opposition: jeudi sera célébré le 86e anniversaire du roi Bhumibol, personnalité révérée en Thaïlande. Aucun trouble à l'ordre public n'est envisageable en principe ce jour-là.

La "disparition" de la Première ministre, qui n'était pas apparue à la télévision depuis samedi, avait nourri les spéculations, notamment sur les réseaux sociaux.

La grande incertitude reste la réaction de l'armée, institution très importante en Thaïlande, qui a assuré jusqu'ici qu'elle ne prendrait pas partie. Une crise prolongée pourrait changer la donne, dans un pays qui a connu 18 coups d'État ou tentatives de coups depuis l'établissement de la monarchie constitutionnelle en 1932.

"Les forces armées resteront neutres. Je sais qu'elles veulent voir le pays en paix", s'est néanmoins dite certaine la Première ministre lundi.

Les "chemises rouges" pro-pouvoir ont jusqu'ici refusé l'affrontement, dispersant dimanche leurs dizaines de milliers de partisans réunis dans un stade de Bangkok en une démonstration de force.

Au printemps 2010, environ 100.000 "rouges" avaient occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la chute du gouvernement, avant un assaut de l'armée. La crise, qui avait fait environ 90 morts et 1.900 blessés, avait mis en lumière les divisions de la société entre masses défavorisées du Nord et du Nord-Est, fidèles à Thaksin, et les élites de la capitale qui les voient comme une menace pour la monarchie.

Le mouvement a été provoqué par un projet loi d'amnistie taillé sur mesure selon l'opposition pour le retour de Thaksin, en exil pour échapper à une condamnation pour malversations financières.

Source : AFP

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