Ukraine: mobilisation des pro-européens après l'agression d'une journaliste

  • Une femme brandit des photos de la journaliste d'opposition agressée Tetiana Tchornovol, lors d'une manifestation contre le pouvoir, le 26 décembre 2013 à Kiev
    Une femme brandit des photos de la journaliste d'opposition agressée Tetiana Tchornovol, lors d'une manifestation contre le pouvoir, le 26 décembre 2013 à Kiev AFP/Archives - Sergei Supinsky
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AFP

Quelque 50.000 opposants pro-européens ont manifesté dimanche à Kiev et plusieurs milliers se sont rendus vers la résidence de campagne du président ukrainien pour dénoncer l'agression d'une journaliste connue pour ses enquêtes sur la corruption de Viktor Ianoukovitch.

Des milliers de personnes, à vélo, à bord de voitures et de mini-bus ornés de drapeaux ukrainiens et de l'Union européenne, se sont dirigées vers la résidence de campagne très protégée du président, à une quinzaine de kilomètres de Kiev, qui a fait l'objet de plusieurs articles de Tetiana Tchornovol sauvagement battue mercredi, a constaté un journaliste de l'AFP.

symbole de la corruption

Cette résidence est devenue symbole de la corruption du régime suite à de multiples enquêtes concernant sa "privatisation illégale" publiées ces dernières années dans la presse.

Les manifestants portaient un cercueil et scandaient "Kiev lève-toi", "Ianoukovitch, cours!" ou encore "A bas la bande" au pouvoir.

Des centaines de véhicules ont formé un énorme bouchon à deux kilomètres de la résidence. Les manifestants ont quitté les voitures et ont commencé à marcher à pied vers la résidence à pied.

Dans le centre de Kiev, sur Maïdan, place de l'Indépendance devenue haut lieu de la contestation, entre 50.000 et 60.000 personnes se sont réunies pour un sixième grand rassemblement dimanche depuis la volte-face fin novembre du pouvoir sur l'intégration européenne, selon un autre journaliste de l'AFP.

La mobilisation était plus importante qu'il y a une semaine, mais bien moins qu'au plus fort de la contestation, où les manifestations avaient rassemblé plusieurs centaines de milliers d'opposants dans le centre de Kiev.

le pouvoir a franchi les limites

L'agression de Tetiana Tchornovol, 34 ans et mère de deux enfants a donné un nouveau souffle au mouvement qui réclame le départ du président.

Le jeune femme, qui est également en première ligne de la contestation pro-européenne, a été battue par des inconnus qui avaient forcé sa voiture à s'arrêter la nuit dans la banlieue de Kiev. Elle a le visage défiguré, le nez cassé et souffre d'une commotion cérébrale.

Les ambassadeurs des Etats-Unis, de France, d'Allemagne, de Finlande, de Belgique et du Canada ont rendu visite à la journaliste samedi à l'hôpital.

"Tetiana est très courageuse et ce qui lui est arrivé est terrible. Le pouvoir a franchi les limites", s'est insurgée l'institutrice Irina Vassylega, présente dimanche sur Maïdan.

"Elle enquêtait sur les propriétés de hauts fonctionnaires et cela les a mis en colère", a déclaré Igor Omeltchouk, un programmeur.

Les leaders de l'opposition ont dénoncé devant la foule l'"Etat policier" mis en place par le président Viktor Ianoukovitch.

"Je ne veux pas de retour au stalinisme, à l'Empire soviétique, pas de ces bandits au pouvoir qui ont fait serment de fidélité à Moscou", a lancé Oleg Tiagnibok, l'un de leaders de l'opposition.

Il faisait référence à l'aide économique de la Russie qui avait accordé à l'Ukraine un crédit de 15 milliards de dollars et un rabais d'un tiers sur le prix du gaz lors d'une visite du président Ianoukovitch à Moscou le 17 décembre.

Ce plan de sauvetage russe pour l'Ukraine, au bord de la faillite, a été dénoncé par l'opposition qui a accusé le gouvernement d'avoir mis l'Ukraine "en gage".

L'Ukraine est le théâtre depuis le 21 novembre de manifestations pro-européennes après le refus des autorités de signer un accord d'association avec l'UE en préparation depuis trois ans.

Bien que le mouvement soit en perte de vitesse, les chefs de l'opposition ont appelé dimanche les manifestants à rester sur Maïdan qu'ils occupent depuis plus d'un mois et où ils ont hérissé des barricades.

"Nous n'avons pas le droit de quitter Maïdan", a lancé Arseni Iatseniouk, allié de l'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko.

Il a promis aux manifestants de "lancer la chasse aux fonctionnaires ukrainiens corrompus" pour "restituer au budget ukrainien l'argent qu'ils avaient volé".

"Nous allons gagner", a déclaré le célèbre boxeur et leader de l'opposition Vitali Klitschko.

"Le nouveau pouvoir signera l'accord d'association avec l'UE et fera de l'Ukraine un Etat européen," a souligné M. Klitschko, candidat déclaré à la prochaine présidentielle prévue en 2015.

Source : AFP

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