Danse classique : le fabuleux destin de Souren Nazarian

  • Rien ne préparait Souren Nazarian à faire de la danse classique.
    Rien ne préparait Souren Nazarian à faire de la danse classique. Salima Ouirni
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Salima Ouirni

Portrait. Souren Nazarian a commencé la danse classique à l’âge de 16 ans. Un an plus tard, lui qui n’a jamais fait de la danse auparavant fait partie des jeunes espoirs nationaux dans le domaine de la danse... classique.

"Fendu ! Rond de jambe, le buste tendu et on tient la pose!", lance Carole Massoutie en tentant de ne pas couvrir les notes de piano. C’est jour d’entraînement pour ses élèves, à la Maison de la danse, avenue Durand-de-Gros à Rodez. Parmi les ballerines en tutus et chignons laqués, on remarque rapidement Souren Nazarian, en combinaison bleue et noire. C’est le seul garçon du cours. De la grâce, de la sueur et des pointes répétées à l’envi.

Espoir national

Âgé de 17 ans, Souren Nazarian ne fait de la danse classique (et en réalité de la danse tout court) que depuis un peu plus d’un an. Il vient pourtant de décrocher trois prix qui en font un espoir au niveau national dans ce domaine. En effet, le lycéen scolarisé à François-d’Estaing a été consacré par une première place sur le podium au niveau régional. Dans la foulée, il décroche une médaille d’or et le coup de cœur du jury. Comment ce jeune homme en est-il arrivé à ce niveau et en si peu de temps (et d’entraînement) ?

Conte de fée

L’histoire de Souren Nazarian est un véritable conte de fée des temps modernes, à l’image de celle racontée dans le film Billy Elliot (de Stephen Baldry avec Jamies Bell). Arrivé à l’âge de 8 ans de son Arménie natale, Souren Nazarian ne parlait pas un mot de français. L’Éducation nationale lui permet cependant d’intégrer le CE1. Aujourd’hui, le jeune homme s’exprime dans un français impeccable, presque châtié. "L’année dernière, j’étais au lycée professionnel. C’était vraiment très dur parce que ce que je faisais ne m’intéressait pas. Et moi, quand ça ne m’intéresse pas, je ne peux pas travailler", explique le jeune homme. "En fait, comme tous mes copains, j’ai fait du foot. Quand je voyais certaines filles au lycée faire vite vite leur chignon avant d’aller en cours de danse et quand elles me racontaient le nombre d’heures qu’elles passaient à s’entraîner, je leur disais qu’elles étaient malades de faire des trucs pareils !"

20 heures par semaine

Souren Nazarian était loin de s’imaginer qu’il allait un jour s’entraîner encore plus que ses camarades. "Je m’entraîne plus de 20 heures par semaine. Quand j’arrive chez moi, parfois je n’ai même plus la force de manger. Je fais mes devoirs et il m’arrive souvent de m’endormir sur mon bureau."  Mais Souren Nazarian n’a pas le choix. C’est le contrat passé avec ses parents. Pas de danse sans une bonne scolarité. Mais avant d’arriver là, tout cela n’allait pas de soi. "Un jour, au lieu de monter dans le bus pour rentrer chez moi, à Onet, j’ai voulu y aller à pied. Je m’arrête alors devant l’école de danse de Carole Massoutie car j’entends des notes de piano filtrer à travers les baies vitrées. Je pousse la porte, et je m’assois un long moment."

"Mon père l’a très mal pris" 

Sort ensuite Carole Massoutie qui lui demande ce qu’il fait là. Après un échange surréaliste, elle veut bien donner une chance à celui qui ne sait pas faire le grand écart, ne connaît aucun pas de danse, mais qui a une envie folle de danser. "Elle m’a dit ce n’est pas grave de n’avoir jamais fait de danse à ton âge, mais qu’il faudrait beaucoup travailler. Pendant une semaine, je suis revenu aux cours en cachette de mes parents. Mais un jour, j’ai dû le dire à ma mère. J’ai réalisé qu’elle ne savait pas ce que c’était la danse classique!" 

C’est un peu comme de la danse russe

Le fils explique longuement, tout en tentant de faire croire à l’aspect viril de cette pratique. Mais rien n’y fait. Le père de Souren Nazarian ne veut pas entendre parler de "cette danse pour les filles". "À nouveau, je lui ai expliqué que je faisais de la danse contemporaine, c’est un peu comme de la danse russe. J’avoue que j’ai triché. Un autre jour, à un repas de famille, je me suis dit, “allez, il faut le dire”. Quand je me suis lancé, tout le monde s’est mis à rire. J’étais triste à en crever !", se souvient-il. "Mes parents, mes amis, mes camarades...tout le monde se moquaient de moi, tout le monde me décourageait. Seule Carole m’a soutenu". L’épreuve a fait grandir le jeune homme.

Le regard des autres ?

Aujourd’hui Souren Nazarian s’en fiche éperdument. Lors de son gala de fin d’année, Souren a vu ses parents verser quelques larmes."Et là, je me suis dit, ils sont quand même fiers de moi, maintenant, je le sais". Se sentant encouragé, le futur danseur professionnel a invité ses parents à une master classe, avec Kader Belarbi à la Baleine (Onet). Un moment magique dont le jeune homme et ses parents se souviendront longtemps.

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