Deuxième tour des municipales: le spectre d'une sévère défaite du PS

  • Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 27 mars 2014 à Paris
    Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le 27 mars 2014 à Paris AFP - Patrick Kovarik
  • La présidente du FN, Marine Le Pen, le 25 mars 2014 à Nanterre La présidente du FN, Marine Le Pen, le 25 mars 2014 à Nanterre
    La présidente du FN, Marine Le Pen, le 25 mars 2014 à Nanterre AFP - Pierre Andrieu
  • Le président de l'UMP Jean-François Copé, le 23 mars 2014 au siège de son parti à Paris
    Le président de l'UMP Jean-François Copé, le 23 mars 2014 au siège de son parti à Paris AFP - Miguel Medina
Publié le
AFP

Après un mauvais premier tour des élections municipales, le Parti socialiste au pouvoir aborde le second, dimanche, sous la menace d'une sévère défaite qui profiterait d'abord à l'UMP et l'UDI, le FN pouvant gagner quelques villes, comme Béziers et Fréjus.

Avant même que les urnes aient à nouveau parlé dimanche, la contre-performance de la gauche, et surtout des socialistes, qui ne s'y attendaient pas, alimente les spéculations sur un changement de Premier ministre, moins de deux ans après l'entrée de Jean-Marc Ayrault à Matignon.

D'ores et déjà, le président François Hollande est pressé de s'exprimer. "Il y aura des conséquences qui seront tirées dès après le deuxième tour", a assuré jeudi le numéro deux du gouvernement, Laurent Fabius.

La droite (UMP, UDI et divers droite) part nettement favorite dimanche. Toutes les élections municipales de la Ve République ont vu le second tour confirmer le premier. "En général, il y a un effet amplificateur au 2e tour", rappelle Emmanuel Rivière (TNS Sofres). "On est plutôt parti pour une grosse défaite" de la gauche, affirme Brice Teinturier (Ipsos), qui permettrait selon lui à la droite d'effacer au minimum toutes ses pertes nettes de 2008 (90 villes) dans les communes d'au moins 10.000 habitants.

Avec 31.500 demandeurs d'emploi sans activité de plus, les mauvais chiffres du chômage en février ne vont pas faciliter un sursaut de la gauche. "Cela rappelle l'absence de résultats du gouvernement sur le front économique et social", souligne Yves-Marie Cann, de CSA. S'y ajoute la censure partielle par le Conseil constitutionnel, jeudi, de la "loi Florange", une promesse de campagne de François Hollande

Au vu de ce "énième coup de semonce" du chiffre du chômage, il faut "amplifier la sanction" dimanche, a affirmé le patron de l'UMP Jean-François Copé, qui est allé jusqu'à déclarer que "seule l'UMP peut sauver la France".

Autre élément qui pourrait aggraver la sanction, "une certaine fébrilité au sein de l'équipe gouvernementale" selon M. Rivière, autour de l'idée qu'a laissé se répandre l'exécutif "d'un cadeau fiscal" pour les ménages, "suggéré mais non concrétisé".

Selon lui, le gouvernement "n'a donné aucun signe de nature à atténuer la sanction". "Je ne crois pas à un ressaisissement" des électeurs de gauche, abonde un député PS francilien.

Au soir du 23 mars, Jean-Marc Ayrault a reconnu que "certains électeurs ont exprimé par leur abstention ou leur vote leurs inquiétudes, voire leurs doutes". Plus catégorique, Laurent Fabius a parlé d'un "avertissement très clair" qui, a-t-il dit, "a été entendu". M. Ayrault a appelé au "rassemblement le plus large" et à la mobilisation" des électeurs de gauche, notamment des abstentionnistes.

- Bastions en voie d'être perdus -

Les électeurs de droite ont été 10% de plus que ceux de gauche (75% contre 65%) à se déplacer dimanche, selon un sondage de l'institut Ipsos. Résultat: la droite a drainé 46,44% des voix au 1er tour, la gauche 38,2% (et le FN 4,7%), un écart de six points qui la met en mesure de rafler des villes par dizaines dimanche prochain aux dépens de la gauche.

Si les écologistes d'EELV (sortis en tête à Grenoble) et, à un degré moindre, le PCF, ont tiré leur épingle du jeu, les candidats PS ont enregistré des reculs considérables au 1er tour (11 points à Lille et Rennes), perdant Niort, socialiste depuis des décennies.

Alors qu'elle ambitionnait encore avant le premier tour de gagner une dizaine de villes -à commencer par Marseille, où elle accuse un handicap qui paraît insurmontable-, la gauche en est aujourd'hui réduite à sauver les meubles.

La priorité pour elle consiste à garder de grandes villes comme Strasbourg et Toulouse, où les candidats PS et UMP sont donnés au coude-à-coude par des sondages. Dans les grandes villes, le PS est particulièrement menacé à Caen et peut aussi perdre Reims, Saint-Etienne, Metz. Parmi la longue liste des villes moyennes où le PS est en ballottage très défavorable figurent Angoulême, Belfort, Chambéry, Périgueux, Roanne...

Si Paris devrait rester à gauche avec Anne Hidalgo, le PS, qui s'est cassé les dents au premier tour sur des villes communistes comme Saint-Denis, peut voir lui échapper Argenteuil (plus de 100.000 habitants), Aulnay-sous-bois, Colombes, entre autres.

Deux éléments pourraient permettre au PS de limiter la casse, selon les politologues interrogés par l'AFP. D'abord, les nombreuses triangulaires (plus de 200) auxquelles participera le FN et qui devraient "geler" un stock important de voix auquel aurait pu prétendre la droite. C'est le cas par exemple à Tourcoing ou Laval.

"Là où c'est tangent, il peut y avoir une remobilisation des électeurs de gauche", estime Yves-Marie Cann. "Il est possible que, localement, certains électeurs viennent au secours de leur maire, dont ils découvrent qu'il est bien plus en difficulté que prévu", complète Emmanuel Rivière.

Quant au Front national, présent dans 328 seconds tours selon sa présidente Marine Le Pen, il est bien placé pour gagner Béziers (Hérault, 71.000 habitants), où Robert Ménard a frôlé les 45%, et Fréjus (Var, 52.000 habitants). La conquête d'Avignon, l'un des symboles d'une culture française ouverte sur le monde, où son candidat est arrivé légèrement en tête du premier tour, aurait un retentissement considérable. De toute façon, "le Front national a déjà gagné, parce qu'il a fait l'événement" aux municipales, estime Emmanuel Rivière.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?