Ukraine: fin de la campagne présidentielle marquée par des violences

  • Le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko lors d'un meeting le mai 2014 à Lviv
    Le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko lors d'un meeting le mai 2014 à Lviv Service de press de Porochenko/AFP - Mykola Lazarenko
  • Vladimir Poutine le 23 mai 2014 à Saint-Petersbourg
    Vladimir Poutine le 23 mai 2014 à Saint-Petersbourg Pool/AFP - Olga Maltseva
  • Un véhicule détruit lors de violences survenues le 23 mai 2014 à Karlivka
    Un véhicule détruit lors de violences survenues le 23 mai 2014 à Karlivka AFP - Dimitar Dilkoff
  • Des hommes armés pro-russes gardent une barricade en face de position tenue par des soldats ukrainiens le 23 mai 2014 à Slaviansk
    Des hommes armés pro-russes gardent une barricade en face de position tenue par des soldats ukrainiens le 23 mai 2014 à Slaviansk AFP - Viktor Drachev
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AFP

La campagne électorale en Ukraine, marquée par de nombreuses violences, s'est achevée vendredi à minuit en vue de la présidentielle de dimanche, cruciale pour l'avenir d'un pays menacé de partition.

Le président russe Vladimir Poutine a annoncé vendredi qu'il respecterait le "choix du peuple ukrainien" et travaillerait avec le chef de l'Etat élu, un geste d'apaisement avant le scrutin salué par Kiev, mais rejeté par les séparatistes prorusses.

Sur le "front de l'est", les combats se sont poursuivis. Vendredi matin, sept combattants, a priori quatre insurgés prorusses, et trois volontaires d'un des "bataillons" d'appui à l'armée ukrainienne, ont péri dans des affrontements près du village de Karlivka, sur la route permettant l'accès au nord-ouest de Donetsk, selon des journalistes de l'AFP sur place.

Jeudi, l'armée ukrainienne avait essuyé ses plus lourdes pertes depuis le début le 13 avril de l'opération militaire destinée à reprendre le contrôle des régions de Donetsk et de Lougansk avec la mort de 18 soldats.

La ville de Slaviansk, bastion des insurgés armés prorusses, a également connu des combats vendredi à l'approche de la présidentielle, dont l'objectif est de mettre fin à six mois d'une crise politique qui a plongé ce pays au bord de la guerre civile et de la partition et a déclenché la pire crise diplomatique entre Russes et Occidentaux depuis la fin de la Guerre froide.

A Saint-Pétersbourg, le maître du Kremlin a soigneusement choisi ses mots pour signifier qu'il respecterait le "choix" dans les urnes du peuple ukrainien, sans pour autant dire qu'il reconnaîtrait le président ou que celui-ci serait légitime.

"En principe, en vertu de la Constitution, il ne peut y avoir d'élection car le président (Viktor) Ianoukovitch (...) est le président en exercice", a déclaré M. Poutine. Mais "nous voulons nous aussi qu'en fin de compte le calme revienne (en Ukraine), nous allons respecter le choix du peuple ukrainien", a-t-il ajouté, assurant que Moscou "travaillerait avec les nouvelles autorités".

Il a une fois de plus dénoncé un "coup d'Etat", soutenu par "nos amis américains", évoquant ainsi le mouvement de contestation de Maïdan qui a conduit fin février à la fuite de Viktor Ianoukovitch en Russie.

"Au final, c'est le chaos et une véritable guerre civile", a-t-il déploré, faisant allusion aux combats entre soldats ukrainiens et séparatistes. Ces affrontements ont fait plus de 150 morts - soldats, séparatistes, civils - selon un comptage a minima de l'AFP à partir de données de l'ONU, des responsables officiels ukrainiens et de constatations de journalistes de l'AFP.

Tout en "saluant" les déclarations de Poutine, le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Dechtchitsa a dit "espérer qu'elles seront suivies d'actes concrets".

Le chef d'état-major de l'armée russe, le général Valeri Guerassimov, a assuré que les troupes russes déployées près de la frontière de l'Ukraine retourneraient dans leurs casernes au cours des vingt prochains jours, conformément à l'ordre donné par Vladimir Poutine.

- Le favori du scrutin -

Le favori du scrutin, le milliardaire pro-occidental Petro Porochenko qui a assuré le service minimum tout au long de la campagne, a annulé son dernier meeting dans la capitale "en raison de la tragédie", la mort de 18 soldats jeudi.

Ses principaux rivaux, l'égérie de la révolution pro-occidentale en 2004 Ioulia Timochenko et le prorusse Serguiï Tiguipko, ont participé aux débats télévisés, la première prônant un référendum sur une adhésion à l'Otan pour faire face à la "guerre non déclarée" russe et le deuxième une normalisation des relations économiques avec la Russie.

Dans une courte allocution télévisée, le président par intérim, Olexandre Tourtchinov, a appelé "chacun" des Ukrainiens à se rendre aux urnes pour donner "un pouvoir légitime" à leur pays.

D'après un dernier sondage, Petro Porochenko conforte son avance avec plus de 44% des intentions de vote, devançant l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko (8%). Le milliardaire qui promet de gérer l'Ukraine comme il gère sa très prospère entreprise de chocolats Roshen, n'est pas assuré d'être élu au premier tour et devra peut-être patienter jusqu'à un hypothétique second tour le 15 juin.

- Des "problèmes" pour organiser le scrutin -

Pour la présidentielle, au cours de laquelle 36 millions d'électeurs sont appelés à voter, Kiev a déployé 55.000 policiers et 20.000 volontaires. Les séparatistes ont promis pour leur part d'empêcher le déroulement du scrutin dans l'Est, où près de deux millions d'électeurs pourraient éprouver des difficultés à voter.

Selon les derniers données de la Commission électorale, plus de la moitié (20 sur 34) des commissions électorales des régions de Donetsk et de Lougansk ne peuvent pas fonctionner.

La chancelière allemande Angela Merkel, qui considère le scrutin comme une étape majeure pour stabiliser l'Ukraine, a demandé à Vladimir Poutine de reconnaître l'évaluation de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) et de son millier d'observateurs internationaux sur l'élection.

Source : AFP

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