Les intermittents reconduisent la grève et ciblent Avignon

  • Des policiers face aux intermittents du spectacle, le 20 juin 2014 à Lille
    Des policiers face aux intermittents du spectacle, le 20 juin 2014 à Lille AFP/Archives - Philippe Huguen
  • Policiers et manifestants lors d'une action de protestation en faveur des intermittents du spectacle, le 20 juin à Lille
    Policiers et manifestants lors d'une action de protestation en faveur des intermittents du spectacle, le 20 juin à Lille AFP - Philippe Huguen
  • Un artiste maquillé participe à une manifestation en faveur des intermittents du spectacle, le 20 juin 2014, à Marseille
    Un artiste maquillé participe à une manifestation en faveur des intermittents du spectacle, le 20 juin 2014, à Marseille AFP - Boris Horvat
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AFP

Rejetant le "geste d'apaisement" de Manuel Valls envers les intermittents, la CGT-Spectacle a appelé vendredi à une "grève massive" pour l'ouverture du festival d'Avignon et reconduit son préavis pour l'ensemble de juillet, le mois des festivals.

"Si le gouvernement ne nous entend pas pour sortir un plan d’apaisement équilibré et durable qui prenne en compte nos propositions, l’été ne se passera pas normalement!", a averti le syndicat dans un communiqué.

L'actuel préavis de grève, qui court jusqu'au 30 juin et a déjà occasionné de nombreuses perturbations dans les festivals, est "reconduit à partir du 1er juillet pour tout le mois".

La CGT-Spectacle appelle en outre à "une journée de grève massive dans tous les secteurs du spectacle, du cinéma et de l'audiovisuel, le 4 juillet, jour de l'ouverture du festival d'Avignon".

La ministre de la Culture Aurélie Filippetti, interrogée vendredi soir sur la menace pesant sur les festivals, a jugé qu'il "fallait laisser le temps à chacun de ceux (...) qui sont inquiets d'examiner en détail les mesures".

"Il n'est pas question d'annuler le festival, ce serait une erreur stratégique", a réagi Paul Rondin, l'adjoint d'Olivier Py à la tête du festival. Après un débrayage dans l'après-midi, quelque 150 intermittents ont organisé un rassemblement silencieux devant la mairie d'Avignon.

Le personnel d'Aix-en-Provence, premier festival d'opéra de France qui avait dû être annulé lors du précédent conflit des intermittents en 2003, "n'a pas souhaité s'exprimer" après une assemblée générale.

Il y a dix jours, il menaçait de recourir à la grève dès l'ouverture du festival le 2 juillet, si le gouvernement agréait la nouvelle convention d'assurance-chômage.

A Montpellier, la productrice Daniela Lumbroso a négocié avec les intermittents pour garantir la bonne tenue de l'émission programmée en direct samedi sur France 2 pour la Fête de la Musique, qui pourrait elle aussi subir les contrecoups du conflit.

Vendredi soir, le "Bal moderne" qui attendait près de 2.000 personnes au Centre national de la danse à Pantin a été annulé, son personnel s'étant mis en grève.

D'autres actions sont annoncées pour dimanche à l'occasion de l'ouverture du festival Montpellier Danse.

A Clisson (Loire-Atlantique), le HellFest, troisième festival de musiques actuelles en terme de fréquentation, s'est ouvert sans encombre.

L'annulation des festivals aurait des conséquences économiques catastrophiques pour leurs organisateurs et pour les collectivités locales, qui bénéficient de retombées de l'ordre de 5 à 10 euros pour un euro investi, selon plusieurs études.

Jeudi soir, le Premier ministre a balayé la principale revendication des intermittents, en confirmant que le gouvernement allait agréer la nouvelle convention d'assurance-chômage, qui doit entrer en vigueur le 1er juillet.

- L'entreprise de Gattaz envahie -

Mais il a fait un "geste d'apaisement" en annonçant que la mesure la plus contestée, le différé dans le versement des indemnisations chômage des intermittents, serait "neutralisée" par l'Etat. Celui-ci compensera "de manière transitoire" le manque à gagner pour l'Unedic lié à la non-application de cette disposition.

Une nouvelle mission sera également chargée de remettre à plat le système de l'intermittence avec l'ensemble des acteurs concernés d'ici la fin de l'année.

"A quelques jours de la grande conférence sociale, il était difficile, inenvisageable, que le gouvernement mette en cause le dialogue social et donc un accord majoritaire signé par des syndicats et le patronat", a expliqué le Premier ministre vendredi. "En même temps, il fallait donner un signe".

Mais pour la CGT-Spectacle, la prise en charge par l'Etat du différé préfigure une sortie des intermittents du spectacle du régime d'assurance-chômage "que souhaitent le Medef et la CFDT depuis des années". La Coordination des intermittents et précaires estime aussi que ces annonces "ne règlent rien".

Du côté des employeurs du secteur, le Syndeac (spectacle vivant) s'est dit "partagé".

Signataire de la convention d'assurance-chômage, la CFDT s'est félicitée de l'agrément du texte par le gouvernement, mais juge que la "neutralisation" du différé pose un problème d'"équité" entre salariés.

Le Medef a regretté que le gouvernement "ait cédé à la pression" des intermittents.

Comme en réponse, plus d'une centaine ont envahi vendredi après-midi l'entreprise Radiall du patron du Medef Pierre Gattaz à Aubervilliers et commencé à déménager le mobilier "vers Matignon", selon un de leurs porte-parole.

Source : AFP

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