Un investisseur chinois promet 60 emplois à Sévérac

Un malentendu ? Une esbroufe ? Sinon une partie de poker menteur ?…. Difficile à l’heure qu’il est de cerner précisément ce qui ressemble surtout à un rendez-vous manqué, risquant de mettre en péril le projet d’implantation d’une usine chinoise à Sévérac-le-Château.

L’enjeu pourtant est de taille puisque sur une partie des bâtiments de l’usine Confort et Système aujourd’hui liquidée, le chargé de mission de la société Gretic basée à Qingdao promet l’implantation d’une unité de production et de conditionnement de menuiseries PVC destinée à fournir les grandes enseignes européennes du bricolage. Avec, dès le départ, 60 emplois à la clé, et une montée en puissance pouvant rapidement déboucher sur la création d’une centaine d’emplois à terme…

Un enfant du pays...

Sur le papier du moins, le projet semble parfaitement crédible. Il faut savoir que le chargé de mission, Jean-Marie Sevennes, 58 ans, est originaire du Massegros, près de Sévérac, où il a d’ailleurs dirigé une scierie avant de se lancer dans une activité d’import-export, en particulier avec la Chine. Se disant très attaché à ses racines, il se trouve qu’il a été chargé par le patron de la société chinoise Gretic (15 000 salariés!) de trouver un lieu d’implantation idéalement situé quelque part en France dans le but de pénétrer le marché européen (France, Allemagne, Italie, Espagne et Grande Bretagne).

Or Sévérac-le-Château, situé à la croisée des autoroutes A75 et bientôt A88 se trouve idéalement placé aux yeux de Jean-Marie Sevennes. Atout supplémentaire: une bonne partie des bâtiments d’une superficie satisfaisante attendent preneurs depuis que Confort et Système a déposé son bilan. Et alors que nombre des anciens salariés restent à ce jour en recherche d’un nouvel emploi.

...Et un homme pressé

Mais Jean-Marie Sevennes est pressé. Très pressé. C’est ce qu’il a expliqué d’emblée à ses interlocuteurs aveyronnais lorsqu’il les a sollicités au mois de mai dernier. Il se souvient avoir alors été accueilli à bras ouverts par les élus du conseil général (notamment Arnaud Viala, par ailleurs président d’Aveyron Expansion) comme par les responsables du syndicat mixte, propriétaire du foncier.

Même approche bienveillante de la part des dirigeants d’ITA Moulding Process, la nouvelle société implantée sur un tiers des bâtiments de l’ancienne usine et où travaille une trentaine de salariés. Tous ravis de voir une seconde activité venir occuper les vastes bâtiments toujours vacants sur cet immense site. Tout semblait donc se présenter sous les meilleurs auspices, jusqu’à ce que le dossier ne se complique on ne sait vraiment trop pourquoi…

Crever l’abcès

C’est Jean-Marie Sevennes qui a décidé de crever l’abcès face à un dossier qui à ses yeux n’avançait plus. Il estime en effet que 2 mois après avoir informé ses interlocuteurs de son projet, ceux-ci auraient dû a minima lui donner une réponse définitive sur le principe de son projet d’acquisition des 10 000 mètres carrés toujours disponibles. Surface qu’il estime nécessaire pour y implanter son unité de production et de conditionnement de menuiseries PVC d’origine chinoise.

Sachant que le site s’étend sur près de 20000 mètres carrés, dont un bon tiers déjà occupé par ITA Moulding process. Son PDG, Vincent Nassiet, nous a d’ailleurs confirmé qu’il souhaitait acheter en crédit-bail la partie du bâtiment qui abrite son activité. Mais uniquement celle-ci, et ne gêner donc en rien l’implantation à ses côtés d’une ou plusieurs autres sociétés.

Dead line fin juillet

Joint lui aussi par nos soins, Arnaud Viala, président d’Aveyron Expansion, nous a assuré que Jean-Marie Sevennes n’avait nullement exprimé au départ son intention d’acheter la partie des bâtiments qui l’intéressait, mais simplement dit son intention de les louer. Et que c’est ce revirement qui bloquerait désormais le dossier. Car, toujours selon le vice-président du conseil général en charge de l’aménagement du territoire, "il nous manque à ce jour des assurances et des garanties de la part de l’acquéreur chinois avant de pouvoir procéder à une telle vente."

Informé par nos soins de cette réponse, Jean-Marie Sevennes nous a effectivement confirmé ce changement d’optique, effectué dès qu’il a su que l’option d’achat était également ouverte. Et il nous a surtout assuré qu’il était prêt, si besoin, à offrir toutes les garanties nécessaires. Mais qu’en tout état de cause, il ne pouvait plus attendre longtemps encore. Et d’avertir sans détour : "Si d’ici la fin de ce mois de juillet le dossier reste bloqué, j’irai chercher un autre lieu d’implantation en Languedoc-Roussillon…" Bref, il est plus qu’urgent de lever les derniers malentendus, sinon de retourner les cartes !