Valls demande à Merkel de favoriser la croissance, pas d'aider la France

  • Le Premier ministre Manuel Valls devant les industriels allemands, le 23 septembre 2014, à Berlin
    Le Premier ministre Manuel Valls devant les industriels allemands, le 23 septembre 2014, à Berlin AFP - Odd Andersen
  • Le Premier ministre, Manuel Valls, le 23 septembre 2014 devant le patronat allemand à Berlin
    Le Premier ministre, Manuel Valls, le 23 septembre 2014 devant le patronat allemand à Berlin AFP - Odd Andersen
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Centre Presse Aveyron

Le chef du gouvernement Manuel Valls a appelé mardi l'Allemagne à contribuer davantage à la croissance en zone euro, précisant qu'il ne réclamait pas d'aide pour son pays souvent caricaturé comme l'homme malade de l'Europe.

"La France avance, elle se met en mouvement", a assuré M. Valls au cours d'un exposé détaillé de son programme de réformes devant des patrons allemands. "J'aime les entreprises" ("Ich liebe die Unternehmen"), a-t-il lancé dans la langue de Goethe, récoltant des applaudissements nourris, au deuxième jour de sa première visite officielle en Allemagne.

Si la France fait ses devoirs, pour le bien de la zone euro toute entière c'est aussi à l'Allemagne de bouger, a-t-il estimé, reprenant une idée souvent exprimée en France et ailleurs.

"Nous avons besoin de l’Allemagne pour favoriser une évolution de la donne économique dans la zone euro", a-t-il plaidé, tout en reconnaissant que cette conception n'était "pas encore pleinement partagée" à Berlin.

Il a clairement appelé à une hausse des investissements publics, comme le président français François Hollande l'avait déjà fait en juillet. "Quand on a des besoins avérés, et quand la situation budgétaire autorise des dépenses, alors, il faut savoir investir", a lancé M. Valls.

- Priorité au budget -

Pour le moment, y compris lundi lors d'un entretien à la chancellerie, Angela Merkel fait la sourde oreille, insistant sur le rôle des entreprises plutôt que celui de l'Etat, alors qu'en Allemagne même des voix s'élèvent pour réclamer à son gouvernement plus d'investissements publics.

"Il importe maintenant de trouver encore plus de possibilités d'amener les capitaux privés à investir", a répété la chancelière mardi devant les industriels allemands réunis en congrès à Berlin.

Pas de fonds publics donc, alors que l'équilibre du budget fédéral, en vue l'an prochain pour la première fois depuis 46 ans, a priorité absolue.

"Du point de vue allemand c'est absolument indispensable (...), je l'ai dit à Manuel Valls hier, l'Allemagne est face à un défi démographique tout autre que la France par exemple", a-t-elle expliqué.

Les patrons allemands en revanche se sont montrés nettement plus réceptifs aux appels à investir plus, pas uniquement lancés par Paris, mais aussi par Rome, le Fonds monétaire international (FMI) et plusieurs partenaires du G20...

"Maintenant il faut investir, c'est le plus gros défi devant nous", a estimé mardi le président de la Fédération de l'industrie (BDI) Ulrich Grillo, hôte de la manifestation, alors que la croissance de la première économie européenne a freiné ces derniers mois.

- Dialogue de sourds -

Les médias et des responsables allemands se sont montrés très critiques envers la France ces derniers mois, irrités par des dérapages budgétaires à répétition et un rythme de réformes jugé trop lent.

M. Valls s'est cependant insurgé contre l'image d'une France "malade" et les caricatures souvent véhiculées.

Alors que des médias allemands avaient estimé ces derniers jours que Paris cherchait à repousser sur l'Allemagne la responsabilité de ses difficultés, il a voulu clarifier les choses.

"Je ne demanderai jamais à l'Allemagne de résoudre les problèmes de la France", mais "je n'accepterai jamais qu'on me dise ce que je dois faire", a prévenu le Premier ministre. Il a notamment jugé "impossible" de réaliser l'an prochain les 50 milliards d'euros d'économies qui permettraient à Paris de respecter le plafond de déficit public imposé par les règles européennes. L'objectif pour la France est désormais de le respecter en 2017.

Au terme de leur déjeuner commun lundi, Mme Merkel avait salué le programme "impressionnant" de réformes présenté par M. Valls. Et souhaité au Premier ministre socialiste "bonne chance" pour sa mise en oeuvre.

Le chef du gouvernement français a eu beau assurer lundi soir avoir ressenti "une très grande compréhension" de la part de Mme Merkel, l'échange entre les deux poids lourds européens a des allures de dialogue de sourds sur les moyens de relancer l'économie.

"Quand la France crie +croissance+, l’Allemagne entend +nouvelles dettes+ et quand l’Allemagne exige des +réformes+, en France, on entend +économies mortelles+", relevait dans un éditorial mardi le quotidien conservateur Die Welt.

Source : AFP

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