Roca, certifié «sang et or»

Il faut toujours se méfier de l’eau qui dort… Détendu, posé, le sourire facile, Mathieu Roca change littéralement dès qu’il enfile short et crampons ! "Je suis un guerrier", sourit-il. "C’est la force tranquille", renchérit son entraîneur, Patrick Furet. Mais ne comptez pas sur le nouveau troisième ligne du Stade Rodez Aveyron pour vous en mettre plein la vue. Pour cela, il y a le terrain. Et rien d’autre. Pourtant, le Nîmois pourrait se targuer d’être arrivé en Aveyron avec pas moins de 600 minutes en ProD2 au compteur sous les couleurs d’Aurillac et une jolie expérience internationale avec… l’Espagne ! D’ailleurs, l’attente autour de lui est forte dans la préfecture. "Je le sais et je sens qu’on me fait confiance. C’est flatteur et je ferai tout pour apporter à l’équipe", souligne-t-il.

"C’était comme un rêve"

Pour le reste, il ne se prend pas la tête. Arrivé sur le tard au rugby-il a commencé au lycée après être passé par le football, l’équitation, le handball ou encore le tennis! -, le 3e ligne a gardé la tête sur les épaules. "J’étais parti à Aurillac pour finir mes études et on m’a proposé un contrat professionnel au club. C’était énorme! Vivre de sa passion durant trois ans, je ne pouvais pas demander mieux. C’était comme un rêve", se réjouit-il. Alors, tant pis si le club cantalien ne lui a pas offert un nouveau contrat à la fin de la saison passée. Aucune aigreur ni regret transparaissent chez l’homme comme cela est souvent le cas à l’heure de quitter le monde professionnel. Mathieu Roca avait déjà préparé sa reconversion professionnelle et elle était toute trouvée… à Rodez. "Il y a une formation d’éducateur spécialisé pour enseigner le sport à des handicapés. C’est ce que je veux faire et c’est notamment pour cela que j’ai signé ici", explique le néo-Ruthénois qui a retrouvé de nombreuses connaissances ici comme les DeBarros, De March et autres. "Je ne suis pas dépaysé ! Ma famille n’est pas loin en plus puisqu’elle vit à Nîmes… "

La sélection espagnole, une fierté

Et la famille, chez les Roca, c’est essentiel ! La seule trace de fierté perceptible chez Mathieu n’arrive d’ailleurs seulement qu’à l’évocation de sa carrière internationale avec l’Espagne. Car, grâce à une grand-mère maternelle née de l’autre côté des Pyrénées, il porte depuis trois ans les couleurs de son pays d’origine où le rugby est encore marginal. Alors, le «XV del Léon», comme on le surnomme, s’appuie depuis quelques années sur ses fils et petit-fils d’expatriés en France, pays du rugby. Et c’est en 2010 que le portable de Roca a sonné. À l’autre bout du fil, le sélectionneur Régis Sonnes. De là, s’en sont suivis un premier stage du côté de Madrid puis un premier match officiel dans le Tournoi des 6 nations B (deuxième division des nations européenne) en 2011.

C’était en Géorgie et Roca en garde un souvenir… impérissable: "On en avait pris 60 dans une ambiance de folie. Je me suis dit: “Oulah, où ai-je atterri ?” J’ai mis une semaine à récupérer du défi physique… C’était un sacré apprentissage." Depuis, il n’a quasiment jamais manqué une sélection. Et son rêve est déjà tout trouvé: "Jouer une Coupe du Monde. On est déjà parvenu à battre des nations comme la Roumanie à domicile donc je pense qu’on peut le faire. Maintenant, il y a de gros problèmes financiers en ce moment dans la Fédération et on ne sait pas trop ce que va devenir le rugby espagnol." En attendant, Roca aura certainement l’occasion de vibrer à plusieurs reprises sous d’autres couleurs «sang et or»: celles de Rodez.