Appartement: Lepaon reconnaît une "faute collective" et s'en prend à la direction

  • Le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon le 7 avril 2014 à Paris
    Le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon le 7 avril 2014 à Paris AFP/Archives - Patrick Kovarik
  • Vue extérieure de l'appartement de fonction de Thierry Lepaon le 29 octobre 2014 à Vincennes
    Vue extérieure de l'appartement de fonction de Thierry Lepaon le 29 octobre 2014 à Vincennes AFP - Bertrand Guay
Publié le
Centre Presse Aveyron

Le numéro un de la CGT, Thierry Lepaon, a reconnu mardi "une faute collective" de la direction concernant les travaux coûteux dans son appartement de fonction, imputant principalement la responsabilité au trésorier Eric Lafont, mais il a aussi accusé de déloyauté certains dirigeants du syndicat.

"Il y a une faute collective qui ne masque pas des responsabilités individuelles", a affirmé M. Lepaon devant le CCN ("parlement" de la CGT). Les révélations la semaine dernière du Canard enchaîné sur les travaux de rénovation effectués dans son appartement de fonction situé à Vincennes avaient suscité un vif émoi en interne et un tollé médiatique.

Au terme d'un premier jour de débat, la direction et le CCN ne sont pas parvenus à s'accorder sur les améliorations à apporter au fonctionnement de la centrale et les discussions devraient se poursuivre mercredi.

Les nouvelles révélations mardi du Canard enchaîné, selon lesquelles l'appartement avait déjà été rénové ont aggravé les tensions. Le débat mercredi "risque d'être houleux", a indiqué en fin de soirée à l'AFP une source interne.

"Cela fait sept jours que, chaque minute qui passe, je pense aux syndiqués de notre CGT, aux militants, aux dirigeants" et aussi "à mes proches", avait affirmé M. Lepaon devant le CCN visiblement touché par l'ampleur prise par cette affaire.

Il a affirmé avoir "appris par la presse le devis et le montant des travaux réalisés" qui, selon lui, se sont élevés à 105.000 euros et non pas 130.000 comme l'avait affirmé Le Canard enchaîné. Il a aussi précisé que son appartement faisait 79 mètres carrés et non pas 120, comme l'avançait l'hebdomadaire.

Cette affaire, a-t-il reconnu, "révèle des failles majeures dans le fonctionnement interne de prise de décisions", puisque "les arbitrages et la décision finale" pour cette location n'avaient été "ni débattus, ni validés par une instance".

Ce type de décision relevait "jusqu'à présent d'une seule personne", non tenue "d'en référer a priori à nos instances", a-t-il dit dans une allusion au trésorier Eric Lafont qui a signé le devis.

C'est cette "faille qu'il faut absolument corriger", a estimé le leader de la CGT en proposant le recrutement d'un "directeur administratif et financier" qui devra "rendre compte de son activité conjointement à l'administrateur de la CGT", Eric Lafont, "et au Bureau confédéral" (exécutif).

Thierry Lepaon a justifié le choix de Vincennes par sa proximité avec le siège de la CGT à Montreuil et "la discrétion, le calme et la sécurité" et "un certain degré d'urgence", rappelant avoir logé plusieurs mois à l'hôtel. Elu en mars 2013 secrétaire général, il habitait auparavant en Normandie.

- Certains "fragilisent" la CGT -

La pointe de son attaque a visé "des dirigeants" de la CGT "qui s’expriment, sous couvert d’anonymat" à la presse et "fragilisent l’organisation". Il faisait ainsi référence à des commentaires peu amènes le visant.

L'affaire de l'appartement a attisé la crise qui secoue la CGT depuis la guerre de succession de 2012. Le syndicat est déchiré par des conflits de personnes et des divergences d'orientation.

"Je considère que nous avons un problème de fonctionnement du Bureau confédéral" (exécutif resserré de dix membres) "qui handicape notre capacité collective", a affirmé M. Lepaon.

"La qualité des personnes n’est pas en cause, mais l’engagement au sein même du Bureau confédéral pose problème", a-t-il prévenu.

M. Lepaon a décidé de "recevoir individuellement chaque membre du Bureau confédéral" pour s'assurer "de leur engagement et adhésion à l’esprit d’équipe". "Si nécessaire je reviendrai vers le CCN" organe décisionnel suprême de la CGT, a averti le numéro un, qui entend renforcer le bureau de deux membres supplémentaires.

Selon lui, le délateur qui a adressé à la presse un devis des travaux est "responsable des conséquences de ses actes". La CGT a lancé une enquête interne pour le débusquer.

Le numéro un de la CGT a accusé le Premier ministre Manuel Valls - qui avait plaidé pour "l'exemplarité" dans cette affaire - d'avoir "donné le coup d’envoi au déferlement médiatique". . "Qu’il s’occupe des affaires de la Nation" et "laisse la CGT s’occuper des siennes", a lancé M. Lepaon.

Source : AFP

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?