Après un délai de réflexion, Thierry Lepaon doit dévoiler ses intentions

  • Le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon à Bordeaux, le 9 octobre 2014
    Le secrétaire général de la CGT Thierry Lepaon à Bordeaux, le 9 octobre 2014 AFP/Archives - Nicolas Tucat
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Centre Presse Aveyron

Dans quel état d'esprit Thierry Lepaon revient-il après les fêtes de Noël? Le secrétaire général de la CGT doit le dévoiler mardi devant sa direction alors que l'étau se resserre autour de lui, l'ex-numéro un Louis Viannet l'exhortant à jeter l'éponge pour sauver le syndicat d'une crise "sans précédent".

Depuis les premières révélations fin octobre sur les travaux onéreux réalisés dans son appartement de fonction et dans son bureau, puis ses indemnités de départ perçues de la CGT Basse-Normandie, M. Lepaon tente par tous les moyens de sauver son fauteuil, malgré les appels d'une large partie de la centrale à sa démission.

Avant les fêtes de fin d'année, il s'était donné un délai de réflexion. Devant la Commission exécutive (direction de 56 membres) réunie à huis clos mardi et mercredi au siège de la CGT à Montreuil, près de Paris, il doit proposer des solutions de sortie de crise.

"Son comportement reste difficilement prévisible", commente auprès de l'AFP un cadre dirigeant tandis qu'un autre dénote chez lui un état d'esprit empreint "d'obstination".

Avant la trêve de Noël, M. Lepaon avait lancé une offensive médiatique, accusant des membres de la centrale de porter atteinte à son "honnêteté", une attaque qui semblait viser ses opposants, témoignant des rapports très tendus au sein de la direction. "Ma décision est de faire front" et "je ne serai pas le rat qui quitte le navire", avait-il martelé.

- 'Crise sans précédent' -

Au terme des deux jours de débats, la Commission exécutive devra s'accorder mercredi sur des propositions à soumettre le 13 janvier au Comité confédéral national (CCN), "parlement" de la centrale, qui a le pouvoir de révoquer le numéro un.

Différents scénarios sont possibles, notamment une démission collective des dix membres du bureau confédéral (exécutif resserré), dont un a déjà démissionné, l'administrateur-trésorier Eric Lafont. Quatre d'entre eux sont opposés au numéro un.

M. Lepaon pourrait proposer l'élection d'un "nouveau bureau" avec lui à sa tête, "expurgé de ses opposants", mais "un tel scénario provoquerait une grande colère dans beaucoup d'organisations" de la CGT, indique un cadre.

S'accrochant au fauteuil qu'il occupe depuis mars 2013, il risque d'être mis en minorité au CCN et de subir l'humiliation d'une révocation, alors que de nombreuses fédérations, notamment les services publics (la 1ère), les métaux (3e), la fonction publique, ont déjà réclamé son départ. La Santé (2e fédération) doit arrêter sa position 12 janvier à la veille du CCN.

Lundi, une autorité morale, l'ex-numéro un Louis Viannet, a appelé le secrétaire général à démissionner au plus vite: il "se grandirait en annonçant publiquement sa décision" de "remettre son mandat à la disposition du CCN", a affirmé au Monde M. Viannet pour qui le numéro un a perdu sa "crédibilité, à l’intérieur comme à l’extérieur" de la CGT.

"En clamant sa volonté de rester coûte que coûte" Thierry Lepaon confond "détermination et entêtement", dénonce celui qui a dirigé la CGT de 1992 à 1999.

Alarmé par "la crise sans précédent qui secoue" le premier syndicat français dont les valeurs sont "malmenées", M. Viannet évoque en termes voilés les risques d'implosion de la centrale.

"Un tel climat, une telle tension peuvent, à tout moment, donner lieu à des affrontements, à des déchirures, lourdes de conséquences pour la CGT", prévient-il recommandant aux cadres dirigeants de "tout faire pour garder une CGT unie et des rapports humains pacifiés".

Le principal risque est un "découragement des militants" devant "cette crise de confiance, car la CGT est mise en cause dans son intégrité", déplore auprès de l'AFP un cadre.

Source : AFP

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