Chine: le dur combat pour monter dans le train du Nouvel An

  • Un train bondé à l'occasion de la fête du Nouvel An Chinois dans la province d'Hebei le 12 février 2015
    Un train bondé à l'occasion de la fête du Nouvel An Chinois dans la province d'Hebei le 12 février 2015 AFP - Greg Baker
  • Des passagers dans un train bondé à l'occasion de la fête du Nouvel An Chinois près de Shijiazhuang dans la province d'Hebei le 12 février 2015
    Des passagers dans un train bondé à l'occasion de la fête du Nouvel An Chinois près de Shijiazhuang dans la province d'Hebei le 12 février 2015 AFP - Greg Baker
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Centre Presse Aveyron

A quelques jours de la nouvelle année, celle de la Chèvre, la jeune comptable chinoise s'arrache les cheveux devant son ordinateur: parviendra-t-elle enfin, après des semaines d'efforts, à décrocher son billet de train pour rentrer chez elle, à 2.000 kilomètres de Pékin ?

Le Nouvel An chinois donne lieu aux plus importantes transhumances humaines annuelles sur la planète, car la tradition veut qu'on se retrouve en famille, dans sa région natale. Cette année, les fêtes débuteront le 19 février et 2,8 milliards de trajets, tous transports compris, sont anticipés.

La vente des billets a été lancée 60 jours avant le début des congés, déclenchant immédiatement une ruée vers les guichets.

Mais c'est sur internet que se livre le plus dur combat: depuis 2012, le site officiel d'achat des billets, "12306.cn", a été mis en place. Quel Chinois n'a pas, un jour ou l'autre, pesté à propos de ce site régulièrement saturé ?

- Billets pris d'assaut -

Kelly Gan, la jeune comptable, en sait quelque chose. Tous les billets ayant été vendus dès les premières minutes, sa seule chance est de mettre la main sur un billet retourné ou échangé.

"Je ne fais plus que ça, du matin jusqu'au soir. J'utilise un logiciel indépendant qui rafraîchit la page toutes les 5 secondes, afin d'attraper une place dès qu'elle se libère sur "12306.cn", explique la jeune femme de 27 ans.

Échanges et retours de billets sont innombrables en cette période-clé car, pour augmenter leurs chances, les voyageurs saisissent au vol les rares billets disponibles, même s'ils ne correspondent pas exactement à ce qu'ils cherchent.

Jusqu'à 15 jours avant le départ, ils peuvent être rendus sans pénalités. D'où une immense foire d'empoigne autour de ces tickets "libérés", les places ainsi disponibles étant instantanément rachetées.

A la gare de Shanghai, ce sont plus de 7.000 billets qui sont retournés chaque jour, selon la presse locale.

- 1.000 billets à la seconde-

Le 19 décembre, le site a enregistré un record de 1.032 billets vendus à la seconde.

Et un record de frustrations avec: le site est devenu "plus difficile à accéder que les îles Diaoyu", ironisaient les Chinois sur les réseaux sociaux, en allusion à l'archipel que se disputent la Chine et le Japon.

Mais aussi une opportunité en or pour les entreprises de l'internet, qui proposent des "outils magiques de chasse" aux billets pour développer leur clientèle.

Le moteur de recherche géant Baidu a ainsi développé un logiciel pour accélérer le processus de réservation. Il évite aussi de perdre son billet entre les étapes de la réservation et du paiement, un désastre après des dizaines, voire des centaines d'heures de patience et d'efforts pour le précieux billet.

Joli succès: Baidu recense déjà 18 millions de téléchargements de son logiciel gratuit depuis le début de la campagne. Et se vante d'avoir déniché 28,6 millions de billets pour ses utilisateurs.

Autre option, le navigateur internet LieBao, qui offre lui la possibilité de pré-réservations par l'envoi automatisé des demandes d'achat de places, dès l'ouverture officielle de la vente avant le Nouvel An.

- Fracture numérique ? -

Kelly Gan est finalement parvenue à décrocher son sésame pour rentrer dans sa région natale du Sichuan. Un billet à 450 yuans (63 euros), pour un voyage de 39 heures, en couchette et non sur "banquette dure" comme la plupart.

Pour les moins chanceux comme Guo Dengxiu, le retour en province promet d'être un périple ardu.

Femme de ménage à Pékin, madame Guo est l'une de ces quelque 250 millions de travailleurs migrants qui ont quitté leur campagne pour s'installer en ville.

Mais, signe de la "fracture numérique" qui traverse l'Etat communiste, elle ne sait pas encore se servir d'un ordinateur. Elle n'a donc pas réussi à saisir le billet idéal pour rentrer dans sa province de l'Anhui, à un millier de kilomètres au sud de la capitale.

"Mon fils m'a acheté une place debout. Si je ne trouve rien, alors je ferai les 15 heures de trajet sans siège, ou sur un tabouret pliant", dit-elle.

Source : AFP

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