Yémen: Ryad presse Téhéran de cesser d'armer les rebelles chiites

  • Des combattants yéménites opposés aux Houthis patrouillent dans les rues d'Aden le 12 avril 2015
    Des combattants yéménites opposés aux Houthis patrouillent dans les rues d'Aden le 12 avril 2015 AFP - SALEH AL-OBEIDI
  • Photo fournie par l'Agence de presse saoudienne montrant le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius (g) et le vice ministre des Affaires étrangères saoudien Abdulaziz ben Abdullah (d) à Ryad, le 11 avril 2015
    Photo fournie par l'Agence de presse saoudienne montrant le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius (g) et le vice ministre des Affaires étrangères saoudien Abdulaziz ben Abdullah (d) à Ryad, le 11 avril 2015 SPA/AFP
  • Des combattants yéménites opposés aux Houthis prennent position dans les rues d'Aden le 12 avril 2015
    Des combattants yéménites opposés aux Houthis prennent position dans les rues d'Aden le 12 avril 2015 AFP - SALEH AL-OBEIDI
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Centre Presse Aveyron

L'Arabie saoudite a pressé dimanche l'Iran de cesser d'"armer" les rebelles chiites qui résistent à sa campagne de bombardements aériens conduite depuis 18 jours au Yémen, où les évacuations d'étrangers se multiplient.

La situation ne cesse de se détériorer dans ce pays pauvre de la Péninsule arabique, où les combats et raids de la coalition arabe menée par Ryad ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés en trois semaines, selon l'ONU.

Tout en soulignant que son pays n'était pas "en guerre avec l'Iran", le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal, a souhaité que Téhéran cesse d'"aider aux activités criminelles des (rebelles) Houthis contre le régime légitime du Yémen", réclamant l'arrêt de ses "livraisons d'armes".

Partis en septembre de leur bastion de Saada, dans le nord du Yémen, les rebelles chiites contrôlent désormais la capitale Sanaa, des régions du centre et de l'ouest, ainsi que des parties de la ville d'Aden (sud), d'où s'est enfui le président Abd Rabbo Mansour Hadi.

L'Iran chiite a toujours nié envoyer des armes aux rebelles Houthis mais les responsables saoudiens ne cessent de répéter cette accusation. "Nous avons des preuves suffisantes selon lesquelles l'Iran soutient, arme et forme les miliciens", a ainsi déclaré samedi soir le porte-parole de la coalition arabe, le général de brigade Ahmed Assiri.

Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a répété dimanche que l'Iran n'avait pas de force militaire au Yémen, et démenti des informations de presse annonçant l'arrestation à Aden de deux militaires iraniens.

- 16.000 étrangers bloqués -

Le prince Saoud a de nouveau défendu l'intervention de la coalition de neufs pays arabes lancée le 26 mars, soulignant que Ryad est intervenu "à la demande du président légitime du Yémen", M. Hadi.

Son homologue français Laurent Fabius, venu à Ryad exprimer son soutien, a fait part de la disponibilité de Paris à trouver une solution au Yémen. Il "faudra qu'à un moment ou à un autre, on arrive à une négociation", a-t-il dit.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a plaidé lui aussi pour une reprise des négociations de paix et un arrêt de toutes les opérations militaires.

Alors que le conflit fait chaque jour de nouvelles victimes, notamment civiles, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé dimanche avoir procédé à sa première évacuation par avion de 143 ressortissants étrangers.

L'opération "ouvre la voie à de nouvelles évacuations", a indiqué l'OIM, qui précise que 38 pays lui ont demandé de l'aide pour évacuer 16.000 ressortissants bloqués au Yémen.

Deux avions russes ont de leur côté évacué plus de 350 personnes vers Moscou, tandis qu'un navire militaire russe en a évacué plus de 300 autres vers Djibouti, la moitié étant des étrangers.

- Nomination d'un vice-président -

Sur le plan politique, M. Hadi a nommé par décret dimanche Khaled Bahah "vice-président de la République", une fonction qu'il cumulera avec celle de Premier ministre, a indiqué son entourage à Ryad --où les deux hommes vivent en exil-- sans donner de précision sur la raison d'une telle décision.

Dans le même temps, pour la 18e journée consécutive, les avions de la coalition ont bombardé des cibles rebelles à travers le Yémen.

Les frappes "vont se poursuivre", a martelé le général de brigade Assiri. Selon lui, la campagne, qui totalise 1.200 raids, est allée crescendo, passant de 35 par jour au début à 120 désormais.

Ces raids ont neutralisé les capacités aériennes et balistiques des rebelles et de leurs alliés, des militaires restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, a assuré le haut gradé saoudien.

Les rebelles "cherchent à porter le combat à l'intérieur du territoire saoudien", a-t-il dénoncé dimanche, en évoquant la mort annoncée la veille de trois sous-officiers saoudiens à la frontière. "Cette frontière est sécurisée et stable", a-t-il néanmoins ajouté.

A la suite de cette attaque, le général Assiri a annoncé dimanche le déploiement d'hélicoptères de combat le long de la frontière.

Les habitants de Sanaa ont fait état dimanche de plusieurs bombardements de camps militaires tenus par les Houthis et des soldats pro-Saleh aux alentours de la capitale.

A Aden, le palais présidentiel Al-Maachiq a subi trois séries de raids qui ont fait six morts parmi les Houthis qui le contrôlent, selon une source militaire.

Les combats affectent 15 des 22 provinces du pays. Les bombardements et les affrontements dans le Sud ont fait 27 morts dans la nuit de samedi à dimanche, selon un bilan de l'AFP.

Dans la nuit également, une attaque de drone, "probablement américain", a visé à l'ouest de Moukalla (sud-est) une voiture de membres présumés d'Al-Qaïda, faisant six morts, selon un responsable provincial.

Source : AFP

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