Alzheimer : l'Aveyron manque de places

  • 18 % des Ehpad aveyronnais seulement sont équipés d’un pôle d’activités et de soins adaptés.
    18 % des Ehpad aveyronnais seulement sont équipés d’un pôle d’activités et de soins adaptés. José A. Torres
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Centre Presse Aveyron

Santé. La maladie d’Alzheimer est l’une des pathologies les plus coûteuses pour la société. Le dépistage est encore très nettement insuffisant et les places spécialisées manquent. En Aveyron aussi. Comme dans le reste du pays.

Finirons-nous tous un jour par perdre la tête ? Sans aller jusque-là, certaines données sur la maladie d’Alzheimer font passablement froid dans le dos. D’après les chercheurs de l’Inserm, cette maladie neurodégénérative décrite par le médecin psychiatre allemand Alois Alzheimer, dès 1906, concernerait près de 20% des personnes âgées de plus de 75 ans.

En France, cela représente, aujourd’hui, près d’un million de personnes âgées. Et si l’on en croit certaines projections, d’ici 2050, le nombre de personnes affectées par la maladie d’Alzheimer pourrait quadrupler... Sachant que dans les pays développés, la maladie d’Alzheimer est l’une des pathologies les plus coûteuses pour la société.

Un dépistage très insuffisant

Selon la récente étude de l’Observatoire Cap Retraite, un malade sur deux ne serait pas diagnostiqué, laissant près de 500 000 personnes privées de suivi médical et de prise en charge. De toute évidence, le dépistage est insuffisant, alors que l’importance du diagnostic est capitale car il ouvre l’accès à une prise en charge adaptée à cette maladie évolutive, qui conduit jusqu’à la démence. «Une prise en charge précoce permettra à la personne âgée de rester plus longtemps à son domicile, lieu par excellence à favoriser car porteur de l’histoire et de la mémoire»,observe le docteur Hugues Bensaid, gériatre et médecin coordonnateur en Ehpad.

Cependant, 80% des malades estimés résidant à domicile n’ont pas encore été suivis, faute d’avoir été diagnostiqués ou d’avoir pu être suivis. Pour rompre l’isolement de ces personnes et l’épuisement des familles et des aidants, il faudrait renforcer les divers dispositifs existants: équipes spécialisées Alzheimer à domicile (Esad), accueils de jour et places temporaires en maisons de retraite. Lorsque le maintien à domicile n’est plus possible, une prise en charge en maison de retraite médicalisée (Ehpad) devient nécessaire.

Au stade modéré, les pôles d’activités et de soins adaptés (Pasa) au sein des Ehpad proposent des activités thérapeutiques de jour aux malades. Ces exercices sont essentiels pour assurer un accompagnement adapté, mais à ce jour, un Ehpad sur six seulement est doté d’un Pasa. Au stade sévère de la maladie, les Ehpad proposent des places spéciales assurant une sécurité et une prise en charge renforcée, parmi lesquelles des places en Unités d’hébergement renforcées (UHR). Selon l’étude de Cap Retraite, il manquerait plus de 130000 places spécialisées.

1 544 malades pris en charge dans le département

En Aveyron, sur 6932 malades estimés, 1544 malades sont pris en charge en affection de longue durée (ALD 15), au titre du régime général de l’Assurance maladie, soit 21% à comparer aux 25% des estimations moyennes nationales. Environ 1200 personnes âgées estimées au stade sévère de la maladie résideraient en établissement, mais moins de 20% d’entre elles bénéficieraient d’une place et d’une prise en charge adaptées. Cap Retraite estime ainsi à près d’un millier le nombre de places à créer en Ehpad.

À ce jour, 18% des 70 Ehpad aveyronnais sont équipés d’un pôle d’activités et de soins adaptés. Pour doter l’ensemble des établissements d’une prise en charge adaptée des malades au stade modéré, il faudrait créer 58 Pasa. Au titre des dispositifs de prise en charge des malades à domicile, l’Aveyron compte en moyenne 5,4 places en Esad (4,4 au niveau national), 9,8 places en accueil de jour (7,3) et 14,9 places en hébergement temporaire (19,3). Selon Cap Retraite, il conviendrait ainsi de créer 702 places en Esad, 973 places en accueil de jour et 273 places en hébergement temporaire. Or, la tendance actuelle ne va pas dans ce sens. «Aujourd’hui, on n’ouvre malheureusement plus de places en Ehpad et les prix augmentent», déplore un représentant de l’Observatoire. [SIG][SIG]joël born

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