Prix du lait : la proposition de Lactalis crispe les positions

  • La collecte laitière est sous pression, notamment en Aveyron.
    La collecte laitière est sous pression, notamment en Aveyron. Archives JAT
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Philippe Routhe

Agriculture. Le groupe international laitier a annoncé qu’il payerait les mille litres de lait à hauteur de 312 euros. Les producteurs en espéraient, eux, 340 euros. De quoi raviver encore les tensions.

Alors que la situation agricole est en proie aux plus grosses incertitudes sur de nombreux fronts, la dernière annonce du leader mondial sur le marché du lait, Lactalis, pourrait jeter de l’huile sur le feu. L’industriel laitier a proposé un prix de 312 euros les mille litres pour la production du mois d’août. Quand les éleveurs en attendaient... 340 euros. Et ce, à la suite notamment de la table ronde organisée au ministère de l’Agriculture en juillet dernier.

«Gros loupé»

«Certes, il n’y avait pas de véritable consensus autour de ce prix. Mais on était en droit d’espérer l’atteindre», admet Michel Costes, représentant des producteurs de lait livrant à l’usine Lactalis de Rodez (soit 350 éleveurs environ). D’autant que la coopérative laitière Sodiaal avait annoncé, il y a quelques jours de cela, fixer le prix aux mille litres à 340 euros pour ce même mois d’août.

«Ce choix est, en tout cas à mon sens, un gros loupé de l’industriel dans le cadre des relations avec les producteurs. Cette décision marque aussi le manque d’intelligence du transformateur. Mais j’ai la désagréable sensation de vivre une sorte de relation entre le seigneur et les cerfs» peste Michel Costes.

Pour qui, la nouvelle, quand elle se répandra dans les campagnes, va raviver de nouvelles tensions. D’autant que cela s’inscrit dans un contexte morose sur le marché du lait, avec un prix moyen en recul de 18% sur les six premiers mois de 2015 par rapport à la même période en 2014. Et ce, à une période ou producteurs et transformateurs sont en proie à de nouvelles relations avec la disparition des quotas et la naissance de la contractualisation.

L'inquiétudes pour les mois à venir

«Je suis désolé de me répéter, mais encore une fois, on est la variable d’ajustement des industriels dans leur stratégie économique» reprend l’éleveur aveyronnais. Naturellement se pose la question des prochains prix. «La suite me paraît très compliquée. Je crois que nous sommes dans une situation plus difficile qu’en 2009, avec des entreprises au bord du dépôt de bilan. On nous parle d’économie d’entreprise mais on oublie toute la partie production».

Il y a une dizaine de jours, la décision du groupe Savencia (ex-Bongrain), de payer un prix du lait «aux environs de 300 euros», avait mis le feu aux poudres et avait été suivie d’un grand nombre d’actions. La récente décision de Lactalis devrait, du coup, être suivie d’effets, qui plus est en Aveyron, où le groupe collecte la moitié de la production laitière, soit peu ou prou 120 millions de litres de lait. 

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