Accueil des réfugiés en Aveyron : «Nous devons faire preuve de solidarité»

  • André Drubigny, chargé de l’accueil des réfugiés et de la coordination des offres.
    André Drubigny, chargé de l’accueil des réfugiés et de la coordination des offres. José A. Torres
Publié le , mis à jour
Salima Ouirni

Interview. André Drubigny vient d’être nommé coordonnateur départemental pour organiser l’accueil des réfugiés en Aveyron. Pour le directeur adjoint à la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des population (DDCSPP), le département dispose d’une capacité d’accueil suffisante.

André Drubigny vient d’être nommé coordonnateur départemental pour organiser l’accueil des réfugiés en Aveyron. Pour le directeur adjoint à la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des population (DDCSPP), le département dispose d’une capacité d’accueil suffisante. Entretien.

Vous avez été nommé tout récemment coordinateur départemental en Aveyron pour la mise en place de l’accueil des réfugiés. Comment allez vous le mettre en place ?

En juillet dernier, nous avons reçu une circulaire évoquant la prise en charge des migrants, au sens large du terme. Mais en juillet, nous n’avions pas encore évalué cette crise migratoire, même s’il y avait des indicateurs qui montraient une augmentation du nombre. Avec cette circulaire, nous disposons cependant d’un cadre très large pour travailler.

Ma mission consiste à coordonner l’offre multiple, pas simplement d’hébergement, mais aussi de toute autre nature. Ensuite, nous aurons à ventiler les personnes selon leur statut, qu’ils soient demandeurs d’asile, c’est-à-dire en attente d’une réponse, ou réfugiés ayant obtenu le statut, selon les critères de l’Ofpra (l’Office français de protection des réfugiés apatrides).

Où seront hébergés les réfugiés ?

Si ce sont des migrants qui ont obtenu le statut de réfugiés, ils vont être dirigés vers des centres d’accueil d’accompagnements des demandeurs d’asile ou dans des hébergements d’urgence pour les demandeurs d’asile. S’ils ont obtenu le statut de réfugié, ils seront logés dans un centre provisoire d’hébergement ou directement dans du logement social. Le statut de réfugié est valable 10 ans. Il leur donne le droit de travailler et de scolariser leurs enfants.

Quelle est la durée, aujourd’hui, pour traiter les dossiers des réfugiés et quand vont-ils arriver dans le département ?

On ne sait pas précisément, mais la procédure est aujourd’hui accélérée. Avant la loi sur l’asile qui date de quelques semaines, on avait des durées de 24 mois. Aujourd’hui, face à la pression de la communauté européenne, il a fallu que l’on modifie l’organisation de la demande de l’asile en France. La procédure devrait durer 9 mois au maximum. On peut imaginer qu’elle concernera une population ciblée, c’est-à-dire originaire des trois pays en guerre actuellement et d’où proviennent 90% des réfugiés. J’ai nommé l’Irak, la Syrie et l’Érythrée. La vérité de la guerre y est établie. L’Ofpra n’aura pas à procéder à une enquête pour déterminer l’origine des demandeurs d’asile et recouper leur histoire. Ce qui me fait dire qu’on aura les premiers réfugiés d’ici deux mois.

Combien de réfugiés sont attendus en France... et combien en Aveyron ?

Je ne peux pas être affirmatif car à l’heure actuelle, nous manquons de renseignements. Nous devrions en accueillir 30 000 en France, sur deux ans. Un chiffre peu important si on le compare à la Turquie qui en a reçu près de 2 millions et la Jordanie 900 000. Par ailleurs, le premier ministre a annoncé un crédit de 279 M€Cet argent viendra en supplément afin de ne pas encombrer les dispositifs actuels d’hébergements d’urgence pour les sans-abri et les autres. Les réfugiés ne viendront pas «concurrencer» la population que nous recevons habituellement durant la période hivernale. On continuera à accueillir les familles et les personnes isolées durant cette période, en même temps que nous créerons des places pour les réfugiés. Aujourd’hui, dans le département, nous recevons de 40 à 50 personnes par an. Les 30 000 personnes attendues sur les deux ans, ne vont bouleverser ni la France, ni les départements.

Quelles villes se sont positionnées en faveur de l’accueil des réfugiés ?

Nous avons une dizaine de villes pour l’instant, dont Rodez, Villefranche et Saint-Affrique. Onet-le-Château ne s’est pas prononcée, mais c’est une ville qui reçoit déjà les réfugiés et les demandeurs d’asile au sein de son Centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada). Le but n’est pas de concentrer les réfugiés mais de les recevoir dans des communes où ils peuvent s’intégrer. Et qui dit intégration, dit écoles à proximité et des moyens de transport car nous sommes dans un département très grand.

Comment vous organisez-vous face à l’offre des communes qui commence à arriver ?

C’est tout un travail d’identification et d’attente des éléments d’informations en provenance du gouvernement. Cela dit, on a déjà commencé à susciter la mobilisation de la société civile. Nous allons travailler avec les associations et les collectifs qui ont de l’expérience. Mon rôle consiste à identifier et à rassembler l’offre de logements vacants ou sociaux et toutes autres propositions provenant des mairies, des particuliers ou des entreprises.

De combien de places disposons-nous à ce jour dans le département ?

En Aveyron, nous avons 90 places en Cada, 24 places d’hébergement d’urgence des demandeurs d’asile, 20 places au centre provisoire d’hébergement pour ceux qui ont obtenu le statut de réfugié et qu’on prépare à l’intégration définitive puis une quinzaine d’autres places qui sont dédiées aux demandeurs d’asile. À côté, on a tout le dispositif des sans-abri, des personnes isolées, etc. Nous sommes dans un département où il n’y a pas de pression démographique, contrairement à Rhône-Alpes ou à l’Ile-de-France.

Que dites-vous aux gens qui ont peur des réfugiés ?

Nous devons faire preuve de solidarité avec les réfugiés. Les images, et pas seulement celles du petit Ylan, sont intolérables. Dans les médias, on voit des enfants pleurer, des familles séparées, c’est dramatique. La France a toujours été un pays humaniste avec une tradition d’accueil. Je ne vois pas pourquoi aujourd’hui nous serions discriminants. Cela dit, comme l’a rappelé le Premier ministre, il faut préserver les équilibres dans nos territoires pour préserver notre modèle d’accueil.

Comment les personnes intéressées par l’idée d’accueillir des réfugiés doivent-ils s’y prendre ?  

Ils peuvent proposer leur aide directement à la DDCSPP, soit par téléphone au 0565735211 soit par mail à ddcspp@aveyron.gouv.fr

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