Pour Philippe Cuq, la vie continue

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    Pour Philippe Cuq, la vie continue
  • Pas question pour Philippe Cuq de courber l’échine, de se replier sur soi-même.
    Pas question pour Philippe Cuq de courber l’échine, de se replier sur soi-même. Repro CP
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Joël Born

Natif du village de Laroque-Bouillac, qui dirigea pendant plusieurs années la chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine, Philippe Cuq possède depuis deux ans un négoce de vins, avenue Gambetta, dans le XXe arrondissement de Paris, près du cimetière du Père-Lachaise.

«Par principe, le Lieu du Vin est ouvert aujourd’hui et le sera demain. Je ne laisserai jamais quiconque me soumettre par la peur ou la menace. Ici, le vin, c’est pour la joie, le partage, la douceur et le plaisir. Le parfait opposé du terrorisme.» Le message est on ne peut plus clair. Philippe Cuq l’a relayé sur son compte Facebook dès samedi matin. Ce Decazevillois de 49 ans, natif du village de Laroque-Bouillac, qui dirigea pendant plusieurs années la chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine, possède depuis deux ans un négoce de vins, avenue Gambetta, dans le XXe arrondissement de Paris, près du cimetière du Père-Lachaise.

Dire non à toute forme d’obscurantisme...

Un lieu de convivialité et de partage, où cet Aveyronnais, adepte de l’hédonisme, prend plaisir à faire découvrir à sa clientèle les vins et les vignerons qu’il apprécie. Le soir du drame et des multiples fusillades parisiennes, Philippe Cuq se trouvait attablé avec des amis dans un restaurant du XIe arrondissement, entre l’Avenue de la République et le Boulevard Voltaire. «Nous avons baissé le rideau, nous nous sommes cloîtrés et nous avons attendu que ça se passe», raconte-t-il.

Mais pas question pour Philippe Cuq de courber l’échine, de se replier sur soi-même. Tout le contraire. Pour le propriétaire du Lieu du vin, la vie continue et doit plus que jamais continuer. Et alors que la capitale s’est réveillée samedi matin comme paralysée, commerces et visages fermés, Philippe Cuq ouvrait toutes grandes les portes de sa boutique. Comme si de rien n’était. Et même plus que ça, comme un acte de résistance... Pour dire non à toute forme d’obscurantisme...

L’envie de se retrouver

En ce samedi pas vraiment comme les autres, au-delà des sentiments de fortes émotions et de douleurs, le caviste aveyronnais a ressenti une impression positive. «J’avais mis quelques bouteilles en dégustation, dans la bonne humeur et il y a eu énormément de monde. Des gens qui avaient envie de se retrouver, de partager un peu de temps et de chaleur humaine avec ceux qu’ils aiment, dans une approche intelligente. Des gens qui sont conscients, mais qui ne sont ni dans la haine, ni dans le racisme, ni dans l’essentialisation», témoigne-t-il. Ce dimanche, Philippe Cuq était de nouveau fidèle à sa clientèle.

«L’espoir, c’est ça: voir des gens qui vivent, qui aiment, qui réfléchissent, qui rient, qui se découvrent...» Des propos qui ont trouvé toute leur résonance dans ce commentaire d’un lecteur du New York Times, largement diffusé sur le Net : «La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent: la jouissance de la vie ici, sur terre, d’une multitude de manières: une tasse de café qui sent bon, accompagnée d’un croissant, un matin; de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue; l’odeur du pain chaud; une bouteille de vin partagée avec des amis, quelques gouttes de parfum, des enfants jouant au jardin du Luxembourg, le droit de ne pas croire en Dieu, de ne pas s’inquiéter des calories, de flirter et de fumer...Les forces du mal vont reculer. Elles vont perdre. Elles perdent toujours. »

Pas question pour Philippe Cuq de courber l’échine, de se replier sur soi-même.
Pas question pour Philippe Cuq de courber l’échine, de se replier sur soi-même. Repro CP

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