Un an après, Saint-Affrique panse encore ses plaies

  • Un an après, les stigmates de l’inondation qui a frappé la commune du sud Aveyron sont encore visibles par endroits. Un an après, les stigmates de l’inondation qui a frappé la commune du sud Aveyron sont encore visibles par endroits.
    Un an après, les stigmates de l’inondation qui a frappé la commune du sud Aveyron sont encore visibles par endroits. José A. Torres
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Publié le , mis à jour
Philippe Henry

Retour en images. L’inondation qui a dévasté Saint-Affrique et d’autres communes qui bordent La Sorgue est encore dans toutes les mémoires. Le 28 novembre 2014 au soir, la rivière sortait de son lit pour envahir les rues de la ville.

Jour après jour, Saint-Affrique panse ses plaies. Un an après, les stigmates de l’inondation qui a frappé la commune du sud Aveyron sont encore visibles par endroits. Quelques arbres sont encore renversés sur les berges de la Sorgue, des clôtures sont arrachées mais rien ne laisse deviner l’ampleur des dégâts qu’a subie la ville dans la journée du 28 novembre lorsque la Sorgue est sortie de son lit. D’autres communes en aval et en amont ont également été durement touchées.

Les images des rues dévastées par les torrents de boue sont encore dans tous les esprits. Ces armées de bénévoles venus souvenir les quelque 200 pompiers mobilisés le lendemain de la crue venus de tout l’Aveyron mais aussi du Lot, de Tarn-et-Garonne et de Haute-Garonne pour nettoyer ces tonnes de boues sont également gravées. Dans la tête de beaucoup de Saint-Affricain, la crue de 1992 a été emportée par celle de 2014.

Alain Fauconnier, maire de Saint-Affrique, a immédiatement pris la mesure des choses : «On a très vite compris que cette inondation était exceptionnelle, qu’il fallait déployer des moyens sans précédent pour venir en aide aux habitants. J’ai été touché par l’élan de solidarité des Saint-Affricains le jour de l’inondation et les jours d’après.» Un an après, d’importants travaux ont été engagés pour remettre debout Saint-Affrique. La municipalité a débloqué une enveloppe de près d’un million d’euros pour la réfection de la voirie, notamment celle du cœur de ville et des berges qui ont été ravagés par les flots déchaînés.

Certains habitants de la ville ont payé un lourd tribut. Ce sont huit maisons qui doivent être rasées dans les prochains jours. Un peu plus de 25% des habitations de Saint-Affrique ont été touchées par la montée des eaux. Le futur Plan de prévention des risques d’inondations (PPRI) défini par l’État «imposera des normes drastiques pour les habitations futures». Les abattoirs, poumon économique de la ville, ont durement été impactés. Mais l’activité a finalement repris au mois de novembre, avec ses dix-neuf employés. Pour Alain Fauconnier, «il faudra plusieurs années, au moins deux ou trois ans pour que Saint-Affrique se relève de cette catastrophe»

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Avant/Après José A. Torres

  • «L’entraide entre voisins»

Des rues éventrées, des murs effondrés, des canalisations mises à nue par la force des flots. Antoine, 68ans, n’était pas chez lui lorsque la Sorgue est sortie de son lit. Sa maison jouxte de quelques mètres le cours de la rivière. Ce n’est qu’à son retour, en début de soirée, qu’il va découvrir que l’eau a submergé sa cave. «Je n’ai pas eu peur pour moi, glisse-t-il. Mon habitation est sur trois étages mais il y a eu beaucoup de dégâts, nous avons mis des jours à nettoyer notre cave.» Dans ces moments difficiles, Antoine a pu compter «sur l’aide de (ses) voisins pour déblayer les rues, les garages». Un an après, «il reste beaucoup à faire, des caves n’ont pas encore été nettoyées. Je ne peux pas dire que j’ai peur des inondations, il me suffit de monter d’un étage pour être à l’abri. Mais je connais beaucoup de personnes qui craignent aujourd’hui encore les eaux de la Sorgue».

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Avant/Après José A. Torres

  • «Une vague qui a tout submergé»

Quand la rivière a décru, un couple de riverains se souvient de «toutes les affaires des voisins qui s’étalaient dans la rue. On avait pourtant mis les appareils électroménagers des habitations les plus exposées à l’abri dans une maison plus éloignée. On pensait que le niveau de l’eau allait baisser lorsqu’une vague a tout submergé. Plusieurs maisons ont été inondées à une centaine de mètres du lit de la Sorgue». La vie dans ce quartier s’est retirée en même temps que les eaux de la rivière. Les cries des enfants de l’école de rugby de Saint-Affrique ne résonnent plus dans ce quartier niché aux abords de la Sorgue. Le terrain de sport a été condamné. Mais plus grave, «certains ont pété les plombs, glisse cet habitant. Je connais un voisin qui lorsqu’il pleut se précipite vers la rivière pour vérifier son niveau».

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Avant/Après José A. Torres

  • «L’eau est venue mourir chez nous»

L’aire de jeu a été clôturée il y a quelques semaines. Depuis sa maison, de l’autre côté de la route, Odette, 79 ans, a vu l’eau «monter lentement, inonder peu à peu la route. On a d’abord cru qu’elle n’arriverait pas jusque chez nous». Sur son téléphone portable, elle fait défiler les images de ce 28 novembre 2014 où la Sorgue est sortie de son lit. «L’eau est finalement venue mourir chez nous, dans notre garage. Nous avons de la chance. Nous n’avons eu que peu de dégâts, confie Odette. Mais en retirant les meubles, il y avait de la boue, beaucoup de boue. On a mis plusieurs jours avant de tout retirer, notre cave en est encore souillée.»

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Avant/Après José A. Torres

  • «Il aurait pu y avoir des morts»

Le soir de l’inondation, une trentaine d’ambulances ont été mobilisées pour évacuer une partie des patients de l’Ehpad et de l’hôpital de Saint-Affrique. 91 patients vont être évacués ce soir-là. Ils seront répartis dans tous les hôpitaux de l’Aveyron et dans les départements limitrophes. Aujourd’hui, une partie des locaux, essentiellement des salles de réunions, est toujours inutilisée. «Heureusement ce soir-là, il n’y a pas eu de victimes, glisse une Saint-Affricaine. Je crois que si l’inondation avait eu lieu dans la nuit, il y aurait pu y avoir des morts.»

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Avant/Après José A. Torres

  • Des maisons rasées

Sous les coups de butoir de la Sorgue, la passerelle du Couat reliant les deux rives a été déplacée de deux mètres environ. Les dégâts causés par l’inondation sont encore bien visibles et l’on peut, aujourd’hui encore, mesurer l’ampleur de la montée des eaux. À une dizaine de mètres de la passerelle, deux maisons sont aujourd’hui condamnées. Elles seront rasées dans quelques semaines. «Un de ses habitants a préféré quitter les lieux et louer un appartement en centre-ville, glisse une résidente. Certains ont hésité à revenir, craignant de nouvelles inondations.»

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Avant/Après José A. Torres

  • Les artisans touchés 

La bibliothèque départementale de prêt semble figée dans le temps. Les abords du bâtiment ont été nettoyés mais la façade porte encore les stigmates de l’inondation. Au lendemain de la crue, les tables, les meubles avaient été sortis, les livres gisaient dans la boue. Située en pleine zone artisanale, la bibliothèque avait subi tout autant de dégâts que certaines entreprises alentours. Une partie de l’outil économique de Saint-Affrique avait été durement touchée.

À Saint-Georges-de-Luzençon, plusieurs entreprises de la zone d’activités de Vergonhac se sont retrouvées envahies par les eaux. La société fromagère de Saint-George ne s’est pas relevée. Mais la vie a repris son court, comme l’activité des entreprises de la zone. Quant au sort de la bibliothèque de prêt, Alain Fauconnier, maire de la commune, est catégorique: «Elle ne doit pas rouvrir. Mais peut-être qu’on lui trouvera un emplacement dans les locaux du Progrès Saint-Affricain.»

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