Julien Cazarre, l'humoriste de Canal+, entre Paris et l'Aveyron

  • Julien Cazarre, l'humoriste de Canal+, entre Paris et l'Aveyron
    Julien Cazarre, l'humoriste de Canal+, entre Paris et l'Aveyron reproduction Centre Presse
Publié le , mis à jour
Maxime Raynaud

Médias. Aussi apprécié que redouté par les footballeurs dont il met l’autodérision à rude épreuve dans J + 1 sur Canal + Sport, mais aussi sur RMC, l’humoriste était de passage en Aveyron pour les fêtes. L’occasion de revenir avec lui sur ce rôle de trublion, sur sa relation avec le département et son club de cœur, le PSG.

Vous savez que Zinedine Zidane est aussi en vacances en Aveyron. Qu’est-ce que ça vous fait de partager ce point commun avec un autre artiste du ballon rond?

Pendant des années, je me suis dit que je n’avais pas vraiment de points communs avec lui. Franchement, je me suis vu sur un terrain de foot... Et puis, j’ai compris: être avec une Aveyronnaise. Alors j’ai foncé sur l’occasion. J’ai cherché sur chopeuneaveyronnaise.com et ça y est !

Vous faites souvent allusion à Rodez, notamment pour l’accent. C’est quelque chose avec lequel vous vous marrez souvent avec Vincent Moscato et Bernard Laporte, tous deux originaires de l’Aveyron et du Tarn, et avec lesquels vous collaborez?

Laporte il est carrément né à Rodez ! Bon, après, il a vécu dans le Tarn, à Gaillac. Mais oui, on se chambre. En fait, on se chambre beaucoup sur les origines de chacun. Ils se foutent de moi parce que je suis un Parigot pur jus dans ma façon d’être alors que ma famille est de Toulouse. Ils me traitent de traître, de type qui n’assume pas. Et maintenant, ils me disent que je suis carrément Ruthénois...

Puisque vous êtes Ruthénois, connaissez-vous Paul-Lignon?

J’y suis déjà allé, avec mon beau-père, pour un match de rugby de Fédérale 1. Mais je n’ai malheureusement pas eu la chance d’être là lors du match traquenard de 2009, face au PSG, en coupe de France. Il faut savoir que c’est le pire souvenir de toute l’équipe parisienne de cette année! C’est ce que me dit souvent (Jérôme) Rothen, qui est aussi un collègue de RMC. Même (Fabrice) Pancrate, il m’a dit : "Le match à Rodez, c’était horrible, c’était un coupe-gorge, il pleuvait, on se faisait insulter." (rires) Et donc défaite 3-1, bonne humiliation.

En quelques années, vous êtes devenus l’humoriste du foot. Comment vous est venue cette idée qui, jusque-là, n’était pas très développée en France?

Il n’y a pas beaucoup de concurrence donc c’est facile d’être le meilleur quand on est le seul (rires). Au départ, avec Action Discrète, on faisait des sketches sur Canal+. On faisait une émission spéciale sur le foot et les gens de RMC, Gilbert Brisbois et Daniel Riolo, qui avaient déjà une émission décalée sur le foot, nous avaient invités. Et Brisbois, par qui tout a commencé, m’a proposé de faire une séquence marrante. En 2009, j’en avais parlé à Canal+ et Rodolphe Belmer (ex-directeur général) me disait que le foot et l’humour, ça n’allait pas ensemble, que ça ne marcherait pas. Et finalement, avec Knysna en 2010, ça a commencé à prendre. J’étais un peu en décalage puis j’ai commencé à être accepté. Et aujourd’hui, quand je croise des joueurs, la plupart me reconnaissent. Au début, ils n’en avaient rien à cirer.

Vous ne les épargnez pas. Il n’y a jamais eu de réaction négative?

En fait, la majorité -enfin certains font peut-être semblant pour ne pas passer pour des cons- a de l’humour. Bon Ali Ahamada, le gardien du TFC, a dû en avoir marre. Mais la plupart le prennent bien. Même Geoffrey Jourdren, il m’a dédicacé un maillot et tout.

Quand vous lisez les propos de Stéphane Guy, présentateur de J + 1, dans Télérama...

... (Il coupe) Ouais, ça y est, je suis une star, un intouchable, même un intello ! (rires)

Il dit que vous avez créé « un nouveau climat dans le foot ». Est-ce que c’est le signe que vous avez réussi?

Je ne me branle pas sur ma personne. Il y a des chambres d’hôtel pour ça. C’est un délire... En fait, je suis content car c’est collectif. Je n’ai jamais rien réussi seul. Que ce soit avec Moscato, l’After ou J + 1, si à un moment ça marche, c’est aussi parce qu’autour il y a des gens qui sont dans le bon état d’esprit. En fait, c’est la réussite de tous ceux qui pensent qu’on peut faire bouger les lignes et avoir une autre approche du foot sans être en mode vendeur de bagnoles, pas vendre le foot comme une 205 GTI.

Justement, être sur la chaîne qui diffuse en partie la Ligue 1, est-ce que ça ne pose pas parfois un problème de liberté de ton?

En fait, c’est plus facile qu’on ne le pense. Souvent, les gens font de l’autocensure. On me l’a déjà dit: "Ohlala, tu vas trop loin, tu vas te faire taper sur les doigts". Bien sûr, il y a une question de décence, qui est la seule limite à l’humour. Mais Canal + ne m’a jamais rien dit. La chaîne a l’habitude. Et aujourd’hui, ce qu’il faut voir, c’est que depuis 1998, on a une nouvelle génération de mecs de 20-40 balais qui connaissent le foot. Tu ne peux plus leur faire croire que Lille-Angers, 0-0, c’était un super match! Ça marchait dans les années 80-90. Plus maintenant. Il faut assumer.

Donc vous êtes le plus heureux du niveau actuel de la L1?

On me dit souvent que le fait que ce soit pourri m’aide. Franchement, oui et non. Le niveau me navre un peu. Mais même quand ça marche, tu trouveras toujours des défauts, des mecs qui partent en live. En fait, il y aura toujours de quoi rigoler du foot. Alors, c’est sûr, le PSG n’est pas très marrant parce qu’il réussit tout.

Vous êtes un fan du PSG. Mais que pensez-vous de l’image bling-bling qu’il renvoie?

Ceux qui critiquent ce PSG sont souvent des jeunes de 20-30 ans. Parce qu’ils ne connaissent pas l’histoire du club. Pour eux, le PSG, c’est Canal, quand ça partait en sucette, avec un côté populaire. Sauf que le PSG, il a été créé par Daniel Hechter, un couturier, Jean-Paul Belmondo, un acteur, Alain Cayzac, un mec de la pub, etc. Bref des « people ». Et il ne faut pas oublier que quand Canal est arrivé, il a changé le logo, viré le président, mis un entraîneur étranger (Artur Jorge). C’était pareil ! Paris, ce n’est pas Marseille, Liverpool ou Lens. Ce n’est pas une base ouvrière.

Mais ce côté bling-bling, c’est aussi le foot actuel. Et pourtant dans J + 1, les joueurs acceptent d’en rire. Ça vous surprend?

Attention ! C’est vrai qu’ils acceptent de rigoler d’eux-mêmes. Mais qui sont les jeunes aujourd’hui blindés d’oseille et qui ne savent pas quoi en faire? C’est ceux qui font de la «zique» ou du foot. Mais à côté, ils ne sont pas dupes. Sauf qu’ils aiment ça, arriver avec leur Lamborghini et une crête sur la tête, c’est leur délire. Mais à J + 1 aussi, on fait des choix: on ne prend pas des stars mais plutôt des mecs marrants. On en est revenu de ces émissions avec des stars. Qu’il y ait Eto’o ou Maldini, si c’est pour avoir de langue de bois, les gens s’en foutent! Comme à une époque, à Canal, on avait Zidane comme consultant. Bon beh il est chiant comme consultant, c’est un pot de chambre! Donc il faut arrêter. La première fois, le mec il se dit c’est bien. Mais quand Zidane il dit (il imite) "c’est bien joué, il a marqué", le mec il s’en va. Zidane a sûrement des trucs à dire, mais devant une caméra, ce n’est pas le plus à l’aise. C’est plus sympa un Roderic Filippi d’Ajaccio ou un Ludovic Butelle d’Angers, car ils ont une histoire différente.

Comme Guillaume Hoarau qui vous a fait une chanson (voir la vidéo plus bas)...

... Oui et ça m’a surpris! Je ne cherche pas ces choses-là. Je n’ai pas Twitter, Facebook, je ne suis pas dans ces trucs. En fait, ça m’a touché. Les vedettes, c’est eux, c’est eux qui font rêver les gens. Nous, on est juste là pour déconner.

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