Avalanche aux Deux Alpes: le professeur en garde à vue

  • Des lycéens allument des bougies devant le lycée Saint-Exupéry de Lyon, le 13 janvier 2016
    Des lycéens allument des bougies devant le lycée Saint-Exupéry de Lyon, le 13 janvier 2016 AFP - JEFF PACHOUD
  • Localisation 3D du secteur de Bellecombe aux Deux-Alpes où plusieurs personnes ont été tuées dans une avalanche qui a emporté une groupe d'élèves de Lyon
    Localisation 3D du secteur de Bellecombe aux Deux-Alpes où plusieurs personnes ont été tuées dans une avalanche qui a emporté une groupe d'élèves de Lyon AFP - Kun TIAN, Jules BONNARD
  • Des skieurs dans la station des Deux Alpes, en Isère, le 14 janvier 2016
    Des skieurs dans la station des Deux Alpes, en Isère, le 14 janvier 2016 AFP - PHILIPPE DESMAZES
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Centre Presse Aveyron

Le professeur qui encadrait dix élèves pris dans une avalanche mortelle aux Deux Alpes (Isère) a été placé jeudi en garde à vue pour homicides involontaires, après la tragique imprudence qui a conduit son groupe sur une piste noire fermée.

A 15H41 mercredi, un groupe de lycéens est emporté par une avalanche déclenchée vers 2.800 mètres d'altitude sur la piste noire de Bellecombes. Trois victimes meurent ensevelies: deux élèves d'une classe de première de Lyon et un skieur ukrainien de 57 ans.

"Ce qui justifie cette garde à vue c'est que nous avions quelques difficultés à entendre (le professeur) sans mesure de contrainte" et "pour le maintenir à notre disposition", a expliqué le procureur de la République de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, lors d'une conférence de presse.

"Pour l'instant", le professeur, grièvement blessé lors de l'avalanche, est toujours au CHU de Grenoble. L'enquête devra déterminer son "état psychiatrique" et "sa capacité à encadrer un groupe", selon le magistrat.

Néanmoins, "il faut bien se garder de tout jugement hâtif. Ce professeur bénéficie de la présomption d'innocence ; il n'est pas question de l’accabler", a insisté Jean-Yves Coquillat.

Cet enseignant du lycée Saint-Exupéry de Lyon s'est engagé mercredi en milieu d'après-midi avec un groupe de dix élèves sur une piste "fermée par le filet habituel avec des inscriptions en plusieurs langues, quatre langues", a rappelé le magistrat.

La piste était close depuis le début de la saison, faute de neige. Mais de nombreux skieurs l'avaient emprunté dans la journée, pour profiter des récentes chutes de neige. "Le ski hors piste n'est pas interdit, ce n'est pas une infraction", a relevé le procureur.

- Les élèves voulaient explorer cette piste -

Dix-neuf élèves de première option sport du lycée Saint-Exupéry de Lyon étaient en stage ski aux Deux Alpes pour la semaine, encadrés par trois professeurs d'EPS.

Le matin, une des élèves du groupe s'était blessée en chutant et a donc passé le reste de la journée à l'hôtel avec deux autres élèves fatigués et un des trois professeurs, celui qui était responsable de ce voyage scolaire, a rapporté le procureur.

L'après-midi une professeure était repartie skier avec six des élèves, les moins forts, tout comme le dernier enseignant, lui avec le groupe victime de l'avalanche.

Élément troublant: selon le procureur, les élèves avaient manifesté le matin-même le désir d'aller sur cette fameuse piste noire fermée. Le professeur responsable de la sortie s'était alors clairement opposé à cette idée.

L'après-midi, "ils ont enjambé le filet" haut d'un mètre et long de cinquante et "sont allés skier sur la piste". "C'est en toute connaissance de cause que le groupe s'est engagé à cet endroit et sur cette piste fermée", a insisté M. Coquillat.

S'y sont-ils engagés sur l'initiative des élèves ? Celle du professeur ?

"La station avait fermé cette piste, les gens l'empruntent c'est un fait". Maintenant, l'enquête devra déterminer qui est responsable et qui a déclenché l'avalanche, a fait valoir le magistrat.

A ce sujet, un skieur roumain s'est présenté à la gendarmerie pour indiquer qu'un groupe d'une quinzaine de skieurs auquel il appartenait était passé au-dessus des élèves lyonnais juste avant l'avalanche "en coupant le manteau neigeux".

Les deux autres professeurs ont été entendus dès mercredi soir, ainsi que des témoins intéressants. Les élèves, qui étaient rentrés sur Lyon juste après le drame pour rejoindre leurs familles, seront tous entendus dans les heures qui viennent. Une dizaine d'élèves sont en cours d'audition et au total une quarantaine de personnes seront interrogées.

"Il y a des risques inconsidérés qui ont été pris", avait estimé plus tôt dans la journée Stéphane Sauvebois, le maire de Mont-de-Lans, commune sur laquelle se situe la station.

La journée du drame était caractérisée par un risque "marqué" d'avalanche, de niveau trois sur une échelle qui en compte cinq. A ce niveau, des avalanches peuvent se déclencher au passage d'un seul skieur.

Jeudi, de nombreux massifs alpins étaient justement placés en risque 4. "Il ne faut pas skier hors piste. Il faut s'en tenir aux pistes ouvertes", a insisté le préfet de l'Isère.

Source : AFP

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