Avalanches dans les Alpes: questions autour d'une série noire

  • Photo non datée du site de l'avalanche qui a tué cinq légionnaires près de Valfréjus le 18 janvier 2016
    Photo non datée du site de l'avalanche qui a tué cinq légionnaires près de Valfréjus le 18 janvier 2016 AFP/Archives - HERVE DELEGLISE
  • Photo prise à Valfréjus le 19 janvier 2016 montrant le col du Petit Argentier où cinq légionnaires ont été tués dans une avalanche la veille
    Photo prise à Valfréjus le 19 janvier 2016 montrant le col du Petit Argentier où cinq légionnaires ont été tués dans une avalanche la veille AFP - Jean-Pierre CLATOT
  • Panneau indiquant l'entrée de la station de ski de Valfréjus dans les Alpes le 19 janvier 2016
    Panneau indiquant l'entrée de la station de ski de Valfréjus dans les Alpes le 19 janvier 2016 AFP - Jean-Pierre CLATOT
  • Un hélicoptère de la gendarmerie transport les corps de victimes d'avalanche le 25 janvier 2015 dans les Alpes
    Un hélicoptère de la gendarmerie transport les corps de victimes d'avalanche le 25 janvier 2015 dans les Alpes AFP/Archives - JEAN-PIERRE CLATOT
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Centre Presse Aveyron

L'avalanche qui a emporté cinq légionnaires lundi à Valfréjus (Savoie) porte à 12 le nombre de tués dans les Alpes françaises depuis le début de l'hiver: une série noire qui s'explique en partie par la météo, mais aussi de probables imprudences.

. POURQUOI CES AVALANCHES A RÉPÉTITION?

L'instabilité du manteau neigeux est la conséquence d'un automne très doux.

"La neige est tombée fin novembre sur un sol chaud puis a subi des métamorphoses. Les grains de neige de la sous-couche sont sans cohésion: c'est du gros sel, quelque chose qui n'adhère ni au sol ni à la neige qui lui tombe dessus", explique Dominique Létang, directeur de l'Association nationale pour l’étude de la neige et des avalanches (Anena).

"Cette sous-couche, si l'on met un poids dessus, ça ne demande qu'à partir", complète le spécialiste dont l'association avait lancé un appel à la vigilance trois jours avant le drame de Valfréjus, survenu alors que le risque d'avalanche local était de trois ("marqué") sur une échelle de cinq.

. LES ALPES SONT-ELLES PLUS DANGEREUSES CET HIVER?

Cet accident porte à 12 le nombre de tués depuis le 1er janvier, moins d'une semaine après celui des Deux Alpes (Isère) où deux lycéens lyonnais et un touriste ukrainien sont morts.

A pareille époque l'an dernier, sept personnes avaient trouvé la mort sur les sommets alpins depuis le début de saison. Mais le 24 janvier 2015, la liste s'allongeait avec le décès de six skieurs du Club alpin français à Ceillac, dans le massif du Queyras (Hautes-Alpes).

L'hiver 2014/2015 avait été particulièrement meurtrier avec 45 décès contre 20 lors de la précédente saison. Selon un recensement de l'Anena entre 1971 et 2011, le nombre d’avalanches mortelles s'élève en moyenne à 21, pour 30 décès par an: sur la période, "la fréquentation des espaces enneigés non sécurisés a explosé. Mais le nombre d'accidents mortels et de décès n’a pas suivi la même tendance", souligne un rapport de l'association.

. POURQUOI LE BILAN DE VALFREJUS EST-IL SI LOURD?

"Pour l'instant, on essaye de comprendre ce qui s'est passé et comment", a déclaré à l'AFP le procureur d'Albertville, Jean-Pascal Violet, qui a ouvert une enquête de flagrance. Un expert en nivologie a été désigné.

L'avalanche qui a emporté 13 skieurs sur un groupe d'une cinquantaine de militaires du 2e régiment étranger de génie de Saint-Christol (Vaucluse) mesurait, selon un officier de la CRS Alpes, "400 mètres de large sur 250 mètres de dénivelé. La cassure, au point de déclenchement de la coulée, est d'1,80 mètre".

On a trouvé "beaucoup de militaires sur cinq mètres carrés, très regroupés (...) Tous étaient empilés les uns sur les autres", a expliqué le chef des sauveteurs, le maître-chien d'avalanche Frédéric Millot, devant le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, mardi à Modane (Savoie).

"On est interpellé par le nombre d'emportés. Les gens doivent respecter une grande distance de sécurité quand il y a une instabilité du manteau neigeux. L'avalanche, on ne l'évitera pas mais il n'y aura qu'un seul emporté et non 13", commente le directeur de l'Anena.

"Les distances étaient respectées, certains étaient moins expérimentés que d'autres, les plus jeunes étaient encadrés par les plus anciens, mais le niveau du détachement était suffisant", a souligné à Modane le général Hervé Bizeul, qui commande toutes les troupes de montagne.

. QUELLES SUITES JUDICIAIRES?

Les avalanches mortelles ne débouchent pas nécessairement sur des poursuites lorsque les victimes évoluent en hors piste. Comme l'a rappelé le parquet de Grenoble après le drame des Deux Alpes, cette pratique n'est pas interdite.

Le professeur qui accompagnait les élèves sur une piste fermée aux Deux Alpes a cependant été mis en examen pour homicides involontaires et d'autres mises en cause ne sont pas exclues.

Le cas de Valfréjus relève lui de l'accident du travail. Si une infraction pénale devait être révélée, le parquet militaire de Lyon serait saisi. En 2012, un légionnaire du même régiment avait déjà trouvé la mort, emporté par une avalanche avec quatre autres soldats, lors d'un exercice à Valloire (Savoie).

Source : AFP

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