Région. États généraux du rail : Capdenac va montrer la voie

  • Au départ de la gare de Montpellier, en compagnie de Christian Dupraz, et des Aveyronnais, Monique Herment-Bultel, l’adjointe au maire de Rodez, et Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser.
    Au départ de la gare de Montpellier, en compagnie de Christian Dupraz, et des Aveyronnais, Monique Herment-Bultel, l’adjointe au maire de Rodez, et Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser. Joel Born / Centre Presse
Publié le
Joël Born

Transports. Le conseil régional Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées initie une vaste concertation sur l’avenir du réseau ferroviaire et de l’intermodalité. La première des 36 rencontres programmées aura lieu le 21 avril dans la cité cheminote de Capdenac-Gare.

C’est une évidence. Durant ces dernières années, la région Midi-Pyrénées a considérablement investi sur le réseau ferroviaire régional. Ce fut notamment le cas à travers les 400 millions d’euros injectés, de 2007 à 2013, dans le cadre de l’ambitieux et volontariste Plan Rail de 820 M€ cofinancés avec l’État (193 M€), SNCF Réseau (48 M€) et l’Union européenne (48 M€ au titre du Feder).

La nouvelle assemblée régionale et sa présidente Carole Delga ont bien l’intention de maintenir la cadence et de poursuivre les efforts en faveur du rail et de l’intermodalité. Mais pour l’ancienne ministre socialiste, "avant d’engager une nouvelle politique, il convient d’écouter." C’est pourquoi Carole Delga et sa majorité ont décidé d’engager un vaste tour de table, un vaste tour du propriétaire, au cours duquel élus, représentants des cheminots, acteurs socioéconomiques, usagers et non usagers pourront s’exprimer, formuler forcément leurs inquiétudes mais aussi, et surtout, leurs propositions.

"Cette concertation est indispensable pour mieux associer la société, pour dire aux citoyens “votre avis construit notre région”. C’est ça la méthode Delga", a insisté la jeune présidente régionale lors du lancement, en terre montpelliéraine, des États généraux du rail et de l’intermodalité.

Attractivité et solidarité

"Symbole du partenariat", mais aussi "symbole de l’efficacité de la bonne gestion de l’argent public", Carole Delga a donné le top départ de cette vaste consultation régionale de la plateforme multimodale de Baillargues, dans la banlieue de Montpellier. L’exemple de ce qu’il est possible de faire et de bien faire. En deux ans, ce pôle d’échanges multimodal (PEM) a vu le nombre de trains passer de huit à quarante et sa fréquentation multipliée par dix. Mais l’intermodalité, c’est aussi le meilleur moyen de "passer facilement d’un mode de mobilité à un autre", d’associer la voiture, la moto ou le vélo aux transports collectifs, qu’il s’agisse du train ou de l’autobus.

Et Carole Delga de souligner, à ce propos, que Languedoc-Roussillon Midi-Pyrénées est la seule région de France, où le nombre de voyageurs des TER (transport express régional) est en progression. Le maillage rail-bus y est, il est vrai, conséquent. Deux fois plus important, par exemple, qu’en Irlande. "Développer les transports en commun est l’une des priorités du mandat", a rappelé la présidente régionale, évoquant un double objectif d’attractivité et de solidarité. "La mobilité est une question clé pour bien vivre et affirmer la solidarité entre territoires."

Dynamique collective

Élue de terrain, fortement attachée à la notion de proximité, Carole Delga entend bien le rester. Pour la présidente socialiste de la région, ce nécessaire temps d’écoute doit permettre de créer une "dynamique collective" et de fixer le cap pour les 15 ans à venir, en adoptant le schéma aux "réalités économiques et sociales." Sans opposer la route au rail ou le TER à la LGV, mais en misant plutôt sur les complémentarités.

"Notre souhait est de vraiment écouter, sans sujet tabou, c’est un début qui va nous forger une identité régionale", a corroboré le conseiller régional Vert Christian Dupraz.

De Capdenac à Montpellier

Cette immense tournée régionale de 80 jours débutera donc en Aveyron, le 21 avril, dans la cité cheminote de Capdenac-Gare, qui est appelée à montrer la voie. Elle se poursuivra jusqu’au 7juillet, après avoir fait étape à Toulouse, le 19 mai, et Montpellier, le 16 juin. Lors des 36 rencontres programmées, il sera évidemment question des trains du quotidien et des liaisons à grande vitesse, mais aussi des progrés à réaliser dans le domaine du frêt (la France accuse un réel retard), des lignes d’autocars, d’enjeux environnementaux et de sécurité, de tarifs accessibles et adaptés, de tarification sociale.

En même temps, une grande enquête permettra de sonder le maximum d’usagers et de non usagers. Le temps d’écoute sera suivi d’un temps d’analyse, suivi d’une restitution finale en septembre. Chacun aura compris que la nouvelle région n’a aucunement l’intention de manquer le train et de rester à quai. Mais, au contraire, d’avancer à toute vapeur.

L'Aveyron bien représenté

Éloigné des deux métropoles régionales, Toulouse et Montpellier, pas vraiment bien desservi par le train, le département de l’Aveyron se doit de participer activement à ces États généraux. Sans préjuger de ce qu’il ressortira de cette vaste consultation, force est déjà de constater que l’Aveyron est bien représenté au sein du comité de pilotage avec le maire de Capdenac, Stéphane Bérard, et l’adjointe au maire de Rodez, Monique Herment-Bultel, une "grande utilisatrice des transports ferroviaires", sans oublier le président du Ceser, Jean-Louis Chauzy.

"Nous allons prendre toute notre part dans cette opération, nous a confié l’élue ruthénoise. Quand on voit l’appel de la route entre Rodez et Toulouse, il va falloir faire des efforts pour le train. Entre Rodez et Paris, le train de nuit est sauvé, peut-être pourra-t-on envisager un train de jour direct."

Le maire de la cité cheminote, qui aura le privilège d’ouvrir la voie et de servir, en quelque sorte, de locomotive, attend "un bon retour des utilisateurs mais aussi des utilisateurs. » « Je crois beaucoup à ces États généraux pour redonner du sang neuf, souligne Bertrand Cavalerie. Quand on parle de confort et de sécurité, le train c’est très bien." Et d’ajouter : "Il faut prendre en compte certains dysfonctionnements actuels pour mieux irriguer le territoire. Et il ne manque pas grand-chose".

En chiffres

En Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, le réseau ferroviaire ce sont 20 lignes TER. 60 lignes d’autocars. 56 000 voyageurs quotidiens sur 543 trains quotidiens. 3 500 km de voies ferrées. Un budget annuel des transports de plus de 400 M€. Une augmentation du nombre de voyageurs de 80% ces dernières années. Près de 2 milliards d’euros investis dans le ferroviaire depuis la régionalisation des TER.

Voir les commentaires
Sur le même sujet
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?