À Capdenac lundi 18 mars, une plaque pour ne pas oublier la barbarie

  • Margrete Perlstein, aux côtés de ses trois enfants : Ursula, Ingeborg et David.
    Margrete Perlstein, aux côtés de ses trois enfants : Ursula, Ingeborg et David.
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Mathieu Roualdès

L’association pour la mémoire des déportés juifs de l’Aveyron inaugure lundi 18 mars une plaque nominative à Capdenac-Gare en mémoire des personnes assassinées dans les camps nazis. La présence des époux Klarsfeld, Beate et Serge, est attendue.

Ne pas oublier, jamais. Tel est le combat d’une vie de Simon Massbaum, président de l’association pour la mémoire des déportés juifs de l’Aveyron, auteur notamment d’une œuvre colossale sur le parcours des 391 personnes juives envoyées du département jusqu’aux camps de la mort allemands lors de la Seconde guerre mondiale – seuls 30 ont survécu. Lundi 18 mars, à Capdenac-Gare, il fera un pas de plus pour cette mémoire en inaugurant une plaque nominative, rendant hommage aux déportés de la commune. Les époux Klarsfeld, Beate et Serge, qu’on ne présente plus, sont attendus lors de cette inauguration, à 11 heures devant la gare.

"Il y a 80 ans, le 6 juin 1944 à Espalion, cinq personnes âgées juives furent les dernières raflées puis déportées de notre département. Cette date concluait quatre années de persécutions et de traques contre la population juive réfugiée à travers tout le département de l’Aveyron. Durant cette sinistre période, Capdenac-Gare n’échappa pas aux rafles", rappelle Simon Massbaum. Voilà des années que l’historien de la Shoah multiplie la pose de plaques similaires, à Saint-Affrique, Rodez, Millau, Villefranche-de-Rouergue, Naucelle, Entraygues-sur-Truyère, Marcillac, Espalion… À Capdenac-Gare, qui comptait 5 431 habitants au début de la guerre, 20 noms seront apposés : onze d’hommes, trois de femmes et six d’enfants.

David, cinq ans

Parmi lesquels David, seulement âgé de cinq ans. Avec son frère Ingeborg, 9 ans, et sa sœur Ursula, 12 ans, ils avaient trouvé refuge à Capdenac en 1940. Avec leurs parents, nés en Allemagne, contraints de fuir l’avancée des nazis, dans leur pays tout d’abord dès 1936, puis en France, des Ardennes jusqu’au Sud. Et la ville frontalière du Lot.

Comment sont-ils arrivés jusque-là ? Leur beau-frère, Alfred Levy, était négociant en bestiaux et a pu rencontrer des homologues aveyronnais l’invitant à venir se réfugier… Toute la famille, dont les époux Perlstein et leurs trois enfants, a ainsi emménagé à Capdenac, rue Baert, le 5 novembre 1940. Juste après avoir "francisé" leurs prénoms : les parents Hermann et Margrete deviennent Armand et Marguerite, les enfants sont nommés Paulette, Yvette et Robert. Cela ne les empêche pas de remplir leur déclaration de recensement obligatoire dans le cadre du second statut des Juifs. Le père travaille d’abord pour une entreprise de travaux publics à Figeac, puis comme boucher-charcutier chez Serrault, un industriel capdenacois où il perçoit 1 200 francs…

Travailleurs du ferroviaire

Jusqu’au 26 août 1942 où la gendarmerie déboule à leur domicile. Ils sont tout d’abord envoyés dans l’immense camp de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales avant d’être transférés par wagons au camp de la honte de Drancy. Quelques jours plus tard seulement, ils sont déportés, tous ensemble, vers Auschwitz-Birkenau par le convoi ferré 31. Aucun n’en reviendra.

De ces déportés de Capdenac-Gare, on se souviendra aussi de Samuel Frenkel qui avait rejoint la Résistance avant de tomber aux mains des gardes SS, de Michel Levy, employé des lignes ferroviaires pour le 143e groupement de travailleurs étrangers départemental, de Huna Schwartz, venu aussi à Capdenac-Gare pour gonfler les rangs des travailleurs ferroviaires, sous l’égide du préfet. Avant d’être raflés. Il y avait aussi Abram, Salomon, Blima, Théodore, Moszko, Frieda, Max, Simon, Chaïm… Tous pensaient rejoindre la France libre. Tous ont fini aux mains de la gendarmerie ou de la Gestapo avant d’être déportés. Sans retour.

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