Occitanie : liquidation judiciaire imminente pour la coopérative ferroviaire Railcoop et ses 14 800 sociétaires

  • Echec et mat pour la coopérative Railcoop.
    Echec et mat pour la coopérative Railcoop. Centre Presse - José A. Torres
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La coopérative basée entre Figeac (Lot) et Capdenac-Gare (Aveyron), qui voulait rouvrir une ligne voyageurs transversale entre Bordeaux et Lyon, n'a pas réuni assez de fonds auprès de ses soutiens pour continuer l'aventure, qui risque de se terminer le 15 avril.
 

Trop de bâtons des les roues, jamais sur de bons rails, trop d'éléments contraires : ils étaient ce jeudi 28 mars 14 838 à avoir espéré une solution transversale, une réouverture de lignes et de gares délaissées par la SNCF. 14 838 sociétaires de la coopérative Railcoop, créée en 2019 afin de renforcer l’usage du transport ferroviaire dans un contexte de transition écologique. Après avoir obtenu sa licence d'entreprise ferroviaire en septembre 2021, elle a assuré dès le mois suivant une ligne de fret entre Saint-Gaudens (Haute-Garonne) et Capdenac-Gare, où était basé le siège logistique de la coopérative (le siège social étant à Figeac). 

Un projet citoyen

Mais les premières difficultés financières arrivent et cette ligne de fret est stoppée en avril 2023. L'objectif unique devient alors de rouvrir la ligne voyageurs Bordeaux-Lyon, via Périgueux, Limoges, Guéret, Montluçon et Roanne, une réouverture initialement prévue en 2022, mais plusieurs fois repoussée. En septembre 2023, le PDG de Railcoop Nicolas Debaisieux espérait assurer une liaison quotidienne aller-retour Bordeaux - Limoges - Lyon à partir du 15 décembre 2024, et même à partir du 8 juin pour le tronçon Limoges - Lyon.

Pour ce faire, Railcoop a lancé dans le même temps une nouvelle campagne de mobilisation, invitant les citoyens à devenir sociétaire et à soutenir financièrement le projet, ayant besoin à ce moment-là de 500 000 € en urgence pour assurer la continuité du projet.  Plus de 14 800 personnes, physiques ou morales, sont aujourd'hui sociétaires de Railcoop, comme le département de la Creuse, à hauteur de 60 000 €, ou encore une mutuelle de cheminots, pour 200 000 €. Mais fin septembre, la totalité de la somme n'avait pas été réunie et Railcoop avait été placé en octobre en redressement judiciaire. La coopérative n'avait plus désormais que 6 mois pour trouver les fonds nécessaires à la poursuite de son projet.

Le coup de grâce

Mais le coup de grâce quant à la poursuite ou non de ses activités est venue de Clermont-Ferrand, où la société ACC M, spécialiste de la restauration de matériels ferroviaires, stockait deux rames de trains rachetées d'occasion par Railcoop à la région Auvergne-Rhône-Alpes, et qui devaient être revendues par la coopérative. Un contentieux est apparu quand la société ECC M a réclamé à la coopérative " 880 000 euros de frais de garage, en sus des 350 000 euros déjà payés pour la réalisation de l'audit des rames, qui n'a pas été terminé", relève France 3 citant Railcoop.

Jeudi 21 mars,  le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand a donné raison à ACC M. "Une nouvelle dette, insoutenable", qui met fin à tout espoir de trouver une "source de financement de court terme" et qui "scelle le sort de Railcoop". Laquelle coopérative annonce sa possible liquidation judiciaire le 15 avril, devant le tribunale de commerce de Cahors.

Le transport ferroviaire, ouvert à la concurrence... mais très fermé

Cette mort annoncée a suscité de nombreuses réactions, notamment au sein des 14 838 sociétaires de Railcoop, "trahis" selon Patrick Jeanjean, un sociétaire de Figeac qui fut président de la coopérative durant deux mois, ce dernier mettant en cause la gestion des "premiers directeur général (Nicolas Debaisieux) et président (Dominique Guerrée) eux-mêmes". Les élus qui soutenaient le projet s'estiment eux déçus, comme Vincent Labarthe, le président du Grand Figeac : "On avait bien démarré avec le fret depuis Capdenac-Gare, notamment pour le transport de bois (...) À partir de là, j’ai compris que le chemin serait long et semé d’embûches", a-t-il déclaré à la Dépêche du Midi, présentant le transport ferroviaire comme "un champ qui s’est ouvert à la concurrence mais qui finalement est très fermé".

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Les commentaires (2)
rollenston Il y a 9 jours Le 17/04/2024 à 17:37

Ce projet de fret et transport voyageurs est en lui-même séduisant. Seulement c'est faire preuve d'utopie que de rêver de le réaliser par le biais d'une coopérative. L'Etat, les Régions, les Départements, s'y cassent tout les jours les dents. La Sncf par sa passivité endémique a laisser le réseau secondaire péricliter. Seuls peuvent actuellement s'attaquer à la concurrence et sur des lignes rentables les Renfe et les Rail Italia.

filochard Il y a 29 jours Le 28/03/2024 à 18:47

Encore une, le déclin lemairien