Marseille: trois morts dans une fusillade, dix depuis le début de l'année

  • Des policiers sur les lieux d'une fusillade à Marseille où trois hommes ont été tués, le 3 avril 2016
    Des policiers sur les lieux d'une fusillade à Marseille où trois hommes ont été tués, le 3 avril 2016 AFP - BORIS HORVAT
  • Fusillade à Marseille Fusillade à Marseille
    Fusillade à Marseille AFP - S. Ramis/P. Defosseux, pld
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    Des policiers sur les lieux d'une fusillade à Marseille où trois hommes ont été tués, le 3 avril 2016 AFP - BORIS HORVAT
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Centre Presse Aveyron

Trois hommes ont trouvé la mort samedi soir dans une fusillade probablement liée au trafic de drogue dans une cité des quartiers nord de Marseille, ce qui porte à dix le nombre de personnes tuées par balle dans l'agglomération depuis le début de l'année.

"Un homme arrive, il +défouraille+ et en tue trois et en blesse trois autres", a résumé pour l'AFP le procureur adjoint de Marseille André Ribes.

Selon les premiers éléments, "deux ou trois" assaillants ont fait irruption peu avant 23H00 dans une épicerie de nuit, en bas d'un petit immeuble de quatre étages au coeur de cette cité du 15e arrondissement où une "quinzaine de personnes" regardaient le "clasico" de la Liga espagnole entre le FC Barcelone et le Real Madrid.

Loin de tirer au hasard, les agresseurs auraient "sélectionné" leurs victimes, touchées à la tête et au thorax.

Une source proche du dossier a raconté que le calibre de l'arme utilisée était "compliqué", différent du 7,62 mm habituel de la kalachnikov. Les enquêteurs de la police judiciaire de Marseille, saisie, tâchent de déterminer quel type d'arme a été utilisé: une kalachnikov modifiée pour tirer ces munitions ou un autre modèle.

La thèse du règlement de comptes sur fond de trafic de drogue fait peu de doute, selon les enquêteurs. "A l'évidence, c'est lié aux stupéfiants", a dit à l'AFP une source proche de l'enquête. "L'implication des victimes dans le trafic de drogue semble assez établie pour au moins deux d'entre eux", a indiqué cette source. Les trois victimes avaient entre 20 et 30 ans.

Bassens était il y a quelques années l'un des plus importants "plans stup" de Marseille, mais est devenu beaucoup plus modeste depuis que les têtes du réseaux, les frères Laribi, ont été arrêtés puis condamnés pour un triple homicide.

Le quartier continue cependant d'être la cible d'opérations policières: "On est sur un secteur très affaibli, il a été bien +tapé+ ces derniers temps, y compris récemment" et il "suscite la convoitise", a poursuivi la même source.

"A partir de là, tous les scénarios sont envisageables: soit c'est l'équipe qui gère le réseau qui a voulu se défendre, soit c'est une équipe a voulu le récupérer", ajoute-t-elle.

- "Dramatique et désespérant" -

Lors d'un bilan début février, les autorités s'étaient réjouies de la baisse générale de la délinquance à Marseille, sauf en matière d'homicides. Le procureur de la République de Marseille Brice Robin avait souligné que les démantèlements de trafics pouvaient déstabiliser l'économie souterraine et provoquer une recrudescence d'homicides. "Nous générons indirectement des règlements de comptes quand nous +tombons+ des équipes", avait-il expliqué.

"Je pense que c'est le cas ici", dit la source proche de l'enquête.

"Les résultats que nous obtenons déstabilisent les territoires, ils créent des vides, ils suscitent des convoitises, ils peuvent aussi expliquer la commission de ces règlements de comptes", a déclaré le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez.

Cette fusillade porte à dix le nombre de morts dans l'agglomération dont neuf à Marseille, survenus depuis le début de l'année, la plupart de ces homicides étant considérés comme des règlements de comptes. En 2015, 19 personnes avaient été tuées dans des règlements de comptes dans les Bouches-du-Rhône, 18 en 2014 et 17 en 2013.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a réaffirmé dans la nuit de samedi à dimanche "la détermination absolue du gouvernement à éradiquer la criminalité organisée". "La République rattrapera et jugera les auteurs de ces crimes", a affirmé le ministre dans un communiqué.

"C'est dramatique et désespérant", a réagi la maire des 15e et 16e arrondissements de la ville, la sénatrice socialiste Samia Ghali. "Ca ne donne pas beaucoup d'espoir pour les générations à venir. Il y a un vrai travail de fond à faire", a-t-elle déclaré à l'AFP.

Le député socialiste Patrick Mennucci a déclaré à l'AFP qu'il fallait rouvrir le dossier de la légalisation du cannabis, jugeant que la lutte contre ces homicides ne peut être menée "si on ne crée pas une filière d'Etat sur la distribution du cannabis".

"Rendez vous compte: c'est 15% des forces de police qui sont mobilisées sur le trafic de cannabis, c'est énorme", dit-il. "C'est pourquoi j'ai demandé au président de l'Assemblée nationale de mettre en place un groupe de travail (...) pour rouvrir le débat sur la dépénalisation du cannabis", a-t-il précisé.

Source : AFP

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