Rodez : hier encore... la maison d'Armagnac

Au Moyen Âge, la place de l’Olmet accueillait le plus fort des activités et échanges commerciaux du moment. Rodez tenait grande renommée pour la richesse de ses foires et marchés. Il fallait bien loger, donner gîte et couvert à tout ce monde de marchands et vendeurs venus de très loin et notamment d’Espagne et d’Italie. « L’hostellerie de Jésus » (attestée sur plan entre 1470 et 1495) remplissait ce rôle.

Sur ce même emplacement fut édifiée une des plus belles demeures ruthénoises : la mal nommée (voir plus bas) maison d’Armagnac... C’est vers 1530 que la bâtisse se mit à prendre tout son éclat sous les soins d’Hugues Daulhou. Ce descendant nord-aveyronnais, avait réussi dans le négoce des peaux de mouton. Il accrut sa fortune dans l’hôtellerie et finit par s’établir à Rodez non sans avoir prospéré au moyen du blé et du cuivre. Ainsi nanti, il devint « consul du Bourg ». Cette flamboyante construction architecturale de style gothique-renaissance se différencie, par ses parements agrafés de calcaire clair, au grès rose des autres demeures et monuments de la cité. Elle fut classée monument historique en 1862. Un malentendu subsiste quant à son appellation, étrangère aux comtes d’Armagnac ayant antérieurement régné sur Rodez pendant plus d’un siècle et demi.

Les historiens ont cru reconnaître leurs effigies dans les très conservés médaillons ornant le bas bandeau de la façade. Peu crédible, quand on sait que l’honorable lignée s’est arrêtée en 1473 soit bien avant le début des travaux. Tout comme sa voisine, la Maison de l’Annonciation, elle est ornée en son angle d’un bas-relief évoquant la même scène biblique. Depuis 1970, la maison d’Armagnac est la propriété de Germain Soulages, petit cousin du peintre Pierre Soulages. La disposition originelle subsiste avec ses logements dans les étages et ses commerces au rez-de-chaussée.