Une histoire mouvementée

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  • L’usine de Cantaranne en 1950. Et l’usine Bosch en 1962.
    L’usine de Cantaranne en 1950. Et l’usine Bosch en 1962.
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Centre Presse / Philippe Henry

L’histoire de l’usine Bosch est intimement liée à celle de son territoire. Et inversement. Tout au long du XXe siècle, le site de la Cantaranne, à Onet-le-Château, va accueillir une activité industrielle plus ou moins conséquente. Cette épopée industrielle est retracée dans l’ouvrage de Pierre-Marie Terral et d’Adélaïde Masonabe, Bosch, Rodez, une ville, une usine, paru en 2011.

À partir de 1955, afin de redynamiser la Cantaranne, Pierre Bessière crée la Compagnie électro-plastique du Rouergue (Cepro). À ses débuts, l’usine fabrique des contacteurs rotatifs ou des interrupteurs extra-plats, puis en 1959, des injecteurs et des porte-injecteurs. Au fil des augmentations de capital, de nouveaux bâtiments sont édifiés. Environ 250 salariés travaillent sur le site.

L’arrivée du groupe Bosch à Onet-le-Château s’est faite sur la pointe des pieds. En 1962, l’entreprise allemande fait son entrée au capital.

L’Aveyron subit la crise du bassin houiller, Millau est également touché par les turbulences qui touchent le secteur de la ganterie. De plus, le premier bilan financier de l’usine, sous la présidence de Gabriel Maison, est largement déficitaire.

À l’automne 1965, une centaine d’emplois sont menacés. Mais dès le mois de février 1966, un nouveau programme de travail, prévu sur le long terme, ainsi qu’une augmentation des salaires de 5 % sont le signe d’une nouvelle ambition du groupe Bosch pour le site d’Onet-le-Château. Un an plus tard, le groupe international en fait une filiale de Robert Bosch France, au détriment de l’usine de Romorantin (Loir-et-Cher) et de ses 200 employés.

Les soubresauts des événements de mai 1968 atteignent l’Aveyron. Cela n’entrave toutefois pas l’augmentation de la production : de 25 000 injecteurs et 40 000 bougies produites mensuellement en 1966, la production atteint 200 000 injecteurs et 250 000 bougies trois ans plus tard. En 1969, 479 salariés occupent le site. Pourtant, un détail, et pas des moindres, repousse l’investissement total de Bosch à Onet-le-Château : des actionnaires ont des parts dans l’usine. Une pratique contraire au groupe non-côté en bourse. Le directeur, Gabriel Maison, rachète les parts des actionnaires locaux. Bosch fond alors la Cepro dans son groupe. Le 15 décembre 1970, une assemblée générale extraordinaire se réunit à la chambre de commerce de Rodez pour entériner l’absorption.

Les décisions stratégiques sont désormais prises depuis Stuttgart. Rapidement, les effectifs progressent et atteignent 800 salariés.

Ces derniers travaillent sur des machines dernier cri, même si, d’après les témoignages recueillis par Pierre-Marie Terral et Adélaïde Masonabe, les conditions de travail des employés restent difficiles. De durs conflits sociaux vont émailler la décennie.

Stuttgart conçoit un plan ambitieux pour le développement de l’usine. Matthias Welker en est le maître d’œuvre. En 1975, l’usine se dote d’un atelier de 8 800 m2.

Près de 900 personnes travaillent sur le site. Et les effectifs progressent régulièrement - 1 400 salariés en Aveyron en 1987 sur les 4 600 répartis dans les usines françaises de l’entreprise - en même temps que le site s’agrandit.

Depuis la création d’un atelier de mécanique à Stuttgart en 1887, un siècle s’est écoulé et le groupe, géant au niveau international, emploie désormais 140 000 salariés.

Le 13 mars 1998, au terme d’une très forte période de tension, un accord étendant le travail aux sept jours de la semaine est signé. Une nouvelle chaîne de montage pour l’injecteur pompe diesel est installée. Près de 500 millions de francs sont investis. Une dynamique porte le nombre d’employés de 1 450 en 1996 à 2 400 en 2002. Jusqu’à 900 intérimaires sont employés.

Dans les années 2000, la Bosch subit la rude concurrence d’autres entreprises du secteur. La France, qui était le deuxième pays en nombre d’employés du groupe rétrograde à la troisième place en 2006 au profit de la République Tchèque. L’usine d’Onet-le-Château traverse toutefois la crise de 2008 sans trop de dommages. Malgré un carnet de commande bien rempli, les dirigeants n’ont qu’une visibilité à court terme.

La crise du diesel ne fait que renforcer les incertitudes qui persistent autour de l’emploi. L’avenir de Bosch à Onet-le-Château s’écrit désormais en pointillés.

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