VIDEO. Aveyron : la direction nationale de Bosch douche à nouveau les espoirs des salariés de l'usine

Publié le

Après l'arrêt du projet Fresh2, qui devait occuper 250 personnes à fin 2028 sur le site de l'usine Bosch, les salariés attendaient beaucoup de leurs responsables nationaux, en visite ce mardi 12 décembre sur le site. En vain.

"Aujourd'hui, on n'est pas là pour parler de la mort du site mais de son avenir. On attend que Madame Grota annonce de nouvelles activités pour l'avenir du site de Rodez", lance Cédric Belledent, élu du syndicat Sud. "Nous attendons des annonces claires et précises. Nous ne voulons pas une distribution de friandises pour faire plaisir aux salariés", reprend Jacques Douziech, de la CFE-CGC. 

De l'espoir à la déception

Quelques minutes avant l'arrivée sur le site de l'usine Bosch de Heiko Carrie, président de Bosch Europe de l'Ouest et du Sud et Beate Grota, vice-présidente de Bosch powertrain solutions et responsable du site castonétois, l'heure était à l'espérance pour les salariés comme pour leurs représentants syndicaux. Près de 400 d'entre eux étaient réunis dans la cour de l'usine pour accueillir cordialement et respectueusement, ce qui n'a pas toujours été le cas, leurs responsables allemands. 

"Encore une fois, ils viennent et il n'y a rien"

L'espérance d'une pérennité du site après 2028 (date à laquelle l'entreprise devrait conserver 513 emplois après en avoir perdu un millier ces dernières années) déjà mise à mal au mois de juin avec l'annonce de l'arrêt du projet Fresh2. Une diversification de l'activité historique de l'usine et qui devait employer 250 personnes autour de piles à combustible à hydrogène destinées à alimenter le groupe froid des camions frigorifiques.

Après trois quarts d'heure d'échanges entre direction et syndicalistes, la tonalité a changé du tout au tout, comme l'ont résumé à l'issue de la rencontre les élus devant plusieurs centaines de salariés. "Encore une fois, ils viennent et il n'y a rien", a regretté Jérôme Palous de la CGT. 

"Selon la direction, le diesel n'est pas mort. Il l'était... mais il ne l'est plus"

"On est très très très loin des attentes", poursuit son collègue Cédric Belledent pour Sud. Aucun nouveau produit ne pourrait être confié à Rodez selon la direction. Selon elle, l'hydrogène ne va pas se développer en Europe parce que les gouvernements ne veulent pas y mettre les moyens. En revanche, toujours selon la direction, le diesel n'est pas mort. Il l'était... mais il ne l'est plus", a-t-il déclaré devant les salariés réunis en assemblée générale.

Et de poursuivre : "Les buses on va continuer avec elles mais, jusqu'à quand, jusqu'à notre mort ? La direction demande un rallongement de l'accord pour deux ans. Un accord de transformation ? De restructuration ? De fin de vie ? En tout cas, aujourd'hui, il n'y a rien".

D'une même voix, les trois organisations syndicales ont souligné, outre la nécessité du "respect des engagements" pris par la direction dans le cadre de l'accord de 2021 sur la transformation du site, la prise en compte de trois revendications : la clarification du projet de 80 emplois (produit, date,...), la prolongation au-delà de 2028 de la production des "buses camions" et la prolongation de l'accord tant que 250 emplois ne sont pas dédiés à de nouvelles fabrications pérennes hors diesel.

"L'avenir du site, on le voit après 2028"

Alors que, comme le soulignent certains salariés, "la direction arrive à nouveau les mains vides", l'heure n'est pas pour autant à la résignation pour le représentant du syndicat Sud. Faut-il envisager une fermeture du site ? "Non, si on est là, si les salariés sont là, c'est pour montrer que l'avenir du site, on le voit après 2028. C'est nécessaire pour nos emplois, pour le territoire aveyronnais. On a un accord qui stipule 513 emplois à fin 2028, il est hors de question que l'on descende sous ce niveau-là. Si la direction vient avec des annonces dans ce sens, je pense qu'il y aura une mobilisation en conséquence derrière. Inquiétude des salariés. On se battra comme on l'a toujours fait pour continuer que ce site vive à Rodez".

Une nouvelle douche froide pour les 750 salariés que compte actuellement l'usine, après celle infligée au mois de juin dernier avec l'annonce de l'arrêt du projet Fresh2. "La direction annonce que c'est une suspension mais en tout cas ce qui est clair c'est que c'est un arrêt pour le site de Rodez. S'il devait être relancé, ce ne serait pas sur le site de Rodez, on en est persuadé. Nous attendions de nouvelles activités pour venir pérenniser notre site au-delà de 2028. Aujourd'hui avec cet arrêt du projet hydrogène, qui devait occuper 250 emplois fin 2028, c'est un manque d'activité significatif sur la période 2025-2028. Sans de nouvelles activités, on ne sait pas ce que deviendra notre site après 2028", se désole Cédric Belledent.

Amertume

Une amertume partagée par le maire d'Onet-le-Château Jean-Philippe Keroslian, amer qu'aucune nouvelle piste n'ait été proposée... et de l'abandon du projet hydrogène. "Bosch préfère faire son beurre en développant cette technologie en Chine. Ce qui est positif c'est qu'ils vont conserver la production de buses pour les moteurs diesel. Quant à l'annonce d'Heiko Carrie qui parle de rapatrier l'hydrogène à Onet-le-Château si le marché accélère... Les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent".

Heiko Carrie : rien pour remplacer Fresh2 "dans l'immédiat"

Le président de la division Europe du groupe Bosch Heiko Carrie, présent ce mardi sur le site castonétois, ne partage pas ouvertement le pessimisme des 750 salariés de l'entreprise. Et annonce une mesure aux allures de retour en arrière : une poursuite des activités autour du diesel, notamment des buses d'injecteur. 

"Le marché thermique résiste aux évolutions, c'est une motorisation pertinente à court et moyen termes, qui apporte de l'emploi pour le site avec la fabrication de buses. Nous y regarderons à nouveau dans quelques années", explique Heiko Carrie, qui est par ailleurs revenu sur l'abandon du projet Fresh2 de piles à hydrogène pour alimenter les remorques frigorifiques : "Nous avons constaté que les nouvelles technologies comme l'hydrogène n'avancent pas à la vitesse que nous espérions il y a quelque temps. Le marché du thermique est, lui, plus stable qu'on le pensait. Mais si l'hydrogène reprend pendant la durée de l'accord, nous allons le rapatrier à Onet qui deviendra l'usine-mère pour ce produit".

Deux erreurs d'analyse des évolutions du marché que la direction de Bosch entend compenser avec l'apport d'un "nouveau produit" dont les détails seront dévoilés mi-2024. "Il s'agit d'une pièce pour les moteurs thermiques diesel et essence. Cela nous permettra de respecter l'engagement que nous avons pris de maintenir 513 emplois en 2028 et nous discutons d'un avenant pour aller au-delà", explique Heiko Carrie.

Il refuse cependant de donner davantage de précisions sur le type de pièce concernées, du fait qu'elles sont actuellement développées dans un autre site du groupe et que cette production, du fait qu'elle sera rapatriée dans l'Aveyron, générera vraisemblablement un manque à gagner dans son usine d'origine.

"En juin, nous avons expliqué que nous allions faire le maximum pour trouver des produits alternatifs pour Rodez.C'est ce qu'on a fait. Nous avons regardé les technologies futures, présentes et ce même en dehors du domaine des mobilités. Les effets de la transition écologique sont tellement élevés que l'on ne peut pas trouver de produit pour remplacer Fresh2 dans l'immédiat", a-t-il par ailleurs reconnu.

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Sur le même sujet
L'immobilier à Onet-Le-Château

210000 €

PRIX EN BAISSE. À vendre Les Costes Rouges à Onet le Château, T6 duplex de [...]

Toutes les annonces immobilières de Onet-Le-Château
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?

Les commentaires (1)
RienCompris Il y a 4 mois Le 13/12/2023 à 09:10

Le site de Rodez de cette entreprise est dans un coma avancé.