La Bosch fait battre le cœur de l’économie aveyronnaise

  • Vu d’en haut, on mesure mieux l’importance de l’usine Bosch sur la zone castonétoise de Cantaranne.
    Vu d’en haut, on mesure mieux l’importance de l’usine Bosch sur la zone castonétoise de Cantaranne.
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Centre Presse / Joel Born

Avec ses 1 600 salariés, l’usine Bosch de la zone de Cantaranne constitue la principale unité industrielle du département de l’Aveyron. L’une des principales de la région Occitanie. Autant dire que la Bosch, comme on a coutume de l’appeler, fait battre, depuis des décennies, le cœur de l’agglomération ruthénoise et, plus largement, d’une grande partie de l’économie aveyronnaise.

Un poids lourd de l’industrie automobile, premier employeur privé du département. Un mastodonte à l’image du groupe Bosch, ce véritable géant mondial - l’un des tout premiers équipementiers automobiles - avec ses 389 000 salariés, dont 134 000 en Allemagne, ses 73 milliards d’euros de chiffres d’affaires (en 2016), ses 440 filiales et sociétés régionales, réparties dans près de 60 pays. Aux quatre coins du globe et sur l’ensemble des continents. Kolossal, comme l’on dit de l’autre côté du Rhin ! On ne le répétera jamais assez, la Bosch, comme l’appellent les Aveyronnais, fait partie du paysage économique du territoire et fait vivre une bonne partie de l’agglomération ruthénoise et du département.

Depuis son implantation, sur la zone de Cantaranne, dans les années 60-70, et l’arrivée des injecteurs DN dits « gros tétons », en 1973, l’usine Bosch a considérablement évolué. Et connu différentes révolutions technologiques. Des bougies de préchauffage aux injecteurs de nouvelle génération, appelés common rail, autrement dit injection directe à haute pression. Une usine qui jouit d’une excellente réputation en termes de performances et de qualité, comme le rappelait le président de Bosch France de l’époque, Guy Maugis, durant l’été 2014, lors de l’inauguration de la nouvelle ligne de production d’injecteurs common rail.

Un investissement de près de 30 millions d’euros, qui faisait suite à l’accord de performance industrielle, conclu en 2013, entre la direction de Bosch et les représentants syndicaux. Un accord alors salué par le président de la République, François Hollande, qui était venu saluer sur place les vertus de la flexibilité et du dialogue social. Il était alors question de doubler la capacité de production des injecteurs de dernière génération 1.8 (1 800 bars). Depuis, le recul permanent du marché du diesel est passé par là et les perspectives pour l’unité aveyronnaise de Bosch sont beaucoup moins florissantes. Et les 17 millions d’euros de nouveaux investissements initialement programmés en ce début d’année 2017 ont été gelés et... reportés.

La vie d’une industrie, quelle qu’elle soit, est faite de hauts et de bas. Cela est d’autant plus vrai dans le secteur de l’automobile. Pendant plus de trente ans, et malgré quelques mini-crises dans les années 90, sans vraiment trop de conséquences pour l’emploi, la Bosch a connu une augmentation régulière de ses effectifs, atteignant son apogée, après l’avènement de l’injecteur-pompe, au tout début des années 2000. L’usine tournait alors à plein régime, employant quelque 2 100 salariés, auxquels venaient s’ajouter entre 200 à 300 intérimaires.

Depuis, la courbe des effectifs de la principale usine aveyronnaise suit une dangereuse pente contraire. En une quinzaine d’années, la Bosch a perdu près de 600 salariés et n’emploie quasiment plus d’intérimaires. Hélas, depuis quelques mois les mauvaises nouvelles s’ajoutent aux mauvaises nouvelles et les perspectives sont peu réjouissantes. Le carnet de commandes n’est pas suffisamment plein, les jours d’arrêt prélevés sur le compteur temps, né de l’accord de 2013, se sont multipliés et du chômage technique pourrait intervenir.

Inquiète face à de nouvelles et massives suppressions d’emplois qui pourraient se profiler à l’horizon 2020, l’intersyndicale a fait valoir son droit d’alerte, dès juin dernier, lors de la venue dans l’usine d’Heiko Carrie, le nouveau patron de Bosch France. Depuis, les représentants du personnel ne cessent de multiplier les initiatives pour tenter d’inverser la tendance. Ces jours derniers, l’intersyndicale a adressé un courrier à Uwe Gackstatter, l’actuel président de la Division Diesel, et futur coprésident de la nouvelle Division de Bosch, Power Train Solution, qui englobera les divisions essence et diesel.

« L’usine est plus qu’un poumon économique, qui fait travailler 8 000 à 10 000 personnes. Elle est aussi le symbole d’un savoir-faire industriel qui rayonne bien au-delà de nos frontières et une source de fierté pour les Aveyronnais, peut-on y lire. Le lien qui unit les habitants de ce territoire avec notre usine est aussi un lien affectif. Il n’existe pas une famille au sein de laquelle un ou plusieurs de ses membres a travaillé ou travaille encore... L’inquiétude de voir notre usine décliner est accentuée par l’impact qu’aurait ce déclin sur l’ensemble de notre territoire. » Chacun aura compris que la période est grave. Et les menaces bien réelles.

En 2016, le groupe Bosch a consacré près de 7 milliards de dépenses, soit 9,5 % de son chiffre d’affaires, en recherche et développement. « Sa capacité d’innovation constitue l’élément clé de la poursuite de la croissance du groupe. » Bosch emploie près de 59 000 collaborateurs en recherche et développement répartis sur 120 sites.

L’entreprise a été créée par Robert Bosch (1861-1942) en 1886, à Stuttgart, sous la dénomination « Werkstätte für Feinmechanik und Elektrotechnik » (Ateliers de mécanique de précision et d’électrotechnique). La structure juridique de Robert Bosch GmbH est garante de l’indépendance du groupe Bosch. Elle lui permet de planifier à long terme et d’investir dans des projets importants pour l’avenir. Le capital de Robert Bosch GmbH est détenu à 92 % par la fondation d’utilité publique Robert Bosch Stiftung GmbH. Les droits de vote sont exercés majoritairement par Robert Bosch Industrietreuhand KG qui agit en tant que commanditaire. Les parts restantes sont détenues par la famille Bosch et par la société Robert Bosch GmbH.

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