SRA : le pilier Rudy Rezkallah raconte son aventure avec la sélection algérienne

Comme chaque année, le rugby a réaffirmé sa bipolarité à l’occasion de la séquence internationale d’automne. Une bipolarité réductrice, agissant de façon quasi exclusive en limitant l’intérêt de cette période aux test-matches entre les sélections nationales majeures des deux hémisphères.

Dans l’ombre de ces oppositions dont l’enjeu, indépendant de toute compétition officielle, consiste à faire respecter la hiérarchie mondiale ou à la remettre en question, et, par glissement, à en faire de même en interne, dans chaque camp, par le jeu des comparaisons, d’autres rencontres ont contribué, à leur niveau, à écrire une partie de l’histoire de ce sport et à en agrandir la sphère d’influence, à l’image de celle ayant opposé, le 4 novembre, la Zambie et l’Algérie, pour le compte de l’Africa bronze cup.

Malgré sa position dans la hiérarchie de la Coupe d’Afrique, que l’on peut deviner en se fiant à la nature du métal, cette épreuve (qui s’est limitée à une finale) a revêtu un caractère mémorable pour l’équipe maghrébine, qui a disputé là la première compétition officielle de son histoire.

Plus qu’en un match, c’est en une véritable aventure que ce rendez-vous a consisté, par un entrelacs de politique, d’histoire et de sport, pour un pays dans lequel la pratique du rugby, intimement associée aux colons français, avait décliné dans la foulée de l’indépendance, en 1962, avant de disparaître dix ans plus tard.

Parmi ceux qui y ont participé se trouvait le joueur du SRA Rudy Rezkallah, qui avait découvert le groupe des Fennecs il y a un an, de façon brève.

« La saison dernière, avec Rodez, on avait joué contre Saint-Sulpice-sur-Lèze, se souvient-il. Son capitaine, Khaled Kahlouchi, était venu discuter avec moi pour me demander si j’avais des origines algériennes. Je lui avais dit que oui et il m’avait expliqué que la sélection était en train de se reformer, qu’elle allait bientôt exister pour de vrai, et que les dirigeants cherchaient des joueurs qui pouvaient jouer pour elle, des gens dont le père ou les grands-pères étaient nés en Algérie. Je lui ai dit que c’était le cas de mon père et j’ai accepté sa proposition. »

Quelques semaines plus tard, le natif de Montpellier recevait un coup de téléphone du sélectionneur, Allam Boumedienne, lui-même né à Avignon, et était invité à se rendre à Pamiers, pour un rassemblement entre joueurs potentiellement sélectionnables.

« Il y avait des gars venus de Paris, de Nice, de Limoges... J’en connaissais un ou deux, pas plus, dont Sébastien Abdelkader, qui évolue à Millau. Ça fait dix ans qu’il joue pour le pays (la sélection a été refondée en 2007 mais ne pouvait pas disputer de compétition officielle, faute de fédération. Cette dernière a été créée en novembre 2015, NDLR) et il m’a présenté tous les anciens. Ça durait trois jours mais je n’avais pu y aller qu’une après-midi car j’avais un match important avec Rodez. »

Un passage bref, trop bref, qui a, selon lui, justifié sa non-convocation au stage suivant, sans que cela ait signifié la fin de l’histoire. Dans le courant du mois d’octobre dernier, l’encadrement fédéral allait en effet revenir vers lui.

« La bronze cup approchait mais des joueurs se désistaient car leurs clubs ne voulaient pas les laisser partir. On m’a donc convoqué et j’ai rejoint tout le monde à Paris ». Un trajet Rodez-Montpellier-Paris qu’il a réalisé à ses frais.

« Tout était bénévole, il n’y avait pas de moyens. On nous a juste payé le vol depuis Paris. De toute façon, comme on se l’est tous dit, même si la fédération nous avait payés, je ne suis pas sûr qu’on aurait pris l’argent. C’était une fierté d’être sélectionné, on n’avait pas besoin de ça en plus. »