Aveyron : 30 mois de prison ferme pour avoir convoyé de la drogue sur l’A75

  • Me Elian Gaudy, défenseur du prévenu.
    Me Elian Gaudy, défenseur du prévenu.
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Centre Presse / Christophe Cathala

Peu après 11 heures vendredi, le conducteur d’un Peugeot Partner est interpellé à l’échangeur de La Cavalerie sur l’A75. Il est suivi par une voiture des Douanes qui lui intime l’ordre de prendre la sortie.

L’homme a 57 ans, il est Portugais, raconte qu’il vient d’Espagne, parle peu le français. Sur lui, les douaniers trouvent 1 gramme de cocaïne, « ce qu’il me reste de mon anniversaire que j’ai fêté le week-end dernier », explique-t-il. Les douaniers fouillent le véhicule et trouvent dans les contre-portes quelque 162 kg de cannabis.

Au cours de son audition qui s’est poursuivie tout le week-end, l’homme d’abord mutique finit par expliquer qu’il accepté de véhiculer la marchandise en France contre 2 000 €, car sa fille de 23 ans, enceinte, a besoin d’argent.

Un Espagnol, dont il ne sait pas grand-chose, est le commanditaire. Il sait qu’il transporte de la drogue, avoue ne pas en savoir la quantité exacte, la voiture lui ayant été prêtée déjà chargée... « Je ne pensais pas prendre trop de risque, une voiture ouvreuse me précédait pour signaler les barrages », dit-il par l’intermédiaire de son interprète, à la barre du tribunal.

Et c’est bien cela qui chagrine le vice-procureur Chérif Chabbi. « Chaque semaine nous assistons à de telles interpellations sur l’A75 : l’effectif des Douanes a triplé et c’est une bonne chose. Mais je constate une fois de plus que les Douanes étaient en possession de l’information concernant la voiture ouvreuse et qu’elles n’ont pas jugé utile de prévenir gendarmerie ou police pour l’interpeller. Aujourd’hui, on met le parquet devant le fait accompli. Les Douanes font un peu trop cavalier seul face aux informations qui leur sont communiquées, il faut des conduites communes d’enquête. »

Le ton est ferme : le vice-procureur rappelle qu’arrêter une voiture ouvreuse c’est avoir une chance de mettre la main sur un réseau. Or cette voiture a filé « et le travail ne se résume qu’à une saisie de drogue...»

Sur le fond du dossier, il relève que le convoyeur « a tenté sa chance mais cela n’a pas fonctionné », et que « l’argent reste toujours le dénominateur commun de toutes ces affaires. »

Avant de requérir quatre ans de prison ferme avec mandat de dépôt à l’audience et l’interdiction définitive du territoire français, et la confiscation du véhicule.

Me Elian Gaudy s’attardera sur la personnalité du prévenu : il ne travaille plus depuis quatre ans, souffre d’un handicap physique, a fait cela pour aider sa fille « sans mesurer l’ampleur des risques » qu’il prenait.

C’est un « profil fragilisé », quelqu’un qui « n’est pas véritablement dangereux au point de l’enfermer ». Et, « même si les faits sont graves », Me Gaudy plaide « une application juste de la loi pénale. »

Présidé par Denis Goumont, le tribunal suivra les réquisitions du parquet. Mais ramènera la peine d’emprisonnement à 30 mois ferme avec mandat de dépôt à l’audience.

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