Portrait. Anne-Lise Rousset : « Pour moi, la performance est presque secondaire »

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    Portrait. Anne-Lise Rousset : « Pour moi, la performance est presque secondaire »
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Centre Presse / Romain Gruffaz

La question peut paraître basique mais pourquoi la course à pied ?

(Rire) Déjà parce que j’aime courir ! J’ai goûté un peu aux raids multisports quand j’étais étudiante et là-dedans, c’était la course à pied que je préférais. C’est l’effort qui me correspond le mieux si l’on compare aux autres, comme celui du vélo, par exemple. Je suis assez « monosport » en fait ; quand je touche aux autres, je ne suis pas très, très douée (rire). La course à pied, l’avantage, c’est qu’on peut la pratiquer partout, quand on veut ; ça demande assez peu d’investissement au départ.

Et pourquoi le trail précisément, alors que la famille de la course à pied compte de nombreuses disciplines ?

Je les ai toutes essayées : la piste et le cross-country à l’école etc., mais ce qui me plaît dans le trail, c’est le fait de pouvoir courir dans la nature, de voyager, de découvrir une région, un pays, une culture. Il n’y a pas que la performance. Pour moi, c’est presque secondaire. La priorité, c’est de pouvoir profiter de la nature.

Ca dépasse donc le pur cadre de l’effort physique ?

Oui. J’ai eu la chance de pouvoir courir un peu à l’étranger, en Espagne, aux États-Unis et en Italie, et c’est vrai que c’est totalement différent par rapport à la France. On a un beau pays, une belle terre de trail, mais aux Canaries, par exemple, toute l’île profite du trail (l’épreuve majeure est la « Transgrancanaria », avec six courses au programme, NDLR). Je me souviens qu’une année, il faisait très chaud là-bas et les papis nous arrosaient depuis leur jardin. C’était un peu comme le Tour de France et on était porté par tout ça. Aux États-Unis, c’est différent. Vous êtes dans l’anonymat le plus total. On a l’impression qu’il n’y a absolument pas de prise de tête mais tout est cadré. Il n’y a pas d’assistance, on court en autonomie totale, c’est génial.

C’est curieux de voir qu’une discipline peut changer du tout au tout selon les continents et les pays et, quelque part, rejeter le côté invariant du sport...

Oui, et je pense que c’est lié aussi à la topographie des régions et pays. Aux États-Unis, par exemple, les gens ne comprennent pas qu’on puisse courir dans les cailloux, sur des itinéraires très techniques. Les trails typés européens restent particuliers. Là-bas, les traileurs vont vite, très vite, mais les chemins qu’ils empruntent sont très lisses, très propres. Ils ne comprennent pas non plus qu’on prenne des bâtons, ni qu’on puisse marcher dans les côtes. C’est pour ça que les Américains ont un niveau exceptionnel mais qu’ils n’arrivent pas à « performer » en Europe pour l’instant.

N’est-ce pas finalement cette notion de liberté totale qui vous a le plus séduite dans le trail ?

Totalement. Je ne peux plus le dire maintenant parce qu’un sponsor m’a donné une montre mais jusqu’à présent, je courais sans. Je pense que je faisais partie des seuls barjots à fonctionner comme ça (rire) ! Dans le trail, il y a la performance, parce qu’on va tout donner, faire tout ce qu’on peut, mais quelque part, le chrono n’a aucune importance. ça dépend tellement du terrain, des conditions dans lesquelles on court qu’il en devient anecdotique et moi, c’est ce qui me plaît. Je ne suis pas compétitrice. C’est peut-être parfois un défaut mais je me moque de savoir si je suis une minute devant ou une minute derrière quelqu’un, et si l’on compare à d’autres sports, le trail est celui qui me permet d’être comme ça.

Interview à retrouver en intégralité dans l’édition du dimanche 25 février de Centre Presse Aveyron

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