Millau : la 13e DBLE retranchée quatre mois dans un camp en plein désert

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Jérémy Beaubet / Midi Libre

Depuis quatre mois, 400 légionnaires de la 13e DBLE sont en mission au nord du Mali.

Plus encore que tout autre militaire de l’armée de terre, le légionnaire n’est pas un grand bavard. Ivan est un cas à part. D’origine bulgare, ce grand jeune homme de 24 ans pèse volontiers le poids de ses mots.

En revanche, il ne les compte pas. Installé à Millau avec sa compagne et rattaché à la 13e DBLE, Ivan a posé pour la première fois ses pieds au Mali en 2013, à l’époque de l’opération Serval. « Quand nous avons débarqué à Gao, se souvient-il, il y avait une piste et puis c’est tout. Les premières nuits, les soldats mettaient les camions en cercle et dormaient autour. Il n’y avait rien et tout à faire. »

Au début, avec la chaleur, « on ramasse »

Cinq ans plus tard, le caporal-chef voit la différence. « Maintenant, on a des guitounes, de la clim’ partout où on rentre, des bars... Pour moi, c’est presque le paradis. »

Effectivement, des plus sommaires au départ, le camp de Gao est devenu une immense base de 1 500 personnes, une vraie petite ville qui ne dort jamais, et ne cesse de s’agrandir, et où toutes les unités françaises déployées au nord du Mali, dans le cadre de l’opération Barkhane, prennent tour à tour leurs quartiers.
Ivan, lui, l’a rejoint en février dernier, comme 400 autres bérets verts de la «13», le régiment du Larzac dont la montée en puissance arrive aujourd’hui à son terme.

Parti « un jour de neige » à La Cavalerie, le caporal-chef, du genre costaud, dit n’avoir eu aucun mal à s’acclimater au Mali et à la soudaine poussée de fièvre de la météo - le thermomètre dépasse régulièrement les 45 degrés à Gao.

« Au début, la chaleur est un problème. On « ramasse » puis après quelques jours, ça passe. On est formés et entraînés. Le sable, c’est plus ennuyant. On en a de partout, sur le visage, les vêtements, tout le temps », raconte le Millavois, ce que confirment Arsul et Anton, deux légionnaires avec qui la discussion se poursuit ce jour-là, au milieu d’un camp dans lequel, finalement, le trio n’a fait que passer.

À Tombouctou, au lendemain de l’attaque

Le plus souvent, durant leur “mandat”, les compagnies de combat ont été projetées dans le désert, « sur des postes isolés », vers Kidal, Tessalit ou Menaka, des villes où les soldats se trouvent le plus exposés aux attaques, aux engins explosifs improvisés (IED) et au risque, en général.

Les conditions spartiates, les tempêtes de sable, les nuits à la belle étoile, le poids du gilet pare-balles et des litres d’eau sur le dos, sans la moindre liaison téléphonique et toujours loin de tout, pour mieux débusquer l’ennemi, c’est ce qu’Ivan préfère. « Je suis rentré dans la Légion pour ça. Pour défendre la paix et me sacrifier pour la France, affirme-t-il sans la moindre hésitation. De toute façon, rester au camp, ce n’est pas mon truc. J’aime quand ça bouge. »

De l’action, il en voulait, le jeune légionnaire en a eu, notamment les 14 et 15 avril derniers, lorsqu’il a fallu rejoindre en urgence le site aéroportuaire de Tombouctou où les camps de la Minusma et de la force Barkhane ont été la cible de tirs de mortiers et de voitures piégées.

Quatre heures de combat, faisant plusieurs blessés et un mort du côté des Casques bleus, une quinzaine dans les rangs des assaillants, auteurs d’une attaque comme on n’en avait jamais connue dans cette région.

« Un moment difficile mais très intéressant, analyse Ivan, qui a eu « la chance » d’avoir été l’un des premiers à partir en renfort. À notre arrivée, la zone était contrôlée mais il y avait encore des combats autour. Il a fallu faire tout un travail pour vérifier qu’il ne restait plus de mines. »

Bientôt la relève

Depuis quelques jours, Ivan a le sourire. Il sait que l’heure de la relève approche. « La mission a été longue. Il me tarde de revoir ma copine. »

De retour du Mali, via Niamey au Niger, il fera escale en Crète, pour un « SAS » de décompression psychologique de trois jours dans un hôtel de Chania. « En rentrant, j’aurai quelques jours de repos puis je réintégrerai ma section et poursuivrai ma formation. »
Et ce, en attendant sa prochaine opération, avec passion et un zeste d’impatience...

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