Rodez : Eugène-Raynaldy, une place aux deux mille ans de vie

  • Eugène-Raynaldy,la place aux deux mille ans de vie
    Eugène-Raynaldy,la place aux deux mille ans de vie
Publié le
Centre Presse Aveyron

La place Eugène-Raynaldy a subi de nombreuses transformations et seuls quelques vestiges racontent encore ses deux mille ans d’histoire.

La place située devant l’hôtel de ville prend son aspect actuel dans les années 1990. À Cette époque, des fouilles mettent au jour les vestiges du très vaste forum (près de 140 mètres de long) du 1er siècle après J.-C. de la ville. Ainsi, sur cette grande place, il y a près de 2000 ans, le peuple assemblé débattait des affaires de la cité et la justice réglait les litiges. On y traitait les affaires commerciales et les citoyens oisifs venaient y " refaire le monde " au cours de discussions interminables. Un temple apportait sa caution divine et des colonnades leur protection contre les intempéries. Aujourd’hui une modeste portion de murs et de dallages ont été conservés, visibles en accédant au parking souterrain depuis la place.

De l’hôpital à la mairie

Au Moyen-Âge, à l’emplacement de la mairie, s’élevait l’hôpital du Pas, fondé au XIIe siècle et l’un des plus importants de la ville. Les hôpitaux sont à cette époque des hospices accueillant les plus démunis : indigents, vieillards, veuves etc. Un document du XIVe siècle nous renseigne sur le régime alimentaire de ses résidents : la ration de base pour une personne se composait de 500 g de pain, 1,5 l de vin et de la viande fraîche, du mouton, trois jours par semaine ; le reste du temps du fromage accompagnait le repas. L’archéologie a confirmé ce menu : des ossements de mouton, du bœuf et du porc ont été découverts dans un puits.

On sait à quoi ressemblaient certaines maisons qui bordaient la place au Moyen-Âge grâce aux photos et dessins représentant, avant sa destruction en 1930, une maison en pan-de-bois, construite au XVe siècle à hauteur de la petite ruelle du Passet (contre le musée Fenaille). Le rez-de-chaussée servait à des activités artisanales et les deux étages à l’habitation. Un petit mur percé d’un portail isolait la propriété de la venelle ; derrière, un passage à ciel ouvert conduisait jusqu’à la tourelle d’un escalier à vis desservant les étages. Le nord de la place était occupé par le couvent des jacobins, fondé au XIIIe siècle.

Après plus de cinq siècles d’activité, l’hôpital du Pas est fermé au XVIIe siècle, lors du regroupement des hôpitaux dans le faubourg Sainte-Marthe (rue Combarel). Les bâtiments sont alors cédés à l’évêque pour la création du premier grand séminaire en 1681. Au XIXe siècle, la construction d’un nouveau séminaire (l’actuel collège Fabre) entraîne la désaffection du bâtiment, dans lequel la municipalité songe à installer la mairie.

En 1935 seulement intervient la destruction de l’ancien séminaire et une vingtaine d’années après, la guerre ayant perturbé les travaux, le projet dessiné par l’architecte René-Bernard Hartwig est achevé. L’ancien couvent des jacobins est transformé en caserne, dite Sainte-Catherine, en 1844 après la démolition d’une partie des bâtiments conventuels et de l’église, avant d’abriter au XXe siècle, les archives départementales, l’école Gally et la bibliothèque municipale, abritées dans deux ailes, perpendiculaires à celle qui a été conservée, et détruites en amont des travaux de la place des années 1990.

Terminus au marché

En 1882 avait été construit un marché couvert sur la place. Vaste nef largement vitrée, il ne remporta pas un vif succès et entre 1912 et 1920 il devint le terminus du tramway. Il fut finalement démoli dans les années 1930.

En 1947, la place, encore dite du Marché couvert, devient la place Eugène-Raynaldy, en hommage au maire issu des rangs de la gauche radicale. L’hôtel de ville avait été construit sous sa mandature. Issu de la rue Saint-Cyrice, il était ainsi que le dépeint Robert Taussat, " étranger au monde clos de la vieille aristocratie ruthénoise ". Après des débuts en tant qu’avocat, Eugène Raynaldy fut successivement député, sénateur, ministre du commerce puis ministre de la justice jusqu’en 1934 et maire de Rodez de 1925 à 1935. Sous son mandat, continua la modernisation de la ville de Rodez, entamée sous son prédécesseur Louis Lacombe.

Dans les années 1990, la rénovation de l’hôtel de ville, celles du comité communal d’action sociale, de l’immeuble de la galerie Sainte-Catherine, du musée Fenaille et la construction de la médiathèque et plus loin de l’école de musique, dotent la place d’un ensemble de bâtiments voués aux services publics et à la culture, au cœur de la ville. La place elle-même est pourvue alors d’une fontaine centrale dont le dessin et l’implantation se veulent une évocation du temple du forum de la ville antique, réaffirmant ainsi le rôle central de cette place.

Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?