Encore un tour pour le changement d’heure

  • Cette nuit, on remet les pendules à l'heure.
    Cette nuit, on remet les pendules à l'heure. José A. Torres
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Centre Presse Aveyron

Dans la nuit de samedi à dimanche, à 2 heures du matin, il sera 3 heures. Le passage à l’heure d’été nous invite en effet à avancer les pendules d’une heure. Mais l’heure de la fin de ce mouvement des aiguilles approche. Les députés européens se sont en effet prononcés dernièrement pour une suppression du changement d’heure saisonnier en 2021. Il reste cependant encore quelques bonnes heures de palabres. Car tous les pays ne sont pas d’accord entre la possibilité pour chacun de choisir son heure de préférence (celle de l’été ou celle de l’hiver) ou une homogénéisation européenne pour éviter un patchwork des horaires. Après quoi, il restera encore quelques autres heures de palabres pour faire le choix entre l’heure d’hiver et l’heure d’été.  En attendant, demain, on passera donc à l’heure d’été, celle plébiscitée par les Français, qui à 84 % souhaitent un changement d’heure définitif. Un choix qui ne satisfait pas forcément les scientifiques. Certains rappellent que la période de mars à octobre est marquée par une dette de sommeil. Dette qu’un passage définitif à l’heure d’été risquerait d’accroître. Mais ce n’était qu’une consultation. Il reste donc quelques heures de débats devant nous… et pendant ce temps-là, l’heure tourne.

Pendant deux années encore, les Français connaîtront le changement d’heure. Quel est l’impact sur notre sommeil et plus largement sur notre santé ? Centre Presse a demandé à des Aveyronnais, diversement affectés par ce changement de rythme, de témoigner…

Jean-Dominique Gonzales, psychiatre (Millau) : « Cela peut avoir un impact »

Jean-Dominique Gonzales, psychiatre (Millau) : « Cela peut avoir un impact »
Jean-Dominique Gonzales, psychiatre (Millau) : « Cela peut avoir un impact » CPA

Pour Jean-Dominique Gonzales, psychiatre installé à Millau depuis de longues années, le changement d’heure n’est « pas une bonne chose » pour de nombreuses personnes… En premier lieu, pour les enfants : « Tout comme les personnes âgées, la modification d’horaires peut entraîner des troubles de l’attention et de l’apprentissage. Et cela parfois durant plusieurs semaines. »
Les personnes traversant un épisode dépressif peuvent également être touchées par ce changement d’heure : « Le changement, c’est aussi une histoire de luminosité et d’horloge interne. Le sommeil peut être dérangé et, donc, l’état dépressif aggravé. Bref, la meilleure chose pour le bien de tous est de ne pas modifier l’heure. Qu’importe qu’on soit en heure d’été ou d’hiver ».

René Debons, agriculteur (Foissac) : « Tout rentre rapidement dans l’ordre »

René Debons, agriculteur (Foissac) : « Tout rentre rapidement dans l’ordre »
René Debons, agriculteur (Foissac) : « Tout rentre rapidement dans l’ordre » CPA

Les agriculteurs sont particulièrement concernés par le changement d’heure. Certains y sont radicalement opposés alors que pour d’autres, l’impact reste faible. Pour René Debons, éleveur à Foissac, les premiers effets de ce changement de rythme se retrouvent chez les animaux. « Ils sont perturbés une petite semaine. Ils sont décalés par rapport au début de la traite par exemple Puis tout fini par rentrer dans l’ordre rapidement. Enfin, pour ce qui me concerne. D’autres sont plus partagés », assure-t-il.
« Ils s’habituent rapidement à ce décalage », poursuit-il. « Le plus dur, c’est peut-être pour les hommes, sourit René Debons. Certains préfèrent débuter plus tôt, d’autres plus tard. Mais certains souffrent de la chaleur, en particulier lorsque vont arriver les longues journées d’été. »

Valérie Tavernier, coordinatrice académique (Aveyron) : « L’important, c’est la stabilité pour les écoliers »

Valérie Tavernier, coordinatrice académique (Aveyron) : « L’important, c’est la stabilité pour les écoliers »
Valérie Tavernier, coordinatrice académique (Aveyron) : « L’important, c’est la stabilité pour les écoliers » CPA

« Quelle que soit l’heure choisie, ce qui est important pour les enfants, c’est la stabilité qui compte », assure Valérie Tavernier, coordinatrice académique et cosecrétaire départementale du syndicat FSU.
Pour la militante, également professeur, « l’essentiel est de conserver le temps d’adaptation au changement horaire et de faire, pour les professeurs, le lien avec les familles. Cela va dans le bon sens ». 
« L’heure du coucher et du réveil pour les enfants sera toujours là et doit rester identique. Cela relève de la responsabilité individuelle et personnelle. Ce n’est pas parce que la lumière sera là plus tardivement, qu’il faudra aller au lit plus tard ». 
Pour l’enseignante, que l’on soit sur l’heure d’été ou d’hiver, « le nombre d’heures de sommeil est important pour les enfants pour qu’ils soient frais et dispos pour suivre les cours ».
Elle espère même que le changement horaire puisse être l’occasion de discuter plus largement du sommeil des enfants et notamment de l’utilisation des écrans. Mais là, c’est encore un autre sujet.

Guillaume Miquel, préparateur physique (Saint-Salvadou) : « Les sportifs doivent s’adapter »

Guillaume Miquel, préparateur physique (Saint-Salvadou) : « Les sportifs doivent s’adapter »
Guillaume Miquel, préparateur physique (Saint-Salvadou) : « Les sportifs doivent s’adapter » CPA

Le changement d’heure impacte aussi les sportifs, et notamment leur préparation. Guillaume Miquel, préparateur physique, explique que même si c’est le cas de tout le monde, les sportifs qu’il entraîne ressentent le changement d’heure. Grâce aux technologies d’aujourd’hui les préparateurs disposent « d’outils de suivis d’entraînements, et le paramètre sur le sommeil en dit beaucoup » rapporte Guillaume. Sur un principe de notation de 1 à 10, les sujets évaluent la qualité de leur sommeil.Le changement d’heure qui intervient dans la nuit a donc forcément une incidence. Les sportifs ont selon Guillaume « une à deux semaines suivant les organismes pour revenir à un rythme normal ». Même s’il reste objectif en constatant que ses clients ont un travail à côté et qu’ils sont donc plus habitués, le préparateur physique avoue que le changement d’heure est une contrainte dans son métier. C’est ainsi qu’il peut, suivant les cas qui se présentent, réajuster ses entraînements en « quantité, volume et intensité ». S’il remarque que ses sportifs entrent dans une monotonie alors que ses exercices n’ont pas augmenté en intensité, il doit s’adapter. Guillaume conclut en précisant que le plus dur pour un sportif, et donc pour son entraînement, c’est de s’adapter à la position naturelle du soleil, une situation qui oblige les corps à s’habituer. Alors Guillaume Miquel s’impatiente : en 2021, le changement d’heure, c’est terminé, mais la position de la terre par rapport au soleil, elle, continuera de varier.

Antoine Roux et Matthieu Crampé, horlogers (Rodez) : « Nous avons nos habitués »

Antoine Roux et Matthieu Crampé, horlogers (Rodez) : « Nous avons nos habitués »
Antoine Roux et Matthieu Crampé, horlogers (Rodez) : « Nous avons nos habitués » CPA

Pour Antoine Roux, créateur joaillier et bijoutier à Rodez et son maître horloger depuis 18 ans, Matthieu Crampé, le changement d’heure est une belle occasion de revoir la clientèle. En toute convivialité. « Nous avons toujours nos habitués qui viennent faire régler leurs montres ou leurs horloges.Et certains, sont très organisés et ont commencé à venir nous voir bien avant ce 31 mars !, sourit Antoine Roux. Ce ne sont pas forcément des personnes âgées comme on pourrait le croire. Certaines montres sont particulièrement complexes à régler, notamment celles que l’on appelle justement “à complication”, avec des chronomètres, des alarmes… »
Antoine Roux et Matthieu Crampé se déplacent même, parfois, chez des clients qui possèdent des pendules anciennes, pour les remettre à l’heure.

Heure d’été, la SNCF tente de rattraper le temps perdu

À la question d’un usager de la SNCF qui se demandait comment les trains de nuit étaient programmés lors des passages à l’heure d’été, la SNCF a donné cette réponse : « Au passage à l’heure d’été, les Intercités de nuit roulent et essayent de récupérer quelques minutes sur leur horaire pour se rapprocher de l’heure théorique mais arrivent fatalement en retard en gare d’arrivée. Au passage à l’heure d’hiver, les Intercités de nuit s’arrêtent dans une gare entre 2 et 3 heures du matin et arrivent ainsi à l’heure prévue à leur gare de destination. »
De même, avec l’émergence des réseaux sociaux, la SNCF n’omet d’user de tous ses canaux pour rappeler à ses clients le changement d’heure. C’est d’autant plus important au moment du passage à l’heure d’été que si le passager ne change pas d’heure, il est certain de rater son train. Pour l’heure d’hiver c’est moins grave. Il en sera quitte pour une heure d’attente… Mais les trains, c’est bien connu, partent toujours à l’heure. Enfin… En 2018, dans les Hauts de France, un bug de « l’horloge du local SNCF » a provoqué des retards de train d’une heure. La pendule était restée accrochée à l’heure d’hiver.

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