Football : Rodez, quatre saisons déjà en Division 2

  • Le groupe de la première saison en D2 lors de la saison 1988-89.
    Le groupe de la première saison en D2 lors de la saison 1988-89. Repro CPA
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Paulo Dos Santos

Vingt-six ans après, le Rodez Aveyron football retrouve un niveau auquel il a goûté durant quatre saisons. Cela n’était pas encore la Ligue 2 mais plutôt la Division 2, deux groupes de 18 clubs composaient ce championnat et le Raf était connu sous l’appellation du Stade ruthénois ou du Stade Rodez football.

Avant de découvrir le deuxième niveau français, les joueurs entraînés par l’inusable Michel Poisson, depuis 1980, ont vécu une saison 1987-88 riche en émotions. À l’aube de la dernière journée, trois clubs pouvaient encore prétendre à l’unique billet d’accession : Rodez, Libourne et Perpignan. Le 4 juin 1988, les Ruthénois évoluaient à Mont-de-Marsan, des Montois invaincus à domicile. Quatre-vingt-dix minutes plus tard, grâce au premier but de la saison de Jean-Luc Pasturel et de la seconde lame signée Jacques Pradier, ils laissaient éclater leur joie.

SAISON 1988-89

Samedi 16 juillet 1988, pour la première journée en Division 2, le Stade ruthénois héritait d’Annecy sur sa pelouse de Paul-Lignon. Devant 2 245 spectateurs, les hommes de Michel Poisson, visiblement "trop contractés", s’inclinaient après un but encaissé dans le premier quart d’heure. Par la suite, la domination était locale, mais la réussite n’était pas au rendez-vous. Cela a été malheureusement le cas durant tout le championnat. Avec seulement sept succès, douze nuls et surtout quinze défaites, l’équipe se classait 16e et était ainsi reléguée en Division 3.

SAISON 1990-91

La saison 1990-91 a débuté samedi 21 juillet, toujours à Paul-Lignon, sous les yeux de 3 000 spectateurs. Cette fois-ci, Philippe Bobek et ses partenaires – dont la fameuse "Yougo connection" (Dostanic, Omerhodzic, Nenezic et Krstic) – ont réussi à tirer leur épingle du jeu en s’imposant face à Ajaccio (2-1, Ricard et Pelletier contre son camp). Au-delà de leur 8e place, c’est surtout leur parcours en Coupe de France qui est resté dans les annales du club. Et quel parcours ! Un match piège gagné à Saint-Gaudens (division d’honneur, 1-0), le fameux déclic à Istres (D2, 1-0), et voilà le Stade ruthénois en 16es de finale sur sa pelouse contre Metz, une formation de D1 finalement battue au bout du bout (1-1, 4-3 tab) devant 6 533 spectateurs payants. Les 8es de finale n’ont été qu’une formalité pour des Ruthénois vainqueurs à Annecy (2-0). En quarts, c’était le grand Sochaux de l’entraîneur Sylvester Takac qui se présentait rue Vieussens. Ils étaient 9 384 personnes à assister au "show" ruthénois où Bobek et Krstic (contre une réalisation de Madar) envoyaient leur équipe dans le dernier carré.

Cela aurait pu être Gueugnon (D2) ou même Monaco (D1), ce sera finalement Marseille (D1) et qui plus est au Vélodrome. Dimanche 2 juin, alors qu’ils venaient de perdre en finale de la coupe des clubs champions face à Belgrade aux tirs au but, les Papin (un triplé ce soir-là) et consorts ne laissaient aucune chance aux Ruthénois qui, grâce à Pradier en fin de match, sauvaient l’honneur (4-1).

SAISON 1991-92

La saison 1991-92 est également restée dans toutes les mémoires, mais pas forcément pour les résultats décrochés par le Stade Rodez football. Même s’ils ont été bons puisque le groupe a terminé à la 6e place, avec douze victoires, autant de nuls et dix défaites. Les Ruthénois avaient débuté par un revers à Bastia (2-0) avant un premier succès à domicile contre Mulhouse (1-0, Vinuesa), le 27 juillet, devant 2 552 spectateurs. Ils ont terminé la saison en atomisant les Bastiais 7-0 (doublé d’Omerhodzic et de Sachy, Krstic, Bobek et Ricard) lors d’une soirée teintée d’émotions puisque les quatre Yougoslaves "fêtaient" leur départ. La faute à l’obligation de dégraisser considérablement sur le plan financier.

En janvier, Jacques Larqué, le président du Stade Rodez football, est inculpé pour faux en écriture privée et usage, escroqueries et tentatives d’escroquerie, absence de paiement mensuel de salaires aux apprentis. Une enquête a été ouverte à la suite de plaintes déposées par deux anciens élèves du centre de formation du club. Consternation, stupéfaction, incompréhension : voilà les mots le plus souvent entendus à la suite de cette annonce. Dans les coulisses, le comité directeur (sans Jacques Larqué à qui il a été interdit de participer à la vie du club) s’est activé pour éviter ni plus ni moins que le dépôt de bilan. Des mesures drastiques ont accompagné le plan de sauvetage destiné à résorber un déficit qui s’établissait à 6 millions de francs. Début mars, à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire, Jean-Paul Viguier est nommé président, épaulé par Joël Pilon, Bernard Cherrier et Gaby Philoreau. Le même soir, il a été annoncé un redressement financier spectaculaire du club auquel il ne manquait que 900 000 francs pour boucler à l’équilibre la saison. Le football professionnel avait encore droit de cité à Rodez.

SAISON 1992-93

C’était finalement reculer pour mieux "sauter" ! La saison a débuté samedi 8 août avec la réception de Louhans-Cuiseaux (1-1) devant 2 115 spectateurs.

Dans ce Groupe A, le Stade Rodez football faisait figure de "Petit Poucet" face à certains effectifs : Cannes (même si Zidane venait de signer à Bordeaux), Nancy, Nice, Mulhouse, Martigues, Valence, Bastia…

À l’arrivée, le SRF s’est classé à la 14e place avec 9 succès, 9 nuls et 16 défaites. La dernière rencontre du club en Division 2, à Paul-Lignon, s’est jouée le 8 mai avec un succès 1-0 face à Ajaccio (Maxime Poisson). Une semaine plus tard, la "der des ders" s’est soldée par un revers à Louhans-Cuiseaux (2-0). En Coupe de France, l’aventure ruthénoise s’est arrêtée en 16es de finale avec une gifle mémorable prise à Nantes (9-1) !

C’est une nouvelle fois dans les coulisses que l’avenir du club s’est joué. Le 29 janvier, le président Jean-Paul Viguier et le comité de gestion n’avaient pas d’autre solution que le dépôt de bilan. Et d’expliquer : "Le plan de redressement reposait sur des subventions exceptionnelles des collectivités et des sponsors privés, ainsi que sur un budget d’exploitation équilibré prenant pour hypothèse de bons résultats sportifs faisant espérer une accession en Super Division 2. Les prestations sportives effectuées par notre équipe ne permettent pas d’envisager la compétition à ce niveau-là la saison prochaine […] Attendre plus longtemps serait coupable, et les dirigeants ne veulent pas prendre une telle responsabilité." Le groupe de Michel Poisson a pu néanmoins évoluer jusqu’au terme de la saison… avant de rejoindre le National 2.

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