Rodez : Roger Bouteille, arbitre "historique"

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  • Roger Bouteille. Roger Bouteille.
    Roger Bouteille. Repro CP
Publié le , mis à jour
Serge Carrière

Joueur depuis 1964, le septuagénaire ruthénois s’est tourné vers l’arbitrage en 1971. Il va officier cette année encore pour ce qui sera notamment ses 48es championnats de France.
 

J’ai commencé à jouer à Campuac en 1964. Et, quelques années plus tard, le président du club, Ernest Turlan, m’a demandé si je voulais devenir arbitre car le club devait en avoir un. » Roger Bouteille, homme de devoir, n’a pas hésité longtemps. « Je ne savais pas trop comment cela se passerait et monsieur Turlan m’a dit : “Tu essaies une année et après du verra bien.” C’est comme cela que tout a débuté et l’année suivante, en 1971, je suis devenu arbitre officiel. C’est ainsi que j’ai arbitré mon premier championnat de France à Camonil. »
Un championnat quelque peu mouvementé pour l’arbitre novice qui se souvient très bien. « J’étais jeune et il y avait quelques joueurs d’un certain âge qui croyaient que comme j’étais le jeunot, ils allaient pouvoir m’intimider. Ce jour-là, il y avait un peu de vent et j’ai dû refuser une quille à un joueur car celle-ci n’était tombée que grâce au vent. » Lors d’une partie l’arbitre doit clairement annoncer les quilles tombées lorsque le joueur passe devant lui. « J’ai donc annoncé 6, se remémore encore le septuagénaire ruthénois. En patois, il me dit alors : “ Eh, pitchounas, 7” (eh, gamin 7, NDLR). Je lui ai répondu : “Non il n’y en que 6.” » Voyant qu’il n’obtenait pas satisfaction, le joueur en question tenta bien d’intimider l’arbitre en lui demandant s’il n’était jamais passé par-dessus le grillage qui bordait le terrain. Mais plein de sang-froid, Roger Bouteille ne se laissa pas intimider. « J’ai tenu bon et je n’ai pas cédé. À la fin de la rencontre, le capitaine de l’équipe m’a proposé d’aller boire un coup avec eux comme cela se faisait parfois et j’ai refusé. »
Des règles strictes
Une attitude qui valut rapidement à Roger Bouteille, malgré son jeune âge, d’être reconnu comme un arbitre droit. Deux ou trois ans plus tard, il se retrouva à arbitrer à nouveau ce joueur et son équipe en championnat de l’Aveyron. « Lorsqu’il m’a vu, il s’est approché de moi et m’a dit : “Ah, mais c’est toi.” Et je lui ai répondu : “Oui, et je ne veux pas sauter en bas du terrain”. “Tu t’en souviens” », rétorqua le joueur, avant de se retourner vers ses coéquipiers : “On a un très bon arbitre.” »
Des anecdotes comme celle-ci, Roger Bouteille en a des centaines en mémoire et pourrait certainement en écrire un livre. Son rôle d’arbitre devenant de plus en plus prenant, il arrête de jouer en 1977 pour se tourner complètement vers l’arbitrage. D’autant plus qu’il doit aussi concilier sa vie professionnelle, il était vendeur à la Maison du livre, et sa vie familiale. Marié et papa de deux petites filles, « l’arbitrage l’a parfois contraint à manquer quelques repas de famille », glisse d’un ton taquin son épouse Thérèse qui l’a toujours soutenu. « Mais c’était sa passion et je ne me voyais pas l’en priver », ajoute celle qui l’a même accompagné à plusieurs reprises. « Elle était là lors de mon premier championnat en 1971. »
Longévité sportive exemplaire
Des championnats qui l’ont amené à se déplacer dans pratiquement tout le sud et dont il cite sans hésiter les nombreux clubs dans lesquels il s’est rendu pour officier. « Et même à Paris car la finale s’y déroule tous les six ans », ajoute-t-il. S’il débute l’arbitrage à Campuac, dès 1973, habitant Rodez par la suite, il devient arbitre pour le club du sport quilles des Quatre-saisons (« J’y avais de nombreux copains »), qui s’appelle aujourd’hui le sport quille d’Onet le Château, club où il est toujours licencié.
Si pour le spectateur lambda, le sport quilles peut paraître un sport simple, il n’en est rien et les règles qui en régissent la pratique sont strictes. « Nous devons faire attention à de nombreuses choses. Cela va du franchissement du gabarit aux quilles à tomber obligatoirement en fonction de la distance et du lancer de la boule ou du quillou. » Pour éviter tout litige, il y a un arbitre par terrain de jeu et un délégué sur le quillodrome qui est présent pour trancher en dernier ressort. « Lorsque j’ai débuté, il y avait environ 300 licenciés et nous étions 12 arbitres », se souvient Roger Bouteille. « Maintenant avec plus de 4 000 licenciés, nous sommes environ 170 arbitres. »
Pour le septuagénaire, il aura bientôt 78 ans, qui est le doyen des arbitres, pas question d’envisager la retraite. Il est toutefois talonné par Serge Lacaze de Gages qui a lui débuté en 1974. « Cette année, je vais arbitrer mes 48es championnats de France, (le 4 août à Rodez pour le par équipe et le 11 août à Magrin pour l’individuel, NDLR). Mais j’espère bien officier encore deux saisons de plus pour arriver à 50 ans d’arbitrage et 50 championnats de France. Je suis vraiment motivé pour le faire. »


Le football comme deuxième passion


Quand on voit les archives qu’il a constituées sur le sport quilles, cela va de la simple coupure de presse aux classements sans oublier les palmarès, mais également l’histoire de la discipline et autres, on comprend que la passion qui l’anime est le fondement de cette longévité. Des archives qui font de Roger Bouteille une encyclopédie vivante de ce sport. D’autant plus qu’il fut également à l’origine de la création du comité et qu’il fait toujours partie de la commission d’arbitrage. Toutes ces fonctions lui ont permis de recevoir de très nombreuses distinctions comme la médaille d’argent de la Fédération Française de Bowling et de sport Quilles, le trophée de l’Association Française du Corps arbitral Multisport (AFCAM) dans la catégorie Élite ou encore la médaille d’argent de la Jeunesse des Sports pour ne citer que celles-là. Par ailleurs fervent supporter du Raf, Roger Bouteille à également tâté du ballon rond. « En 1964, j’ai créé une équipe de foot à 7 à Campuac avec laquelle nous participions au championnat de l’Aveyron. J’ai également arbitré en foot à 7, dont la finale du championnat à deux ou trois reprises. »


Quatre générations ont défilé sous son œil d’arbitre


« Je me plais parmi les jeunes. Et, après avoir arbitré les parents, les enfants et les petits enfants, j’arrive maintenant à la quatrième génération », glisse en guise de conclusion celui qui ne pense pas passer la main de sitôt. Il n’est ainsi pas interdit de penser qu’on le retrouvera sur les terrains bien longtemps après les 50 années qu’il s’est fixés d’autant plus qu’il a toujours bon pied bon œil.
 

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