Quand la diva Emma Calvé se soignait avec l’ancêtre du Coca

  • Le courrier adressé par Emma Calvé à Angelo Mariani. Le courrier adressé par Emma Calvé à Angelo Mariani.
    Le courrier adressé par Emma Calvé à Angelo Mariani. Repro CPA
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Joël Born

La célèbre diva, originaire de Decazeville et enterrée à Millau, appréciait le vin de coca de Mariani. Un breuvage dont se serait fortement inspiré le pharmacien John Penmerton, l’inventeur du Coca-Cola !

Alors que Catherine Baratti-Elbaz la maire du 12e arrondissement de la ville de Paris vient de donner le nom d’Emma Calvé à un passage de la caserne de Reuilly, ancien complexe militaire totalement réhabilité pour accueillir près de 600 logements, un jardin public de 5 000 m² et de nombreux services publics de proximité, il nous a paru intéressant de revenir sur quelques épisodes, souvent méconnus de l’histoire riche, passionnante et chaotique de la diva originaire de l’industrieuse Decazeville. "Cette cigale qui ne pouvait demeurer dans la fourmilière de Decazeville", comme le soulignait le maire de la cité minière et sidérurgique, Paul Ramadier, le jour du centenaire de la naissance de la cantatrice, quelque peu déçu que la célèbre interprète de Carmen, qu’elle chanta plus de 1 000 fois, n’ait pas tiré une grande fierté de ses origines ouvrières decazevilloises. Elle, la gamine du quartier de Cantagrel, la fille de Justin Calvet, un artisan de Saint-Rome-de-Tarn qui boisait les galeries de mines, et d’Adèle Astord, une Aubinoise.

Yeux ardents, bouche de corail

Si Emma Calvé (le comédien, chanteur, Jules Puget, lui suggéra de supprimer le T de son nom pour lui donner une consonance plus artistique) a rapidement quitté Decazeville et passé une grande partie de sa jeunesse dans le Sud-Aveyron, où elle acheta, en 1894, l’imposant et magnifique château de Cabrières, la diva du siècle de l’âge d’or de l’opéra, est revenu à plusieurs reprises dans la cité qui l’a vu naître. Ce fut notamment le cas en 1923, à l’invitation du comité des fêtes et de la municipalité, puis en 1929, pour le centenaire de la ville. Des visites pour le plus grand plaisir du président Ramadier qui, visiblement, en pinçait pour "cette belle fille saine, solide, dans toute la fleur de son printemps, avec des yeux ardents, sa bouche de corail, dont le chant émerveillait les amateurs du café de la Terrasse." L’un des nombreux bistrots decazevillois de l’époque, dans la rue Cayrade, où la jeune Emma servait et où des musiciens de passage remarquèrent sa belle voix. C’est ainsi, comme le rapportait Christian Bernad dans l’un des numéros des Cahiers de la belle Vallée du Lot, que sa glorieuse carrière de cantatrice prit corps, après que l’un d’entre eux l’encouragea à développer un tel don de la nature.

Perdue dans sa passion

Decazevillois de cœur et d’adoption, l’ancien président de l’association de la vallée du Lot, Christian Bernad a connu Emma Calvé, à Creissels, d’où il est originaire, alors qu’il n’était qu’un jeune enfant. "Je revois cette grande dame, aux cheveux relevés, souvent avec un chapeau à larges bords. Elle venait vers nous, les petits enfants de la maternelle, pour nous caresser le visage, nous donner des bonbons, elle était douce, gentille."

Après avoir amassé une véritable fortune à travers le monde – " Elle possède assez de rentes pour dépenser à elle seule autant que 300 fermiers ruthénois ", écrivait, en 1905, un chroniqueur de Mon Dimanche –, Emma Calvé a terminé sa vie dans la plus grande pauvreté, le plus grand dénuement. " Toute sa vie, Emma Calvé choisit de se perdre dans sa passion plutôt que perdre sa passion ", écrit Christian Bernad. La diva repose dans le cimetière de Millau. Au pied de la stèle qui orne sa tombe, comme elle l’avait demandé, se trouve un petit bassin "où les oiseaux viendront boire et chanter."

Le vin de coca

Lors de ses multiples recherches sur la diva, Christian Bernad a retrouvé une lettre de 1895, signée d’Emma Calvé, remerciant un certain Mariani. "J’ai suivi votre conseil pour combattre mon rhume, j’ai pris des grogs chauds avec votre délicieux vin de coca et j’ai pu chanter hier soir Carmen. Avec mes plus vifs remerciements", peut-on lire. D’origine corse, Angelo Mariani s’était installé sur le continent, où il avait entamé une carrière de préparateur en pharmacie. En 1870 il développa un vin tonique à base de vin rouge de Bordeaux et d’extrait de feuilles de coca. Le vin Mariani connut un succès fulgurant et fit la fortune de son inventeur, qui eut l’intelligence de s’entourer de personnalités de l’époque influentes dans les domaines des lettres, des arts et de la politique. Il édita même plusieurs albums de portraits, gravés à l’eau-forte, de personnalités de l’époque. D’Émile Zola à Alexandre Dumas et Emma Calvé. Et nombreux sont ceux qui pensent, aujourd’hui, que la première recette de John Penmerton, le pharmacien américain, inventeur du Coca-Cola, a été fortement inspirée par le vin de Mariani.

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