Le sujet de la sécurité est aujourd’hui inévitable dans la cathédrale de Rodez

Cet incendie a tout changé… " Patrice Gintrand, architecte des Bâtiments de France (ABF), arrivé en Aveyron il y a près de deux ans, ne voit plus tout à fait de la même manière la cathédrale Notre-Dame de Rodez après l’incendie qui a défiguré Notre-Dame de Paris, le 18 avril dernier.

Mercredi, à l’occasion du cycle de conférence initié par les services du patrimoine de Rodez Agglomération, la question de la sécurité paraissait comme inévitable à aborder. " Tout ce qui touche à la sécurité, nous l’avions bien en tête avant le drame qui a touché Notre-Dame de Paris. Mais nous n’en parlions pas forcément au public. Maintenant si… "

À plusieurs reprises, durant cette conférence, donnée devant une cinquantaine de personnes, et dans un exercice auquel il n’est pas vraiment habitué (mais dont il s’est admirablement sorti), il glissa à plusieurs reprises : " Je crois que l’on vous fait peur, mais il ne faut pas. Tout ce qui s’est passé nous a permis de faire véritablement le tour de la mise en sécurité de la cathédrale et de ceux qui s’y trouvent dedans".

Ainsi, flanqué de ses collaborateurs, Pierrick Betton, qui connaît chaque recoin de la cathédrale pour l’arpenter depuis une trentaine d’années, et Thierry Rudelle, il est revenu sur cette semaine anxiogène qui suivit l’incendie de Paris.

Cailloux, alarmes et psychose

Il y a de quoi. En une semaine, l’ABF a dû faire face à un dégât causé sur une voiture stationnée place Emma-Calvé par la chute d’un caillou du clocher, à la suspicion d’une autre chute de pierre, place Adrien-Rozier cette fois-ci, qui ne provenait toutefois pas, après analyse, de la cathédrale, et à l’intervention des pompiers en pleine messe après le déclenchement de l’alarme anti-incendie. Et ce en raison d’un dégagement de fumée provenant de la chaudière.

"On en rigole aujourd’hui, mais durant cette semaine-là, nous étions plutôt blêmes" glisse Patrice Gintrand. "Mais si l’on vous raconte cela, c’est aussi pour que vous ayez un aperçu de notre métier".

Comme la sécurité d’un tel édifice n’est plus un sujet tabou, Patrice Gintrand a profité de cette tribune pour expliquer tout ce qui était mis en œuvre pour la sécurité avec les pompiers. Systèmes d’alarme, identification des œuvres d’art majeures à "sauver" en cas de drame, exercice de sécurité régulier, " pour éviter par exemple que des pompiers ne se perdent dans la cathédrale comme moi-même je me serai perdu si je n’avais pas été accompagné", etc.

Tant et si bien que, plus qu’effrayé, le public, se sentait plutôt rassuré, à l’issue de cette rencontre.

"L’accident peut arriver… On vit avec"

Rassuré de savoir ce joyau orientalisé, comme la cathédrale Saint-Pierre de Rome ou l’église Saint-Sépulcre de Jérusalem, né du génie des constructeurs de la période gothique, est sécurisé mais aussi entretenu. Comme en attestent les travaux menés actuellement sur la façade occidentale, qui dureront près de trois ans, ou les négociations en cours entre l’État et la mairie pour la restauration intérieure de Notre-Dame.

"Mais on sait aussi que l’accident peut arriver… On vit avec" souffle Patrice Gintrand. Comme si l’incendie de Notre-Dame avait provoqué un feu intérieur qui ne paraissait pas près de s’éteindre.