AnderAnderA, la petite boîte qui monte

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Publié le , mis à jour
Aurélien Delbouis

Créée en 2009 à Saint-Affrique, AnderAnderA est aujourd’hui la société de production incontournable en Aveyron. Remarquée par TF1 à l’occasion de la sortie de la web-série "Mortus Corporatus", la petite boîte a pris aujourd’hui le virage du professionnalisme avec pour ambition de faire rayonner le territoire hors de ses frontières.

En 10 ans, de l’eau – de la Sorgue – a coulé sous les ponts. Il est loin désormais le temps où les potes du collège de Saint-Affrique s’amusaient à parodier les productions hollywoodiennes avec "des caméras piquées à la famille". "Un jour, on s’est dit qu’il était temps de se regrouper autour d’un projet un peu plus ambitieux, se souvient le réalisateur Fabien Camaly, à la tête de la société millavoise AnderAnderA. Tout ça s’est concrétisé avec un premier court-métrage intitulé Crise d’identité." Avec des bouts de ficelles, beaucoup d’enthousiasme et pas mal d’ingéniosité, cette première immersion dans le monde du 7e art confirme le talent de la jeune troupe. "Ce premier court a eu sa petite vie. A reçu plusieurs prix en festivals devant des jurys de professionnels. Tout ça nous a véritablement donné envie de poursuivre sur cette voie. On a enchaîné avec des clips, d’autres courts-métrages…" La société de production était née…

"Sur le tard"

Autodidacte, "cinéphile sur le tard" arrivé à au cinéma avec des réalisateurs comme Fincher ou Tarantino, Fabien quitte son job pour se consacrer entièrement à AnderAnderA qui tire son nom "d’un vieux gimmick adolescent, un cri de guerre…" Sans fausse pudeur et avec l’envie décuplée des jeunes premiers, lui est ses acolytes s’instruisent en filmant. "On a appris sur le tas, via internet parfois. On a maté des films, beaucoup. Tenté de faire pareil, de reproduire ce qu’on aimait. C’est notre école à nous."

"Rester ici"

Ouverts à l’expérimentation, les associés restent en revanche intransigeants sur un point. Pas question de quitter Saint-Affrique ou de faire faux bond à l’Aveyron. "La question s’est posée forcément : rester ici ou partir à Paris ? C’est là où tout se passe", se souvient Fabien. La réponse est sans équivoque : "On a préféré rester ici, tout faire ici, en sachant pertinemment que tout sera plus long. Mais s’il est vrai que l’on ne rencontre pas des producteurs tous les jours, on rencontre quand même beaucoup de gens intéressants." Une fibre aveyronnaise assumée et partagée par Fred Saurel, acteur, producteur, réalisateur et scénariste ruthénois, toujours enthousiaste à l’évocation d’AnderAnderA.

Le succès Mortus Corp

"Au début, on était 30 personnes avec les acteurs, et on est passé à une équipe de 50 personnes. On a de nouveaux acteurs très bons, un chef décorateur excellent, et un directeur photo du tonnerre ! Et il y en a tellement d’autres qui font un travail formidable… mais ce serait trop long de tous les citer", développait le comédien de 52 ans à l’affiche d’une soixantaine de films et séries depuis ses débuts.

En collaboration avec Thomas Pierre, AnderAnderA voit plus loin et se lance dans la réalisation de la web-série Mortus Corporatus. Le pitch : "raconter le quotidien de faucheurs, employés de La Mort Inc., entreprise fondée par La Grand faucheuse." Tournée à Saint-Affrique en trois semaines, la série propulse AnderAnderA en haut du box-office. Avec plus d’1 million de visionnages, l’association qui change définitivement de statut, tape très vite dans l’œil de TF1 : portée par le succès des premiers épisodes, la chaîne décide de cofinancer la saison 2. Un sacré coup d’accélérateur et un budget multiplié par trois… "Avec Mortus Corporatus, on a pu solliciter des personnes pour notre tournage et créer des liens, se souvient Fred Saurel. On a voulu créer une ambiance familiale et faire participer les habitants. Tout le monde a pris sa part. On voulait engendrer une économie locale, chez nous, et maintenant tous les membres de l’équipe qui ne sont pas du coin veulent revenir".

Nouvelles ambitions

Ce passage du cinéma amateur au monde professionnel, "de l’adolescence à l’âge adulte", implique aujourd’hui de nouvelles ambitions pour les trois coprésidents Fabien Camaly, Virgil Vergues et Laurent Boudot, le comédien qui partage l’affiche de Mortus Corporatus avec Fred Saurel. "On ne peut plus se reposer sur nos acquis, sur nos derniers projets. Il faut aller de l’avant, trouver des financements, de belles collaborations" concède Fabien. Pour AnderAnderA, l’année qui arrive s’annonce ainsi particulièrement productive. "Nous avons tourné Elles vivent ici, un documentaire de Josette Hart et Jean Millevilleonne qui donne la parole à 17 femmes qui ont décidé de faire leur vie dans le territoire des Grands Causses. Nous avons aussi produit les Curiosités du Parc avec le PNR, Poètes, une série digitale de Tommy Lee Baïk qui relate l’histoire d’un groupe de jeunes adulescents qui font cap sur le monde adulte. Mur Murs, Aonikenk, un voyage initiatique au cœur de la Patagonie en collaboration avec Tchalo Productions" poursuit le réalisateur. Très en vue sur les réseaux, la série "L’ami des lobbies" qui égratigne sérieusement l’image de ces groupes de pression devrait aussi profiter de l’expertise d’AnderAnderA. Et ce n’est qu’un début. "Nous allons nous lancer sur un long-métrage, Behind avec David Aboucaya. Un film d’épouvante, c’est très nouveau pour nous. On défriche" termine Fabien qui avec la petite équipe AnderAnderA portent un œil ouvert sur le monde. Sans doute le propre du cinéma.

 

VIDEO: Le premier épisode de la saison 1 de Mortus corporatus, la série qui lança AnderAnderA dans une belle aventure.

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