Rodez - Paris : Chalair Aviation conteste l’attribution de la ligne

Abonnés
  • Après quatre ans de présence sur le tarmac ruthénois, la compagnie britannique Eastern Airways a été remplacée par Amelia.
    Après quatre ans de présence sur le tarmac ruthénois, la compagnie britannique Eastern Airways a été remplacée par Amelia. Archives - José A. Torres
Publié le
Joel Born

Trois compagnies aériennes étaient en lice pour le renouvellement de la Délégation de service public (DSP) de la ligne Rodez-Paris : Eastern Airways, Regourd Aviation et Chalair Aviation. Le directeur général adjoint de Chalair Aviation, Jérôme Latrasse, a décidé de sortir du silence et explique les raisons qui ont conduit sa compagnie à déposer un recours auprès du tribunal administratif.

Depuis le 20 janvier dernier, un avion brésilien Embraer de la compagnie Amelia de l’Aveyronnais Alain Regourd assure les rotations entre Rodez et Orly, à Paris. Spécialisée notamment dans la location d’avions avec équipage, Amelia succède à la compagnie britannique Eastern Airways, laquelle avait pris la suite de la filiale d’Air France, Hop, qui n’avait d’ailleurs pas laissé que des bons souvenirs en Aveyron… Trois compagnies étaient, cette fois, en lice pour le renouvellement de la délégation de service public (DSP) de cette ligne d’aménagement du territoire : Eastern Airways, Regourd Aviation, donc, et Chalair Aviation, dont le directeur général adjoint, Jérôme Latrasse, a décidé de rompre le silence, pour faire part de l’amertume de la compagnie française qu’il représente et dont le nom n’était jusqu’à présent jamais apparu (!). Laquelle compagnie a d’ailleurs déposé un recours gracieux auprès du syndicat mixte, comme nous l’a appris le président du conseil départemental et du syndicat mixte de l’aéroport, Jean-François Galliard.

"Il n’a jamais vendu un seul billet d’avion !"

" Les autorités se sont fait berner, peste Jérôme Latrasse, le directeur adjoint de la petite compagnie française, basée à Caen, Limoges et Agen. Regourd Aviation n’a jamais vendu un seul billet d’avion. A Rodez, c’est pareil. Les billets sont vendus par APG Airlines. Les billets sont au nom d’APG Airlines et non d’Amelia. Il travaille en sous-traitance. Nous-mêmes, on l’a affrété. Faire voler des avions, ça, il sait le faire, mais c’est une grosse tromperie, car le contrat est au nom d’Amelia et non d’APG Airlines. C’est une vraie fausse compagnie. " On l’aura compris, Chalair Aviation ne digère pas le choix du syndicat mixte SAEML Air 12. Et le conteste. "Qui plus est, on se fait piquer un marché par une compagnie qui se dit française et qui n’a pas de certificat de transport français, mais slovène… Sur le papier, on peut raconter ce que l’on veut. C’est de l’enfumage, pour avoir un avion qui pollue plus, une compagnie qui ne sait pas vendre les billets et qui a promis des accords avec Air France qu’elle n’a pas. Sans aucune possibilité de correspondance à Orly, contrairement à nous… " Et Jérôme Latrasse de dénoncer enfin le coût du marché passé avec Amelia. "C’est 400 000 € de plus par an, soit 1,60 M€ pour les 4 ans de la DSP."

L’étonnement de Daniel Segons

Le président de la société d’exploitation (la Sem Air 12) de l’aéroport, Daniel Segons, ne cache pas son étonnement, jugeant la méthode du directeur adjoint de Chalair Aviation, un brin cavalière. "Il est gravissime de porter de telles accusations… C’est une procédure très formelle dirigée par le syndicat mixte de façon très professionnelle. Je n’ai pas de commentaire à faire, mais la société choisie répond totalement au cahier des charges."

Jean-François Galliard : rigueur et transparence

Le président du conseil départemental et du syndicat mixte, Jean-François Galliard, se dit, lui aussi, profondément surpris. " Heureusement que je suis assis, s’amuse-t-il avant de retrouver tout son sérieux, pour livrer ses explications, sur ce dossier pour le moins délicat. Le procédé est déjà sujet à interrogations… Il y avait trois challengers. Nous avons eu plusieurs séances. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a suivi la procédure. Le cahier des charges était extrêmement précis et la procédure rigoureuse, avec de nombreux critères. On a noté les présentations de chacun et c’est Regourd qui est arrivé en premier… C’est vrai qu’il est plus cher que les autres… " Et Jean-François Galliard de se défendre qu’une quelconque et possible " préférence aveyronnaise… Tout a été transparent, rigoureusement fait. " Avant de témoigner : " J’ai pris l’avion avant-hier. Ça se passe très bien et tous les gens sont satisfaits… Vous savez, la colère est mauvaise conseillère… " Quoiqu’il en soit, le directeur général adjoint de Chalair Aviation confirme qu’un recours gracieux a bien été déposé par l’avocat de la compagnie française. Dans un premier temps auprès du syndicat mixte et, faute de réponse avant le démarrage de la DSP, auprès du tribunal administratif de Toulouse, afin de réclamer l’annulation de la Délégation de service public. "Nous avons été notés sur 100. Deux points et des poussières seulement nous séparaient de Regourd Aviation… ", précise Jérôme Latrasse. Un concurrent, à qui Chalair Aviation reproche principalement " sa pseudo-politique commerciale… " Le tribunal administratif tranchera.

Amelia ne veut pas "entrer dans la polémique"

Surprise, la compagnie Amélia l’a également été en apprenant le recours de Chalair Aviation et les arguments de son concurrent. "Franchement, nous ne souhaitons pas entrer dans la polémique. On est concentré sur la ligne, rien de plus", explique-t-on du côté de la communication de la société appartenant à Alain Regourd. Tout en rappelant que le fait de passer par un opérateur pour vendre ses billets est monnaie courante (à l’instar d’Eastern Airways via Flybe), surtout lors de l’ouverture d’une ligne. Amélia envisagerait d’ailleurs de vendre les billets sur son site, d’ici peu… Et à la compagnie de rappeler à son concurrent qu’elle est bel et bien française : "On est établi en France, nos équipages sont français et nos avions sont immatriculés ici également. Leur maintenance est également assurée en France, par une filiale du groupe".

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
L'immobilier à Rodez

450000 €

En exclusivité chez IMMO DE FRANCE, venez vite découvrir cet opportunité d'[...]

Toutes les annonces immobilières de Rodez
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?