Marcillac-Vallon. Trente ans que le vin de marcillac joue dans la cour des grands

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  • Trente années au cours desquelles les vignerons ont façonné un territoire où il fait bon vivre…
    Trente années au cours desquelles les vignerons ont façonné un territoire où il fait bon vivre… Archives JAT
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Le 2 avril 1990, les vignerons décrochaient l’AOC avec ce sentiment d’avoir gagné la coupe du monde.

Sur les coteaux du Vallon, l’heure est aux soins des vignes. On ébourgeonne, on va bientôt écimer. Après la pluie, un peu de chaleur ferait du bien. Elle est prévue pour la semaine prochaine. Dans quelques mois, vers septembre et octobre, l’heure sera aux vendanges. Un peu particulière. Car elles célébreront les trente ans de l’obtention de l’AOC marcillac. Le 2 avril 1990, une des plus petites appellations viticole de France faisait alors son entrée dans la cour des grands. "La sensation que nous avons eu ce jour-là ? C’est comme lorsque la France a été championne du monde de football pour la première fois…" Philippe Teulié, président de l’AOC Marcillac, ose la comparaison. "Peu de vignerons peuvent dire cela, c’est vrai. La plupart arrivent sur un terroir qui est déjà labellisé. Nous, on y était dedans. On se battait pour" commente le vigneron de Clairvaux, un des tauliers de cette équipe de vignerons.

Le sommelier de Michel Bras, premier chef trois étoiles à avoir mis du marcillac à sa carte des vins, dit de celui-ci qu’il a de la personnalité. Cela signifie donc qu’il ressemble bien aux hommes qui le font grandir ! Car il en a fallu du caractère à ces vignerons pour décrocher ce label.

Un brin méprisé, jugé trop petit, dans les sphères vinicoles on regardait ce vin d’un peu haut. C’était sans compter sur la détermination de ces vignerons aveyronnais. Ils n’avaient pas fait tout ce chemin pour ça !

Car depuis les années soixante, une poignée d’entre eux était bien décidée à ne pas voir les dernières parcelles de vignes définitivement disparaître. Depuis près de mille ans, du vin est fabriqué dans ce terroir pour les moines de l’abbaye de Conques. Pas question de refermer ce chapitre. Au contraire. En 1968, ils ont décroché le VDQS. Une première reconnaissance. Mais le Graal, c’est l’AOC. Une première tentative, au début des années 1970, échoue.

Pas question de lâcher l’affaire. Plusieurs années plus tard, les vignerons du vallon, fiers de leur vin et conscients de son potentiel, remettent le couvert. " Et il y a eu un alignement des planètes " avance Philippe Teulié. "Car là, il n’est pas question que de qualité, mais aussi de politiques. Certains ont pu forcer des verrous. Je me souviens aussi de deux jeunes techniciens de l’INAO, qui avaient une vision plus moderne" raconte Philippe Teulié.

Et en avril 1990, donc, la bonne nouvelle tombe. De quoi redonner un élan à tout un terroir. Et c’est ce qu’il se passe. Très rapidement, d’une centaine d’hectares, le vignoble va doubler sa surface. "Jean Puech, ministre de l’Agriculture au début des années 1990 a permis de concrétiser cet élan" commente Philippe Teulié.

Aujourd’hui, l’AOC, regroupe une cinquantaine de vignerons dont une quarantaine à la cave coopérative de Valady.

Et, même si les événements prévus pour fêter ce label sont ajournés, le sourire est de mise. Car dans les vignes, cela sent bon. "On est en avance. D’à peu près trois semaines. Aujourd’hui, tout est réuni en tout cas pour obtenir un joli millésime" se réjouit Philippe Teulié, pas moins conscient que rien n’est encore joué tant que la récolte n’est pas en cuve.

Mais son histoire nous le dit, le marcillac, avec sa personnalité, fleure bon l’optimisme…

Belle reprise après le confinement

Si le confinement n’a pas empêché les vignerons de travailler, la distanciation n’étant pas trop dure à faire respecter entre les vignes, ce ne fut pour autant pas une partie de plaisir. Notamment avec l’arrêt brutal des ventes et la nécessité d’avoir de la main-d’œuvre pour continuer à travailler les vignes…

Si tout n’est pas réglé pour la gestion de ce dernier point, en revanche, la reprise se fait sentir. "Les ventes repartent, on voit arriver de nouveaux clients, des anciens aussi, ce qui signifie que nous sommes toujours référencés, ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde", souffle le patron des AOC de l’Aveyron.

Festivités : l’incertitude

Naturellement, dans le vallon, plusieurs rendez-vous festifs avaient été prévus pour fêter comme il se doit les trente ans de l’obtention du label AOC. Beaucoup ont été remis en question en raison de la crise liée au coronavirus.

Pour cet été, il est possible que la foire aux vins du 15 août marque le coup. Puis, cet automne, d’autres événements devraient animer le vallon.

Puis, le président de l’échansonnerie de la Saint-Bourrou, expliquait récemment prévoir le 30 octobre une fête "en présence de la Confrérie des vins du Sud-Ouest dont ce sera la première sortie officielle et "Les Mâles au chœur" de Tolosa, un ensemble polyphonique exclusivement composé d’hommes qui animeront la journée ponctuée par les intronisations habituelles, un repas et la dégustation de la cuvée des 30 ans ".

"Mais s’il le faut, on fera les festivités en 2021", conclut Philippe Teulier.

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Les commentaires (2)
odilon Il y a 3 années Le 24/06/2020 à 10:03

Merci pour ce bel article ! L'appellation AOC a été un grand combat pour les vignerons de la région de Marcillac.
Sur suggestion du DDA de l'époque, ma fille rédigea son mémoire de fin d'études à Sciences Po Toulouse sur les "produits aveyronnais dignes de l'AOC" et mit en évidence les quelques progrès en qualité que les Vignerons devaient apporter au vin de Marcillac: l'AOC fut attribué quelque temps après....
Un citoyen aveyronnais

Anonyme16224 Il y a 3 années Le 22/06/2020 à 14:55

Philippe Teulier !!!