L’abattoir Arcadie Sud Ouest, un outil indispensable aux acteurs locaux

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  • Deux repreneurs sont aujourd’hui pressentis pour le site de Sainte-Radegonde.
    Deux repreneurs sont aujourd’hui pressentis pour le site de Sainte-Radegonde. JAT
Publié le , mis à jour
Philippe Henry

Les acteurs de la filière agricole plaident aujourd’hui pour une reprise « partielle de l’outil en disposant d’une gouvernance locale ».

Mercredi après-midi, zone d’Arsac, devant le site d’Arcadie de Sainte-Radegonde, personne n’a souhaité commenter la situation actuelle de l’abattoir, secoué par de sérieuses turbulences.
En 2019, les soubresauts de la crise économique se faisaient déjà sentir. Le site d’Arcadie à Sainte-Geneviève-sur-Argence avait été profondément restructuré, avec des suppressions d’emplois à la clé.
Dans un secteur très concurrentiel, le groupe avait déjà entamé l’an passé une réorganisation profonde sur d’autres sites d’abattage. Avec par exemple un retrait à Mont-de-Marsan et Ribérac en 2020.
Le chiffre d’affaires d’Arcadie Sud-Ouest était de 238,12 M€ en 2018, en baisse de 7,2 % par rapport à 2017. Et, alors que les responsables du site de Sainte-Radegonde avaient décidé d’ouvrir leurs portes en 2015, ils annonçaient un chiffre d’affaires de 470 M€, avec 32 500 tonnes de bovins abattus (soit 1 850 animaux par semaine), 24 300 tonnes de porcs, 8 500 tonnes d’ovins et 7 000 tonnes de veaux. Arcadie Sud-Ouest diffusait ses produits à 40 % par le biais de la grande distribution.
Fin 2019, selon nos confrères de La Dépêche du midi, l’assemblée générale extraordinaire a décidé une réduction du capital social pour apurer les pertes antérieures.
Le capital de départ est donc passé de 21,46 M€ à 16,82 M€, l’action de 23 € à 18,03 €. Aussi, le capital social a été réaugmenté à 22 M€ grâce à la création de nouvelles actions et autres apports en nature. Mais alors que les acteurs de la filière s’étaient mis autour de la table pour tenter de trouver un avenir pour le site de Sainte-Radegonde, une vidéo publiée hier par l’association L214, a jeté le trouble.

L’abattoir de Sainte-Radegonde déjà épinglé

« Cette vidéo tombe alors qu’un audit des services vétérinaires, prévu de longue date, était prévu hier », glisse Jacques Molières, le président de la chambre d’agriculture.
La suspension de l’agrément de la chaîne ovine de l’abattoir par le ministère de l’Agriculture, annonçant une « inspection complète » des installations, peut « avoir de graves conséquences avec notamment une dévalorisation de la filière », prévient Pierre Cabrit, éleveur et président de l’Interprofessionnelle régionale du veau de l’Aveyron et du Ségala (Irva) « Les éleveurs vont pouvoir se débrouiller pendant quelques jours pour faire abattre ailleurs leurs animaux mais cela doit être une solution provisoire », poursuit-il. « L’outil de Sainte-Radegonde est très performant. Il représente environ 15 à 20 % de l’activité du groupe Arcadie, complète Jacques Molières. Aujourd’hui nous plaidons pour qu’il reste un outil local. Nous pourrons ainsi maîtriser sa gestion, en disposant d’une gouvernance locale et éviter des dérives, en proposant une reprise partielle de l’activité. »
Après la diffusion de ces images, les deux syndicats majoritaires, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) de l’Aveyron n’ont pas tardé à réagir par le biais d’un communiqué : « Au vu des images de l’abattoir, JA et FDSEA condamnent les dérives sur la méthode d’abattage filmée dans l’extrait. Nous ne cautionnons pas la maltraitance animale ».
L’abattoir de Sainte-Radegonde avait déjà été épinglé à plusieurs reprises. En 2016 notamment, où les services vétérinaires avaient constaté des manquements, après des faits de maltraitance animale en abattoir dénoncés, là encore par des associations de protection animale.
Le ministre de l’Agriculture avait mandaté, en avril des inspections dans les établissements du pays. Et en Aveyron, douze chaînes avaient été inspectées et la moitié présentaient un niveau de maîtrise des risques « insuffisant ».
A l’époque, le directeur site de Sainte-Radegonde, Jean-Marc Monier expliquait : « Les non-conformités étaient souvent liées à des détails dans les Modes opératoires normalisés. Les services vétérinaires sont en permanence sur le site, nous avons corrigé cela au fur et à mesure ».

Deux repreneurs potentiels…

Si le dossier n’est pas encore bouclé, l’abattoir d’Arsac pourrait changer d’opérateur d’ici peu, comme nous l’évoquions dans notre édition de mardi. En grande difficulté financière, l’opérateur Arcadie fait l’objet de nombreuses convoitises et notamment de la part de son concurrent, Bigard. Ce dernier s’est d’ailleurs déjà sérieusement positionné pour une reprise de l’activité zone d’Arsac. Mais il n’est pas le seul, la coopérative Unicor étant également sur le dossier. Et cette dernière bénéficie aujourd’hui du soutien des syndicats agricoles et des politiques locaux, davantage désireux d’une reprise « locale ». Reste désormais à savoir si l’affaire L214 viendra chambouler, ou pas, les tractations entre toutes les parties.

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