Abattoir de Sainte-Radegonde : le ministre de l’Agriculture demande à Arcadie d’agir

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  • La chaîne ovin de l’abattoir Arcadie Sud-Ouest de Sainte-Radegonde a été fermée mercredi, à la suite d’une vidéo montrant des maltraitances animales.
    La chaîne ovin de l’abattoir Arcadie Sud-Ouest de Sainte-Radegonde a été fermée mercredi, à la suite d’une vidéo montrant des maltraitances animales. JAT
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Guillaume Verdu

Fermée depuis mercredi, la chaîne ovin de l’abattoir de Sainte-Radegonde ne rouvrira pas sans aménagements, a prévenu Didier Guillaume.

Quel est le contexte ?

Depuis mercredi, une partie de l’abattoir Arcadie Sud-Ouest de Sainte-Radegonde est à l’arrêt. Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, a obtenu la suspension provisoire de l’agrément pour la chaîne ovin. Cette décision est intervenue quelques heures après la publication d’une vidéo par L214, une association de protection des animaux, où l’on voit des agneaux tués dans de mauvaises conditions dans l’abattoir aveyronnais.

Quand aura lieu la réouverture de la chaîne ovin ?

Aucune date n’a encore été fixée. Interrogé hier par France info, le ministre de l’Agriculture a placé la balle dans le camp de l’entreprise. « La suspension de l’agrément sera maintenue tant que l’opérateur n’aura pas corrigé les dysfonctionnements et les non-conformités », a-t-il prévenu.

Quels manquements sont actuellement reprochés à l’abattoir ?

À la suite de la publication de la vidéo de L214, Didier Guillaume a demandé une « inspection complète de l’abattoir », qui a débuté mercredi et s’est achevée hier. « Les résultats ne sont pas encore définitifs, mais l’enquête vétérinaire montre qu’il y a des situations inacceptables », a-t-il dévoilé. « Seule la partie ovine fait l’objet de non-conformités à corriger », complète son cabinet.

Y a-t-il eu un dysfonctionnement des services de contrôle ?

Cette thèse est défendue par L214. « Un rapport vétérinaire de 2016 faisait le constat d’infractions qui sont les mêmes que celles qu’on a pu filmer début 2020, avance Sébastien Arsac, cofondateur et directeur des enquêtes de l’association. En quatre ans, rien n’a été fait. Il y a des manquements de la part de l’abattoir mais aussi des services de contrôle. »
Interrogé par nos soins, le cabinet du ministre de l’Agriculture assure que « les non-conformités de décembre 2016 avaient été corrigées lors de l’inspection de mai 2017 », mais sans vouloir détailler les aménagements effectués. « Les inspections de 2018 et 2019 étaient conformes  », ajoute le cabinet.

Quels dysfonctionnements de l’abattoir étaient pointés précédemment  ?

Un rapport d’inspection sur la protection animale datant d’avril 2016 réalisé par la DDSCP (Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des personnes) avait relevé plusieurs manquements à la réglementation. Plusieurs « non-conformités majeures » ont été pointées, notamment au niveau de l’immobilisation de l’animal et de la mise à mort. Avec un commentaire cinglant : « La formation du personnel est insuffisante. La réactivité de l’exploitant (par rapport à des contrôles antérieurs, NDLR) est nulle. »

La fermeture provisoire de la chaîne ovin aurait-elle eu lieu sans la vidéo de L214 ?

Vraisemblablement non. Et cette situation souligne les limites de l’organisation des contrôles des abattoirs, assurés par les services vétérinaires de l’État. « Je salue L214 d’avoir fait cette vidéo mais je regrette que nous ne puissions pas assez faire [de contrôles] en interne, a dit Didier Guillaume. Le souci, c’est qu’il est assez compliqué de surveiller tous les abattoirs. »
Le ministre a par ailleurs annoncé que « nous allons mettre le paquet là-dessus » et a appelé les préfectures « à une veille plus vigilante ».

 

Trois jours de tempête

Drôle de semaine pour le site des abattoirs de Rodez, du groupe Arcadie Sud-Ouest. Durant trois jours, c’est comme si la foudre s’était abattue sans retenue sur les chaînes d’abattages de la zone d’Arsac, à Onet-le-Château.

Il y a d’abord eu ces échos de plus en plus persistants sur les difficultés du groupe Arcadie, au sein duquel nombre d’abattoirs s’interrogent sur leur avenir. Dans le landerneau agricole, on était au courant de ce mauvais temps qui guettait. D’autant qu’au sein du groupe, l’entente entre les différents actionnaires, du basque Lur Berri qui en est le principal, à La Capel (Lot et Corrèze), Synergie (Ariège), SHBV (Périgord) et le local Unicor, ne sont pas au beau fixe. Ça gronde.

La semaine dernière, l’inquiétude s’abat sur l’abattoir de Thiviers, en Dordogne, qui apprend qu’Aracdie souhaite s’en séparer. Celui d’Auch, dans le Gers, est très inquiet. Trois mois plutôt, c’est celui de Riberac qui a été fermé. Bref, les nuages noirs s’amoncellent. Dernièrement, le vice-président du Conseil Régional confirmait que le groupe Arcadie figurait dans les dossiers du Comité interministériel de restructuration industriel, destiner à aider, voire à sauver les entreprises en difficulté.

Depuis quelques semaines, de son côté, la coopérative agricole Unicor essaye de mettre à l’abri l’unité d’abattage de Rodez. Elle a fait une offre de reprise toujours en attente de réponse.

Et soudain, coup de foudre. Mercredi, une vidéo de L214, vraisemblablement tournée en caméra cachée au début de l’année, explose. On y voit entre autres des agneaux abattus dans des conditions qui laissent à désirer. La déflagration touche aussi la filière roquefort, qui n’avait pas réellement besoin de cela. Cette vidéo surgit alors que des services vétérinaires devaient ce même jour mener une inspection.

Le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume réclame sur-le-champ la fermeture de la section d’abattage ovin d’Arsac. Lui retire son agrément en attendant que les opérateurs corrigent le tir. Depuis les agneaux sont redirigés vers l’abattoir de Gramat, dans le Lot, et l’activité commerciale maintenue.

Reste que cette concordance d’évènements interroge nombre d’acteurs de la filière agroalimentaire. Suscite une certaine inquiétude, notamment chez les salariés, dont une cinquantaine est directement concernée par la fermeture de la chaîne d’abattage ovin. Ils devraient s’exprimer en début de semaine prochaine.

Le dossier Arcadie, dont le siège est basé dans l’agglomération ruthénoise, rappelons-le, est loin d’être refermé. A suivre, donc.

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