Le tour de l'Aveyron à scooter – étape 2, épisode 6 : Guilhaumard le sauvage

  • Le plateau de Guilhaumard.
    Le plateau de Guilhaumard. LR -
  • Canals.
    Canals. LR -
  • Une tente plantée un peu de traviole, non ?
    Une tente plantée un peu de traviole, non ? LR -
  • Fondamente.
    Fondamente. LR -
  • Régine et Christian, dialogue marseillais pour passer le temps.
    Régine et Christian, dialogue marseillais pour passer le temps. LR -
  • A Fondamente, la fête votive était "off".
    A Fondamente, la fête votive était "off". LR -
  • Lavogne au pied du plateau.
    Lavogne au pied du plateau. LR -
  • Vers l'abîme.
    Vers l'abîme. LR -
  • Entre deux vides.
    Entre deux vides. LR -
  • A la recherche des portes de l'abîme.
    A la recherche des portes de l'abîme. LR -
  • Après l'abîme et la sueur, se voir proposer d'étancher sa soif.
    Après l'abîme et la sueur, se voir proposer d'étancher sa soif. LR -
  • Labastide des Fonts, au bord du plateau.
    Labastide des Fonts, au bord du plateau. LR -
  • Les "marnes" ont-elles encore des ammonites ?
    Les "marnes" ont-elles encore des ammonites ? LR -
  • Une vue époustouflante des bords du plateau.
    Une vue époustouflante des bords du plateau. LR -
  • Les maisons de Labastide des Fonts ont les pieds dans le vide.
    Les maisons de Labastide des Fonts ont les pieds dans le vide. LR -
Publié le
Laurent Roustan

Ce tour de l'Aveyron part à l'aventure sur les petites routes du département, défiant chaleur, pluie et pépins mécaniques, à la rencontre de beaux paysages et de belles gens. Ou l'art de se déconfiner en douceur.
Six étapes tous les dimanches du 19 juillet à fin août, et six épisodes par étape sur le site de Centre Presse, du lundi au samedi.
On a fait le plein, le moteur démarre, un coup de klaxon et c'est parti !
 

On ne sait pas trop quand on quitte le Larzac et quand on entre sur le plateau de Guilhaumard. Mais lorsqu'on on s'en aperçoit, il est trop tard : nous sommes déjà au bord du monde. Le plateau de Guilhaumard est comme une table posée au bout des causses, causse lui aussi, mais assez singulier, avec ses rochers torturés plus sombres que ceux calcaires du Larzac. L'endroit compte je crois huit villages, dont aucun je crois encore ne dépasse les 100 habitants. Et quand bien même, de bien peu, j'en suis certain.

Mais d'abord, il faut assurer l'intendance : à Canals, bifurquer vers la droite et Cornus, pour trouver de l'essence et un toit. Nous sommes samedi, l'hôtel du Nord est complet, pas d'autre choix que de continuer vers Fondamente et planter la tente au camping municipal. Ce qui fut fait, en sautant quelques lignes sur le mode d'emploi…

Ensuite, casser la croûte au Passe-temps, une pizzéria tenue par deux Marseillais, Régine et Christian. Hormis un groupe de jeunes qui vint boire un verre, il n'y avait personne d'autre dans la place et nous avons pu papoter à loisir, fort de la faconde provençale, jusqu'à la fin du souper et même au-delà. Christian est un ancien cuisiniste devenu cuisinier pour éviter le burn-out, et sa femme Régine l'a suivi dans sa mise au vert. Nous parlons de calanques, de quartiers et de mer. Mais s'il n'y avait personne ce soir-là, c'est qu'il y avait au moins une raison : ce samedi, c'était la fête du village, annulée pour cause de coronavirus. Néanmoins, quelques dizaines d'habitants et d'estivants ont décidé de faire une fête votive « off », avec d'abord un concours de pétanque, qui s'est terminé la nuit avec un peu de musique et un bar improvisé, le tout autour de la fontaine d'eau potable du village, « parce que c'est plus pratique pour servir le pastis », précise Olivier, un prof d'EPS de la région parisienne venu comme toujours passer ses vacances dans « son village de coeur ».

Une bonne mise en condition pour dormir sous la tente, même sans matelas…

Le lendemain matin, après que dame Camping soit venue quémander son obole, on remonte sur le plateau de Guilhaumard, via Montpaon et Tournadous (où il y a une salle d'expos) pour se diriger ensuite vers l'abîme du Mas Raynal. On gare le scooter à l'ombre, près d'un couple de retraités du 95 qui pique-niquait là (Isabelle et Bernard si ma mémoire est bonne). Et on s'enfonce par un chemin dans un causse sauvage, de champs et de forêts. On suit quelques panneaux de bois écrits à la main et on arrive à cet abîme, enfoui dans les bois. Des rochers surplombent un trou noir, au fond duquel il me semble entendre un cours d'eau. Avec un lourd sac-à-dos sur les épaules, je cherche l'entrée des abîmes. Ici, tout semble hors du temps, le loup pourrait y trouver la paix dans sa crainte de rencontrer un homme. Par là peut-être… On descend… Mais non, c'est un vrai labyrinthe où l'on se perd un peu, et transpire beaucoup. Quelque chose de fascinant, un rien de Brocéliande. Enfin l'on en ressort, presque épuisé, et l'on retourne au scooter. Les deux retraités sont encore là et me proposent de boire un verre d'eau. Bien sûr, et plutôt deux fois qu'une. Isabelle et Bernard viennent en vacances dans le coin, depuis plus d'un demi-siècle. Ils se promènent sur les causses et ne s'en lassent jamais. Je les remercie et repars explorer le plateau. Jusqu'à Labastide-des-Fonts, juste au bord de la « table » du plateau de Guilhaumard. Vu de loin, on a l'impression que certaines maisons du village ont les pieds dans le vide. Comme celle où une dame prend en photo la lavande de son jardin. Et une vision dantesque tout autour, et à deux pas le vide, et un panorama sublime. Une vue au pied de laquelle on voit les « marnes », des sédiments datant du temps où la mer barbotait en ces lieux. Il y a relativement peu de temps encore, on pouvait facilement trouver dans ces marnes des coquillages fossiles, les ammonites. Et il est possible que cela le soit encore.

Sur le plateau de Guilhaumard, le temps ne compte plus mais laisse sa table ouverte. Sur un petit bout de monde bien à part.

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