Cabanès. Suivez le guide : la Résistance demeure à Villelongue
La chapelle de Villelongue et son hameau, Bernard Malgouyres les connaît très bien. Ce bénévole investi est né et vit à quelques kilomètres de là. Et bien qu’il n’y ait pas eu de résistant parmi ses proches, il est fasciné par la beauté du site. Le long du chemin de randonnée qui mène au hameau, Bernard Malgouyres s’arrête et pointe du doigt un plateau fraîchement défriché. "C’est un très beau point de vue sur la chapelle, je devrais mettre un panneau pour le signaler." Après quelques secondes d’observation, le clocher se dégage du papier peint vert forêt qui l’entoure. Les pierres de la chapelle et de la tour de l’ancien château scintillent. Une perle dans un écrin de verdure. Mais il faut encore parcourir quelques kilomètres pour pouvoir les approcher.
Une fois le Lieux franchi, les premières maisons de Villelongue s’élèvent. Un calme paisible y règne. Ce sont ces mêmes demeures, à l’époque abandonnées, qui ont offert l’hospitalité aux résistants du maquis Antoine, dès la fin mai 1944. Le chemin vers la chapelle est brut et abrupt. Mais le jeu en vaut la chandelle. Après quelques minutes d’ascension, le clocher se dessine. La chapelle est petite, mais l’Histoire qu’elle abrite est grande. Sur ses murs, vit le travail de Martine Meunier et de son mari, Henri Lavigne Delville, dit le commandant Hervé. Ce dernier a laissé des textes et des photos lors de son départ du maquis. Ainsi est né le musée. "Au début, c’était leur truc à eux", confie Bernard Malgouyres, à propos des anciens résistants. Désormais, ces témoignages du passé sont l’affaire de tous. Pour que la mémoire survive au présent, comme au futur.
Au nom de la mémoire : merci la Suze !
En 1968, l’amicale parisienne "La Naucelloise" remporte le vœu Suze. Créé la même année, ce concours tirait au sort un vœu pour donner un coup de pouce financier à une commune. 10 millions de francs en poche, l’amicale décide d’utiliser la totalité de la somme pour restaurer la chapelle de Villelongue et le musée qu’elle abrite. Le musée de la Résistance est inauguré le 7 août 1971. Et il y a une dizaine d’années, la mairie de Cabanès a rénové l’exposition pour assurer la pérennité de ses souvenirs et de ses témoignages.
La Résistance… mais bien au-delà
Parachutages, sabotages, venue d’André Malraux : le long des murs de la chapelle, est évidemment écrite l’histoire de la Résistance et du maquis. Mais la mémoire qui y est transmise est encore plus grande. Les camps de concentration nazis, la fusillade de Sainte-Radegonde, la Libération… tant d’événements qu’il est aussi important de rappeler et de raconter. Les mots et les images persistent à transmettre cette Histoire dont le temps emporte peu à peu les témoins.
Un musée du partage
Ce qui fait la richesse du musée de Villelongue, ce sont ses objets. Une bombe incendiaire nazie posée au sol, un parachute anglais pendu dans le chœur de la chapelle, mais aussi armes, médailles, et casques, sont l’âme du musée. Et tous ces témoins de la guerre ont été donnés par des habitants des alentours (plus ou moins proches). C’est leur manière de contribuer à la mémoire de ce pan de l’Histoire, auquel ont pu participer leurs proches.
À la tête du maquis : Antoine Pech
Si le petit hameau de Villelongue a porté le nom de maquis Antoine, ce n’est pas par hasard. Il avait à sa tête un boucher de Carmaux dont le nom fait désormais partie de l’Histoire : Antoine Pech. En avril 1944, une vingtaine de résistants se sont installés, avec lui, à Villelongue. Et au fil des semaines et des mois, le "dynamo man", comme le décrit un rapport anglais, a eu jusqu’à 400 hommes sous ses ordres. Un exploit de discrétion quand on connaît la petite taille du hameau. Et c’est son fils, Camille, qui est le président de l’association des Compagnons de Villelongue.
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?