Estaing : après la disparition de Giscard, l’avenir du château semble assuré

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  • Des travaux sont en cours sur une partie du toit.
    Des travaux sont en cours sur une partie du toit. J.-A.T.
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Guilhem Richaud

Pour ne pas que ses enfants en aient la lourde charge, l’ancien président avait créé une fondation pour gérer les lieux. L’un de ses petits-fils, Frédéric, est très intéressé par le sujet.

Lorsqu’en 2005 Valéry Giscard d’Estaing rachète le château d’Estaing, cela fait débat dans le village. Certains sont très heureux de cette décision, d’autres s’interrogent. Ils se demandent pourquoi cet investissement et s’il sera favorable à la défense de ce haut lieu du patrimoine de la commune. Quinze ans plus tard et alors que l’illustre propriétaire vient de s’éteindre, plus personne ne doute de la sincérité de son attachement. "C’est la commune qui avait racheté le château en 2000 avant de lui vendre, rappelle Gérard Vayrou, ancien élu, et membre de l’association des Amis du château d’Estaing, qui gère les visites lors de la période d’ouverture, de mai à octobre. Je pense qu’on ne peut pas se plaindre de cette décision. Le budget d’une ville comme Estaing n’aurait pas permis de faire tous les travaux qui ont été faits." Car pour protéger les lieux classés Monument historique, l’ancien président de la République a transféré la propriété à sa fondation. Ce qui permet aux Estagnols d’être certains de la pérennité des lieux, qui nécessitent chaque année des travaux d’entretien important. En ce moment, c’est le toit qui est en train d’être rénové et les chantiers vont continuer dans les années qui viennent. "Un château suppose et implique pas mal de charges, confirme Jean Pradalier, l’ancien maire de la commune. Quand Giscard a manifesté le souhait de le racheter, la commune s’est déchargée financièrement d’un poids lourd et a trouvé intéressant de confier ce château à quelqu’un qui connaissait le village. La population était très honorée qu’un ancien président de la République s’intéresse à son patrimoine."

Environ 10 000 visiteurs par an

En plus de la rénovation du bâti, et de l’aménagement d’un appartement privé dans lequel il séjournait lors de ses visites dans la commune, "VGE" avait décidé d’y créer une exposition permanente sur son action politique. Dans les différentes salles, on retrouve des éléments sur sa jeunesse politique, sur sa campagne de 1974 et le mandat qui a suivi, sur le quotidien de la vie à l’Élysée et sur la conception du rôle d’épouse de président d’Anne-Aymone Giscard d’Estaing. Il y a également une pièce dans laquelle les visiteurs peuvent découvrir toutes les décorations reçues par l’ancien président au long de sa vie. "Grâce à ces installations, c’est évident que le château revit, se réjouit Gérard Vayrou. Sans lui, il n’y aurait sans doute pas autant de visiteurs." Ils sont environ 10 000 chaque année. De quoi couvrir à peu près les frais de l’association qui gère les lieux. Et quand il manquait un peu d’argent pour terminer l’année, c’est Giscard qui aidait à boucler le budget.

En parallèle, la fondation, financée par des donateurs, mais aussi par des subventions publiques (le Département de l’Aveyron a notamment donné 100 000 € en 12 ans), prend en charge les travaux. Installée sur place depuis 2012, elle n’a pas encore communiqué sur la suite. Elle s’est contentée, pour le moment, de rendre hommage à l’ancien président et d’adresser ses condoléances à sa famille. Elle devrait attendre un peu avant donner plus de précisions sur l’avenir. Mais Valéry Giscard d’Estaing avait déjà anticipé. Si ses enfants ne sont pas vraiment intéressés par le château et la fondation, depuis quelques années, c’est son petit-fils, Frédéric Giscard d’Estaing, qui semble donner de l’importance au sujet. "Il est membre de la fondation et de l’association des Amis du château depuis deux ou trois ans, reprend Gérard Vayrou. Son grand-père tenait vraiment à le voir reprendre le flambeau et il semblait vraiment s’y intéresser."

À voir s’il viendra, comme le faisait son aïeul, assurer quelques visites des lieux lors de la prochaine saison touristique que les habitants d’Estaing espèrent bonne, boostée peut-être par le coup de projecteur donné par la disparition de leur bienfaiteur.

Classé Monument historique

En 2005, l’ex-président de la République a acheté le château d’Estaing avec son frère Olivier, ancien maire du village, et leur cousin Philippe Giscard d’Estaing. Le bien appartenait à la commune qui l’avait elle-même racheté à la communauté des Sœurs de Saint-Joseph en 2000. Depuis 2012, le château est le siège de la fondation créée par Valéry Giscard d’Estaing.

Classé Monument historique, le château, dont la construction a commencé au XVe siècle, a reçu de nouveaux bâtiments aux XVIe et XVIIe siècles. Il s’agissait de la demeure historique de la famille d’Estaing dont le dernier représentant légitime fût l’amiral d’Estaing, guillotiné à Paris en 1794. Sa demi-sœur bâtarde puis légitimée, Lucie-Madeleine d’Estaing, vicomtesse de Ravel, l’occupa jusqu’à sa mort en 1826. La communauté des Sœurs de Saint-Joseph s’y installa en 1834. C’est à Lucie-Madeleine d’Estaing que l’ex-président de la République doit son nom à particule. En 1922, Edmond Giscard, père de Valéry Giscard d’Estaing, et ses deux oncles Joseph et Philippe, ainsi que leurs descendants, ont obtenu par décret du Conseil d’État de pouvoir faire usage du patronyme d’Estaing de leur aïeule et de l’ajouter au leur afin de s’appeler Giscard d’Estaing.

O.C.

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